Brr. Qu'est-ce qu'il fait froid dehors... C'est une torture de sortir de son lit douillet quand il fait aussi froid. Je tremble tellement que je vais finir par me déchirer un tendon. Les gens vont me prendre pour une épileptique en pleine crise. J'ai même été obligée de mettre un pantalon, un pull, une écharpe et des chaussures. Non mais vraiment, des chaussures en Octobre !
Je me croise dans une vitrine de magasin et je grimace. J'ai vraiment une sale tronche aujourd'hui. Je suis toute pâle et mes cheveux sont complètement ratatinés, comme des feuilles mortes. Je me sens vraiment bizarre depuis que je suis revenue du game center l'autre jour. Pourtant on s'est bien amusés avec le petit Oliver... J'ai des courbatures comme si j'avais fait un marathon la semaine d'avant, j'ai tout le temps froid alors que je suis super chaude et le pire de tout c'est que j'ai même plus d'appétit. Moi qui dévore des kilos de pâtes matin et soir et des quintaux de chocolat par semaine, j'ai l'impression d'être un squelette sur pattes. C'est très étrange de ne pas avoir constamment faim.
Ça m'énerve tellement que je crois que je suis un peu dans le déni, mais peu importe. Il faut que j'aille travailler aujourd'hui, je suis encore dans ma période d'essai et j'ai pas envie de décevoir mon employeur.
Un coup de vent me hérisse les dreads sur la tête et j'éternue dans mon écharpe. Aaah.. c'est vraiment tout pourri cette météo. J'arrive enfin au bar et je m'engouffre dedans avec soulagement. Il fait chaud et ça sent bon. Enfin je suppose que ça sent bon puisque mon nez n'est pas très coopératif ces derniers temps. Il n'y a encore personne, je suis en avance. Tant mieux. Je vais poser mon manteau dans la petite salle du personnel mais garde mon écharpe et j'attrape mon torchon récemment brodé à mon nom par mes soins pour passer un coup sur les tables et les chaises entre deux éternuements. Je chantonne pour me motiver et m'empêcher de dormir debout. Pourtant les banquettes ont l'air tellement confortables... Je m’assois dessus quelques secondes, le temps de nettoyer la table. Aah. Ma main remue faiblement sur le bois tandis que mes paupières se ferment paisiblement...
Un bruit de porte qui s'ouvre, accompagné du tintement traditionnel de la clochette et je suis sur mes pieds, les yeux grands ouverts en train de frotter énergiquement la table toute propre qui me fait face. Je lève les yeux sur Ajay et lui adresse un large sourire.

- Bonjour !

Non non je ne dormais pas, qu'est-ce qui vous fait penser ça ? Tais-toi Sym. Ta fourberie est visible à des kilomètres. Penaude, je continue de laver mes tables tout en me pinçant régulièrement le nez pour m'empêcher d'éternuer. Ça m'embêterait de devoir désinfecter tout le bar à cause de deux ou trois microbes.