«En rouge et noir... Je vaincrai mes peurs ! J'irai plus haut que ces montagnes de douleur...»

Mes yeux s'ouvrèrent... Une nouvelle fois, encore. Tout était sombre dans cette pièce m'accueillant, et j'eu cet étrange sentiment de n'avoir jamais posé mon regard sur ces murs noirâtres.
C'était sûrement ce rêve absurde où je me retrouvais littéralement enfermée dans la peau d'un homme sans aucune virilité. Il m'avait comme ensorcelé.

*Quel songe dégueulasse.* ruminais-je en mon fort intérieur.

Désormais debout, je m'approchai d'un grand miroir dans lequel je pu me voir et non me contempler. Plusieurs de mes doigts frôlèrent mes joues... quelle était cette impression de découvrir, pour la première fois, ma propre image ?
Je fus alors mordue d'une rage telle que mon poing vint littéralement exploser la glace. Cet acte de violence grava en elle quelques grosses fissures, qui renvoyaient dès lors, plusieurs vis-à-vis de mes quartiers. Je devins une horrible tornade et des objets se cassèrent, volèrent et tournoyèrent dans cette maudite chambre que je ne pouvais plus voir en peinture.
Soudain, ma gorge fut comme prise d'étouffement, je choisis donc les premiers vêtements que je trouvai, les enfilai et ne pris pas le temps de me coiffer. Vite, il fallait que je respire, que j'aille dehors !
Je traversai plusieurs pièces que je ne reconnue que partiellement. Perdais-je l'esprit ? Ça en avait tout l'air.
Ouvrant la porte, je respirai d'un rythme saccadé, me ruant comme je le pus jusque dans la rue.

Un crieur, à quelques pas de moi, annonça alors :

- Avis à la population ! La reine Heart déclare que tout individu prononçant le mot de "nuage" sera immédiatement arrêté !

"Nuage" ? Ah... Quelle merveilleuse reine pleine d'imagination et de sadisme en ce beau jour de pluie ! Au moins, je pouvais dire que cette idée ne m'eusse jamais quitté.
Attrapant à ma ceinture un petit couteau, je visai ce simplet avant que l'arme n’atterrisse en plein dans sa gorge, ce qui eut pour effet de le tuer instantanément.

- Les enfers sont une bien belle prison, n'est-il pas ?

Les gardes environnant ne firent qu'esquisser un large sourire avant de reprendre leur vadrouille.
Je me mis alors à tousser bruyamment, laissant échapper sur le pavé des rues quelques gouttes de sang.

- Diable ! Qu'est-ce que...?

Mes membres furent alors pris de tremblements, que me prenait-il à la fin ? Un médecin, je devais voir un médecin. Et sans plus tarder, je m'engageai dans le quartier que l'on disait riche. Je me rappelai l'avoir déjà vu lorsque je me rendais au château de la reine. Ces souvenirs restaient en moi, indélébiles puisqu'ils signifiaient tout... Ils étaient ces instants de ma vie où je pu apercevoir le visage radieux de notre reine bien-aimée.

A mesure que je m'aventurais en ce lieu, je pu remarquer que plusieurs enseignes fleurissaient de chaque côté des rues et pu même apercevoir de vastes et hautes maisons entourées d'un jardin fraîchement taillé. Mais là n'était pas la raison de ma venue et lorsque je fus enfin au-devant de la demeure d'un médecin, j'entrai sans prendre la peine de toquer.

Derrière un comptoir de bois, un vieil homme était légèrement recourbé, maniant des alambics tout en consultant, de temps à autre, son grimoire.
Il ne fit attention à mon arrivée et je le lui rappelai en le prenant au col :

- Vieillard, soigne-moi, c'est un ordre !

- Et en quel honneur, petite effrontée, mh ?

Il me répondit ainsi, sèchement, sans quitter des yeux le breuvage qu'il était en train de concocter. Malheureusement pour lui, la patience n'était pas mon fort et il était hors de question que j'argumente avec lui ! Je dégainai alors mon arme, afin qu'il comprenne qu'il n'était pas en position de force. Toutefois, je ne pu faire le moindre geste que je me retrouvai, complètement paralysée, la tête écrasée sous la pression d'une main féminine.

