Malgré toute sa sociabilité, Addyson n'avait jamais été un grand amoureux des fêtes. Parce que généralement, il ne savait pas quoi y faire. Aux fêtes adultes, ils ne savaient pas de quoi parler. Aux fêtes des beaux arts, il voyait juste ses petits camarades se transformer en limace (autant pour le mode de déplacement que pour la traînée baveuse) et, n'étant pas porté sur la fumette ou la buvette, il se retrouvait tout juste gêné des plans dragues un chouille trop insistant à son encontre, pas assez défoncé pour en tirer un sens comique. Et le pire, encore, c'était quand un strict inconnu faisait la limace et le dragueur. Voir quelqu'un essayer de mettre amoureusement vos chaussures dans son lit, c'était franchement perturbant. Les fêtes enfants, ç'aurait pu passer. Il n'avait plus trop peur des clowns et mascottes, et y'avait souvent du gâteau aux chocolats et des bonbons. Mais il était jugé « trop vieux », alors, finies les fêtes enfants. Les soirées pyjamas entre fille, ç'aurait pu aller. Mais trois petits quelque chose l'empêchait souvent d'être invité.
Non, les fêtes, c'était vraiment pas son truc. Alors, un bal, l’américain aurait dû passer son chemin, ne se sentant pas si français que ça, après tout. Non ?

Et bien non ! Car c'était un bal un truc où on danse, un truc de paillettes, de froufrous, de princesse et un truc qui apparaissait dans moult Disney qui avaient bercé son enfance. Évidement que l'ado ferait tout pour y aller, quitte à s'y infiltrer en douce (bon, il avait eut aussi une invitation, ça éviterait l'opération commando). Et puis, il y avait eut ce moment -Magique ! - ou il avait comprit ce que le mot « Costumé » voulait dire. Son cœur avait fait un bon et ses joues avaient rosies de plaisir. Et durant une semaine entière, il avait été presque impossible de soutirer une conversation avec l'adolescent qui ne glissait pas sur le terrain pailleté des costumes possibles qu'il pourrait revêtir. Ou qui ne finissait pas en gloussement répété une fois ce qu'il allait revêtir choisit.

N'était-ce pas rêvé pour notre adolescent fleure-bleue ? Une journée entière où tout serait permis, où il pourrait tout se permettre puisque c'était un déguisement. Et bien Addyson ne s'était certes pas gêné.

Quand, habillé, il était allé demander à sa petite sœur un  khôl pour souligner un peu mieux ses yeux verts, celle-ci avait presque sursauté à voir à quel point son frère pouvait être une fille s'il le voulait vraiment. À en être plus féminin que l'esprit même de la fifille. À la faire passer elle pour la fille cachée de Stalone. Très franchement vexant.

Ok, il n'avait pas de poitrine et le décolleté qu'il portait n'aidait pas à le cacher. Mais il avait suffit d'un foulard noué pour cacher ce détail. Un serre-cou noir mettait en valeur la finesse de sa gorge, une petite retouche couture, et l'adolescent avait pu descendre la ceinture à sa taille, la serrant ce qu'il fallait pour respirer, mais surtout pour affiner encore un peu mieux ses formes. Quant à ses jambes, elles étaient tant recouvertes de jupons qu'il aurait fallut une équipe de recherche spéléologique pour en retrouver la peau. Sans poils, la peaux, Addyson soignait les détails jusqu'au bout. Il portait même des talons, pour les faire claquer comme il se devait, sa pratique des arts de Danses l'aidant à marcher avec naturel. Il avait ajouté de grands gants blancs en satins qui remontait jusqu'en haut de ses bras pour fignoler les détails.
Il avait, en somme, choisit une robe qui évoquait celles d'Autant on emporte le vent (très belles époques, très beaux films, tellement parfaitement Niais ! ), aux beaux imprimés de fleurs bleues, pour saluer le printemps arrivant et l'avait retouché à sa sauce afin qu'elle lui aille, et afin d'ôter le côté superficiel qu'un costume de bas prix peut avoir. Puis il avait ajouté des froufrous.

Beaucoup de froufrous.

