Il est blanc comme un cul. Quoi que, certains qu'il voit passer derrière ses lunettes de soleils le narguent de couleur moins pâles que lui.

Anicée a réussit à s'installer sur une chaise longue. Il se demande ce qu'il vient faire ici et se remémore, en un grognement intérieur, que c'est pour répondre à une demande de sa campagnarde de famille. Prend des photos, on est curieux ! Foutaise, oui. C'est pour le sortir de son cocon, les photos ne sont que prétextes et preuves.

Mais maintenant qu'il est sur place, il se rend compte combien les photos seraient une mauvaise idée. Il est homme d'âge mûr, seul, habillé quasiment intégralement -pour ne pas griller comme une saucisse sur barbecue- avec des lunettes de soleils qui cache son regard -l'oiseau de nuit qu'il est n'aimant pas le trop plein de luminosité-. Il ne manque plus que les photos pour compléter son attirail du parfait petit pervers voyeur. Ses cheveux sont attachés, relevés en une queue de cheval pour moins tenir chaud et déjà, il sent la chaleur s'attarder sur sa nuque. D'un geste rapide, il sort sa lotion solaire, peu décidé à concourir pour le prix de l'année du plus beau coup de soleil.

Mais, drame, sa lotion solaire s'échappe.

Il se lève d'un bond, jurant entre les dents, la poursuit, court, shoot dedans par inadvertance et - sentez-vous la pression qui monte ?- la voit qui finit dans la seine et coule en de petit « blourp blourp » misérables.

« Grumbleudel de grulm. »

Il revient vers le siège où il a laissé ses affaires... pour les voir parties. Sans lui. Journée de merde.

« BORDEL DE CUL ! »

L'insulte graveleuse, l'élément idéal pour parfaire le Kit du petit voyeur. De toute façon, l'appareil photo s'est barré, il faudra faire sans.

Enfin ! C'était enfin terminé ! Après tant d'efforts, voilà que le dernier jour des examens de fin d'année est derrière Thomas. Il est libre comme un oiseau, il peut désormais profiter de son été comme il l'entend. Lui qui fut obligé de s'enfermer chez lui avec le soleil et les rires qui le narguait. De plus, cette petite ( petite ? ) fête au bord de la Seine tombe à point nommé. Tout sourire, il n'a rien pris d'autre que soi-même, de vieilles tongs qui traînait dans un coin, un short marron délavé et une chemise type hawaïenne bleu à fleurs. Ça serait un miracle si il retrouve l'ensemble de ses affaires quand il s'en ira, et pour cause. Thomas n'est pas le genre de personne à vraiment se retenir dans la vie, il ne se retiens d'ailleurs jamais. Mais lorsqu'il dit qu'il va se lâcher, on peut vraiment s'attendre au pire.

Une fois arrivé, la surprise s'empare de son corps. C'est magnifique ! Il y a du sable partout, des gens qui s'amusent dans tout les coins ! Avec le même sourire impressionné collé sur la figure, il se met à courir sur le sable, sans faire vraiment attention aux personnes autour de lui. C'est vraiment dommage qu'on ne puisse pas se baigner, quand même. Les parisiens devrait faire plus attention avec leur rivière. Bon, c'est pas comme si la Tamise était mieux, mais quand même...


Il tombe lamentablement dans la mer jaune et écarte les bras, comme pour faire un ange de sable. Puis, il tourne la tête et tombe sur deux personnes avec plein de petits grains de sable sur les vêtements. Amusé, il se relève et demande :

Voilà l'appareil photo qui revient, fidèle, la lanière se secouant de contentement de retrouver son maître perdu. Tel un fidèle compagnon qui revient seul... Bon, non, ce serait trop beau, c'est surtout un type qui le ramène et lui tend, avec une petite note sur ses jurons.

« Je te apprendrais à en faire d'aussi beau, rigole-t-il. Quand ils viennent autant du cœur, ils sont libérateurs. »

Anicée sent sa mauvaise humeur qui s'est envolée et sait, avec honnêteté, que les injures n'y sont pour rien.

« Mer... » commence-t-il avec le sourire de celui qui ne sait pas encore que dans deux secondes, sa bouche sera pleine de sable.