HRP:

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«Tu m'cherches des noises ?»

Le grand-père fit un léger sourire, montrant ainsi à la jeune femme toute sa reconnaissance. Puis, sans même adresser un regard à Anthracite, il se remit dans ses étranges expériences.

Toutefois, il ne fallut pas longtemps pour que toute la pièce se gorge d'une atmosphère sombre et pesante. Cette aura noire, ce regard perçant... La Tornade était réveillée et son humiliation réclamait vengeance :

- Toi...

Elle se retourna, d'un élan vif. Puis, reluqua le personnage de bas en haut jusqu'à reconnaître en ce dernier Emérite...

- De quel droit oses-tu me toucher avec tes sales pattes ?

Le poing serré, la voix forte et dure n'étaient là que l'entrée... Le plat de résistance, lui, serait beaucoup plus offensif.
Se reculant vers le bureau du vieux médecin, Anthracite se saisit de plusieurs alambics avant de les jeter en direction de son ennemie jurée.

- TU VAS REGRETTER TON GESTE EMÉRITE !

Le sourire large, il ne lui fallut que quelques secondes pour que le vaste bureau se voit dépouillé de tout objet. Et lorsque enfin le grimoire fut dans ses mains, prêt à être lancé... Un bruit tonitruant se fit entendre.

Cela venait du fameux docteur, qui avait alors perdu tout sang-froid. Le visage rouge de colère et sa canne prêt à assommer le premier venu, autant dire qu'il n'était pas là d'humeur à plaisanter.

- NON MAIS CA VA OUI ? S'INTRODUIRE CHEZ MOI ET BALANCER MES AFFAIRES ? ESPÈCE DE PETITE SOTTE ! VOUS N'ALLEZ PAS VOUS EN TIRER COMME CA, OH CA NON !

Un peu surprise par sa réaction, Anthracite s'arrêta nette. Puis, serrant les dents, elle s'enflamma de plus belle :

- ET QU'EST-CE QUE TU VAS ME FAIRE AU JUSTE, VIEILLE PEAU ? IL NE ME FAUDRAIT QUE QUELQUES SECONDES POUR QUE MA LAME CISAILLE TON CORPS RONGE PAR LA...

Elle voulu finir sa phrase, mais une violente douleur la crispa. Portant sa main à sa poitrine, elle s'agenouilla au sol en toussant bruyamment. Cela recommençait, comme ce matin. Et à la vue du sang tombant sur le parquet, elle comprit que plus rien ne serait comme avant.

- Aid... Aidez-moi...

Sa voix faible, tremblante fut à peine audible et fut suivie de son évanouissement. Plus rien, elle ne voyait désormais plus rien... Était-elle morte ? Non, c'était impossible. Elle qui était autrefois si robuste...
Mais alors que le noir prenait peu à peu sa place, une odeur délicieuse plana. Une odeur dont elle ignorait l'existence mais en appréciait déjà les effets. Cela devait sans doute se manger, ou bien ce qui imprégnait les toilettes des grandes dames... Et ce fut alors qu'elle vit un lieu qui lui était inconnu, un homme aux cheveux bleu qu'elle n'avait jamais rencontré et des objets dont son pays n'était pas pourvu. Quel était cet endroit, ces voix et cette odeur ?

Elle se réveilla, doucement. Elle était désormais dans une chambre aux draps aussi blancs que les nuages flottant dans le ciel. Les meubles en bois étaient peu nombreux mais imposants et ce qu'elle avait sentit peu de temps auparavant n'était plus. L'air n'était plus qu'oxygène et avait perdu de sa sensibilité. Il n'y avait plus qu'elle, des meubles et... Emérite.
Celle-ci était près d'une fenêtre, le regard lointain. Anthracite s'assit alors dans le lit, le faisant craqueler légèrement. Puis, touchant sa tête, elle grimaça. La douleur dans sa poitrine avait bien disparu mais une affreuse migraine lui rongeait la cervelle. Ce n'était pas très agréable mais après tout... Elle s'en fichait car elle était en vie et n'avait visiblement aucune blessure. C'était tout ce qui lui importait...

- ... Depuis combien de temps ai-je perdu connaissance ? grommela-t-elle alors.

HRP:

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