C’était une étrange sensation, Ce corps n’était pas le tien, cet esprit non plus, pourtant il te semblait tout à fait naturel d’être là, comme si cela avait été ta place dans le monde des rêves.

Lui, comme tu commençais à l’appeler, semblait être de bonne humeur au réveil. Il ne cherchait pas à faire de détour, il savait où était la salle de bain, mais s’il n’arrivait pas à se souvenir de sa vie. Oiseau, comme il semblait se prénommait, était optimiste de nature. Ces rites matinales ne s’étaient pas effacée avec l’amnésie, alors il se laissait portait par son instinct.

Oiseau portait bien son nom, il roucoulait devant la chaleur du soleil, se lavant avec une grande application.  Une fois propre, il se saisit de l’une de ses tenues favorites. C’était un costume bleu profond, qui te faisait penser au Fantôme de l’Opéra par l’abondance de ses dentelles aux manches et autres extrémités, même si pour Oiseau cette référence ne devait pas avoir de sens. Il chercha dans ses innombrables boîtes l’accessoire qui irait avec son humeur, et il jeta son dévolu sur une broche représentant un papillon incrusté de saphir qu’il épingla sur sa poitrine. Il enfila ses gants blancs et porta un masque extravaguant au style de vénitien avant de se vaporiser de son parfum fétiche. Il sentait comme sa chambre, le lilas.

Alors il  sortit, sa bouche s’étirait quand il voyait où ses pas le menait. Il allait au château de la Reine parce qu’on l’avait invité, c’était tout ce qu’il  se souvenait. Mais il n’y avait aucun tract aucune angoisse. Oiseau savait évoluer dans un milieu aisé, c’était sa certitude. Même si ce monde lui était étranger, il avait pourtant toujours vécu ici. Pourquoi avait-il oublié ? C’était la question du jour, mais au fond, cela n’avait aucune importance, il aurait sa réponse avec le temps, parce qu’il forcerait cette jolie tête à abdiquer. Cela lui prendrait le temps qu’il faudra, mais il gagnerait contre la perte de mémoire. C’était un serment à lui-même, alors qu’il entrait dans la salle de réception.

La fête était somptueuse, en même il n’y avait rien de plus important que l’anniversaire de la Reine. C’était ce qu’il apprit à travers les diverses conversations qu’il entama avec les autres convives. Personne ne remarquait rien sur ton comportement, que ce n’était pas totalement lui, que tu étais là toi aussi, malgré tout tu compris qu’il les connaissait bien, toutes ses personnes qui venait à sa rencontre. De la manière la plus intime qui soit. Mais cela ne provoquait aucune gêne en lui, cela lui semblait tout à fait normal qu’on le dévore des yeux. Tu l’enviais un peu pour cette assurance Eric.  En tout cas, il semblait passer un bon moment, après c’était bien dans ce genre de réunion qu’Oiseau brillait.

Et puis  il y eut un boum, et l’agitation arriva.

C’était un attentat et il était contrarié par la tournure des événements pour une toute autre raison. Toute cette agitation risquait de salir ces vêtements vu à quel point plus personne ne semblait vouloir être civilisé. Même si la situation était dangereuse, il n’avait aucune attention à perdre de son élégance en courant comme un animal apeuré. Il était en oiseau, ramper était indigne de son image. C’était la dignité de l’homme qui offrait son corps aux autres. Il avançait doucement dans cette folie, analysant sa situation. Qui pourrait en vouloir à la Reine ? Mais lui ne savait plus, et toi tu l’ignorais.  Mais cette pensée fut écourtée par sa chute.

Au-dessus de lui se trouvait une charmante demoiselle, et il ne put que décocher un sourire subtil. Il la relevait, articulant avec une certaine suavité :

« Il n’y a aucune raison de vous excuser, la folie des hommes ne resplendit que quand leurs vie semblent sur le point de se consumer, n’est-ce pas ? »

Mais malgré tout, cette foule l’embêtait, elle gesticulait comme des tentacules avides et sans charme. Et malgré tout tu étais curieux de découvrir la source de cette cacophonie. Cela pourrait être des hommes dangereux, mais Oiseau avait confiance en son charme, et peut-être en saurait-il plus sur ce qu’il avait oublié en allant à leur rencontre. Oui, cette idée lui plaisait, alors il proposa cette fille aux cheveux incendiaires, sans une once de second degré :

«  Désirez-vous partir à l’aventure ? Je vais à la source de ce feu d’artifice. Voudriez-vous m’accompagner. Plus on est fous, plus on rit. »

Il te désespérait à vouloir mener une innocente dans sa témérité. Mais même sans elle, il irait contre le courant. Les aventures étaient juste plus divertissantes en charmante compagnie.


[ HRP: S'il y a un soucis fais-le moi savoir !]

Les gens paniquent. Plus ou moins. Soudain, un homme traverse la foule en criant :

« LA REINE ! OU EST LA REINE ?! »