Deux secondes plus tard et une bouche pleine de sable, il se redresse, s'assoit sur son derrière et enlève les grains de l'appareil photo. Il regarde son sauveur, secoue son bien et marmonne : « Je voulais finir par ''ci'' mais les circonstances me force à préférer un ''de''. T'vois ? Libérateur. » Il tousse, crache comme il peut le sable intrus et se tourne vers le petit jeune au cheveux bleu. « J'sais pas, p'tet parce que Quelqu'un nous y a poussé ? Ou va savoir, les aléas de la gravité ! »

Le ton n'est pas méchant. Un sarcasme gentillet qu'il parvient à dire entre deux toux, la joie d'avoir récupéré son appareil surplombant les désagréments sabeules. Puis bon. C'est la fête, non ?

Décidément, ces deux personnes sont très étranges. Thomas ne comprend rien à ce qu'il raconte, et ce n'est pas seulement dû à son piètre niveau de français. Tout sourire, il s'empresse de répondre à ce qu'il a compris dans le tas.


Thomas cherche un marchand de glace dans la foule, mais ne trouve personne. Cette fête n'est pas très bien organisée. Il faudrait que le plus important, soit les glaces, soient sur un podium ou quelque chose comme ça. Soudain, il repère quelque chose dans la foule. Il se tourne vers ses interlocuteurs.

Quelle belle après-midi... Les lueurs du soleil se reflétant dans la Seine la faisaient briller de mille feux. Pour cette occasion, il semblerait qu'une place artificielle ait été mise en place. L'idée, au premier abord, semblait originale voire même attrayante. Seulement, elle n'était pas vraiment au goût de Mehdi. Ayant eu la malheureuse idiotie de promettre à son employé de venir, le voilà qui arrivait... Dans des vêtements impeccables de surcroît : chemise bleu clair légèrement entrouverte, chaussures pointues en daim et les cheveux en queue de cheval avec, s'il-vous-plaît, de larges lunettes noires. Autant dire qu'il était préparé pour tout SAUF pour aller à la plage. Et c'était bien là le problème, Mehdi détestait le sable... Il le trouvait très incommodant, se glissant dans chaque partie du corps et lui infligeant une journée entière de démangeaisons... Ou encore l'eau, oui l'eau ! Il ne savait, pour ainsi dire, pas nager et était loin d'écarter l'idée que l'on puisse l'y pousser dedans. Pourtant, et peut-être pour montrer qu'il n'était pas vraiment "rassuré" par les environs, le gérant du bar était habillé d'une classe sans pareille.

Un sac en cuir au bras, il en ressortit une large serviette qu'il étendit en faisant bien attention qu'AUCUN grain de sable ne puisse rompre ce moment intense. Puis, s’asseyant sur elle, le regard lointain et les bras croisés sur ses genoux pliés, il attendit la sentence... résigné. La voilà d'ailleurs, entourée de plusieurs hommes plutôt charmants. Va-t-elle le voir, ne pas le voir ?

- Faites que je me fonde parmi ce sable... pensa-t-il, amusé.

Vœu accordé. A peine eut-il pensé cela que le voilà la tête littéralement aplatie dans le sable. Deux enfants de bas âge s'amusait à le recouvrir de ce qu'il détestait tant... Riant à gorge déployée sans se soucier de l'état du jeune homme, alors pétrifié.

- Eh maman, regarde ce monsieur étrange ! Fanny et moi on l'a capturé !

- LES ENFANTS ! LAISSEZ CE MONSIEUR TRANQUILLE !

Une femme aux alentours de la trentaine s'agenouilla près de Mehdi, posant une main sur son épaule et balbutiant quelques excuses, confuse.

- Veuillez m'excuser... Mes enfants ne pensaient pas à mal, ils sont juste un peu joueurs.

Son regard maternel et ses boucles blondes, dorées au soleil faisait d'elle un ange tout droit descendu des cieux. Toutefois, Mehdi était plus préoccupé de l'état de ses cheveux que de ce qu'allait dire cette personne.
Il voulu néanmoins lui répondre, lui dire que ce n'était rien (même s'il commençait à ressentir cette irrépressible envie de se gratter vulgairement) mais il fut stoppé net dans son élan lorsqu'il vu, au loin, Ajay se rapprochant. La sentence... Elle était, à ce stade, un peu plus douce.

Le brun lui est sympathique. Posé, amusant, tranquille et pas prise de tête. Il arrive même, par son attitude détendue, à permettre à Anicée de laisser un léger sourire flâner sur son visage. Le brun questionne, le bleu -Thomas donc- répond... Bien. Tu le sens ce moment ''tenir la chandelle ?'' Le blond regarde à droite, à gauche, se dit que c’est bien sympa de discuter avec des étrangers, mais que la conversation risque d'être un poil limitée et ce, très rapidement.

Nouvelle frasque de Thomas, les glaces. Anicée tend le cou pour voir de qui l'anglais parle, plus par curiosité que par volonté de répondre et lâche un rire.

« Elles seront au sable, tes glaces, si tu veux mon avis. » Mais le brun semble réagir. « Oh ? Connaissance à toi ? »

Qu'est-ce que ça lui importe ? Pas grand chose à vrai dire, mais les sujets de conversations fondent comme neige au soleil dans sa petite tête blonde. Bientôt viendra ce moment gênant où la seul chose qu'il aura à dire se rapporteront au beau temps. Ha ha, l'instant embarrassant.

Visiblement, le marchand de glace n'en n'est pas un, mais c'est un ami du Hippie. Un sarcasme du blond plus tard, le barbu montre le chemin à Thomas vers un vrai marchand de glace. L'anglais s'approche et demande quatre glaces à l'eau, ces espèces de gros bâtons de toute les couleurs. Quand il annonce qu'il n'a pas de quoi payer, le type n'a pas l'air de réagir et continue à beugler à qui veut bien l'entendre qu'il vends des glaces. Bon, c'est pas comme si l'étudiant tenait vraiment à les payer. Tout content, les glaces dans les mains, il se dirige vers le barbu et son ami. Son regard croise celui du type et une drôle de sensation le prend de toute part. Il a l'étrange impression de connaître cette personne sans qu'ils ne se soient jamais rencontrés. Le pire, c'est qu'il n'a pas le souvenir qu'il était un homme, avant... Enfin bref.

Sans s'en apercevoir, son regard était devenu interrogateur et sa bouche crispée. Il se remet à sourire jovialement, faisant disparaître cette expression aussi vite qu'elle est arrivée. Le bleuté donne une glace aux deux personnes et passent derrière eux pour mettre ses bras autour de leur épaules et atterrir entre les deux hommes. Souriant, il ouvre enfin la bouche.

L'on pouvait dire que le jeune trentenaire était sauvé par le gong ! Faisant un discret signe de la tête à la jolie blonde, il prit la main d'Ajay et se dirigea vers le reste du groupe. Sa main était si chaude, si réconfortante. Il se surprit à penser qu'il aimerait encore la toucher, juste pour retrouver cette sensation apaisante et bienfaisante. Seulement, cette douce étreinte se brisa lorsqu'un inconnu aux cheveux d'un bleu plus clair qu'Amiri vint se glisser entre eux d'eux, rompant le charme, le faisant ainsi émerger de ses rêveries.

Tous semblait s'amuser, ne se souciant ni de l'eau de la seine, ni des grains de sable aux alentours. Alors que certains appréciaient la fraîcheur d'une glace, d'autres laissaient fleurir leur langage tout en ponctuant leur expression d'un large sourire. Mehdi se sentait déjà plus à l'aise... Non pas qu'il aurait fait un plongeon pour ensuite se rouler sur la plage... Mais la présence de ces individus le faisait oublier tous ces désagréments. Le soleil brûlant sa nuque, il lança néanmoins :

- Excusez-moi, je m'en vais chercher mon parasol et ma serviette. Il fait horriblement chaud ici !

C'est avec un sourire gêné qu'il se retira. Mais alors qu'il allait atteindre ses affaires, une violente tape sur l'épaule le fit se retourner :

- Eh mais c'est l'ptit Amiri ! Comment qu'ça va d'puis l'temps ? Roh ce que tu m'as manqué mon gars ! Les soirées, c'est plus ce que c'était sans toi !

Un type aux cheveux rouge flamboyant, une clope aux coins des lèvres et des lunettes aux verres d'un noir opaque se tenait droit devant lui. Il était assez imposant vu comme ça, mais sa voix chaleureuse et ses gestes amicaux faisait de lui quelqu'un de sympathique.

- En effet, ça faisait longtemps qu'on ne s'était pas croisé Zan. Toujours enchanté par la capitale ?

- Oh tu sais, la mer me manque ! Je vais d'ailleurs bientôt rejoindre la marine, je m'entraîne dur tu sais !

Il gonfla ses muscles, comme pour montrer à Mehdi tout son corps travaillé. Touchant alors ses abdos, Amiri répondit :

- J'espère pouvoir contempler le résultat dans tous ses détails...

La remarque était assez osée, un poil dragueuse. Mais les deux vieux amis se contentèrent d'en rire. Il lui avait manqué finalement, beaucoup manqué...

Anicée regarde à droite, à gauche, ses yeux furètent rapidement à la recherche d'un point d'accroche intéressant, mais rien. Le jeune a trouvé un ami, l'ami du jeune à trouvé un ami, oh, super, oui. Et Anicée, lui, il est là, comme un con, seul et sans amis. Pitoyable dit comme ça. Osera-t-il faire le coup du "oh, je vois un ami à moi" ? Non, ce serait nul.
Il aimerait bien avoir l'aisance de l'anglais, se glisser entre tout le monde et faire un « hey, salut les mecs ! » qui l’inclurait directement dans un petit cercle de gens. Mais rien qu'à cette pensée, ses joues deviennent roses et il lâche un petit rire gêné. Alors, le faire en vrai... non, c'est bien loin d'être lui ça.

Alors, voilà, il restera là, comme un con et seul. Mais il ne va pas leur fausser compagnie aussi abruptement, même un asocial peut faire preuve de civisme. Si bien qu'il se lève, déplie ses membres ensablés et d'un bref coup de main, tente de se dépoussiérer avant de vite abandonner. Ça ne sert à rien et il le sait. Il pense à son appartement qui connaîtra pour la première fois les joies du sable et quelque part, ça le fait sourire. Ça le fait moins sourire de penser au sable entre les lattes de parquets.

« Je vais vous laisser entre amis alors. » Il s'est approché, à raclé discrètement sa gorge pour capter l'attention d'une personne et leur adresse un sourire. « Je vous souhaite une bonne journée. »

Le blond lève l'appareil photo, prend un cliché furtif des trois autres hommes. « Un souvenir. Encore merci pour l'appareil photo ! » adresse-t-il à Ajay.

Ha, en fait, il se rend compte qu'il ne connaît même pas leurs prénoms... bah. S'il n'y avait que ça d'étrange...

L'air se refroidit d'un coup et un petite nuage de sable s'élève lentement, tourbillonnant, avant de se rué vers Anicée, s'écrasant sur son corps fin, et de retomber grains par grains avec une lenteur déconcertante. Puis, de l'endroit où s'est élevé le tourbillon sableux, le Facteur apparaît, tenant fièrement sa sacoche pleine de lettres contre lui. Il s'approche au milieu du petit conglomérat, les observe un par un, un sourire amusé sur le visage, puis disparaît de nouveau dans un tourbillon, beaucoup plus rapide cette fois-ci.

Thomas s'amuse bien à la plage. Il fait chaud, il est entouré d'inconnus, ma foi, plutôt sympathiques et sa glace est délicieuse. Soudain, sorti de nulle part, un homme apparaît dans une tornade de sable qui se dirige vers le grand blond. Amusé, Thomas applaudit le numéro de ce magicien qui a plutôt la classe, habillé en facteur. Quand ce dernier s'approche du petit groupe, l'Anglais s'adresse à lui, tout sourire.


Il tend la main pour qu'on la lui serre mais le prestidigitateur recommence son tour(billon) ce qui a pour effet de faire tomber l'homme aux cheveux bleus. Puis pouf, plus là. Soudain, il entend du bruit un peu plus loin.


Puis il fait un signe de la main à ses compagnons et se rue de l'autre côté de la plage, pour aller vérifier si le magicien a continué son spectacle là-bas.

Le petit bleu est bien rigolos. Allez, stop, maintenant au dodo.

Le vent se lève de nouveau et le voilà qui semble sortir du sable, encore. A coté de Thomas cette fois-ci. Sa sacoche semble cependant bien plus rempli que lors de son premier passage. Il sourit, amusé et sort de sa sacoche une feuille à moitié bleu à moitié orange qu'il donne au jeune anglais. Puis en quelques pas le voici proche du reste du groupe, toujours en cercle. Il s'approche de Mehdi et lui donne un bras de poupée. A Ajay il tend un morceau de voile de bateau. Et à Anicée il tend un caillou aussi noir que la nuit. Puis, une fois sa distribution accomplie, un dernier tourbillon l'emporte. Les derniers grains de sable qui s'élèvent vienne frapper chacun des membres du petit groupe, les plongeant dans un profond sommeil, à même le sol.

NOTE ; en fin de semaine une annonce sera faite avec vos surprises et ce que va apporter chacun de ces objets à votre personnage ♥