Il s'était maquillé, aussi, quelque chose de léger qui mettait en valeur sa bonne mine par un jeux de roses délicats, un peu de far ici, un rouge à lèvre rosée ici. Il avait tiré ses cheveux en arrière, bien que de nombreuses mèches s'échappaient tout de même et recouvraient son visage. La petite queue de cheval obtenue, peu gracieuse, était cachée par une épaisse rose bleue en tissus.

Une vraie princesse. Addyson était aux anges. Alors, ainsi paré, il était allé aux bal, excité comme une puce de bientôt passer une journée digne du meilleurs Disney (encore qu'il espérait que son princes seraient plus du côté d'Eric ou Philippe que de l'ascendance de la Bête) (puis à la réflexion, il se dit qu'une autre princesse, ça lui irait aussi tout aussi bien.) (Ou pas que princesse d'ailleurs.) (Finalement, il ne ferait pas le difficile, tout lui ira, oui.) Il avait tiré un numéros, le 640, et pendant un instant, il se demanda si ça correspondait aux nombres de personnes déjà présentes. Un grand chiffre qui lui fit presque tourner la tête. Mais peut lui importait. Addyson voulait vivre sa journée de princesse, quitte à faire la scène de la belle qui s’évanouit et qui est secourue par une charmante personne après (homme, femme, Addyson ne ferait vraiment pas le difficile.)

Alors, il se place où on lui a indiqué, sort de son décolleté un éventail qu'il se met à battre sur lui même afin d'avoir un peu d'air. Il cherche du regard, montre à qui passe son numéro, espérant que le prochain lui fera un sourire de prince et un « c'est bien moi ! » charmeur.

Mais où serait l'amusement si le destin n'était pas un peu farceur ?

Spoiler:

Décidément, ce serait plus drôle avec un partenaire. Addyson cherche fébrilement, tout excité à l'idée que derrière l'un de ces visages, ce sera son ou sa cavalière de la journée. Après quelques non polis, pour se donner un peu plus de cœur à l'ouvrage et passer le temps, l'adolescent se fait juge et note les costumes qui passent devant lui. Celui-là n'a pas fait attention au maquillage, c'est bien dommage. Oh, celui-là n'a fait son costume que de bout de tissus rapiécé à droite et à gauche, vraiment triste ! Une journée qui nous est offerte à être un ou une autre, n'est-ce pas une occasion rêvé de trouer son porte feuille ? Lui, l'armure, c'est charmant : un beau chevalier ! Addyson aurait aimé que ce monsieur vienne vers lui, mais il est happé par un autre cavalier. Il en lâche un petit soupir avant de reprendre ses recherches. Qui ne durent pas bien longtemps car voilà un jeune officier qui se présente devant lui, bafouillant quelque chose.

Si le français bien prononcé est encore, pour l'américain, semblable à du chinois, le français bafouillé s'apparente à du chinois avec un accent allemand. Il en ouvre les yeux, gêné, gagne un sourire crispé pendant quelques secondes et bénit l'éclair d’intelligence du Soldat de lui montrer son numéros. Addyson regarde, scrute la personne de la tête et pied et glousse de voir que des efforts ont été fait dans le déguisement.

« Ouiiii, c'est moi ! »

Son accent est à tuer un français sur place. Et s'il le sait bien, aujourd'hui, il a décidé de bien s'en moquer. Alors, saisissant des bouts de sa robe qu'il soulève en une délicate révérence, L'ado continue, avec une politesse toute fraîche, et un sourire sincère sur le visage.

« Je suis Addyson. » Ah ! Dommage que ce soit un prénom Mixte, hein ? « Enchanté. Et vous, Soldi… dat ? »

Addyson replace son éventail devant son visage, s'évente avec délicatesse et est bien décidée à garder son rôle de précieuses ridicule. Après tout, les princesses ne sont-elles pas un brin orgueilleuses et hautaine au début de toute histoire ? Car si pour certains, le déguisement a été une punitions ou une contrainte, l'ado, lui, est bien décidé à vivre sa journée le plus possible et à jouer le jeux jusqu'au bout. Pourtant, pour ne pas non plus faire fuir son partenaire, pendant un instant, il s'autorise à laisser tomber le masque, regarder le jeune homme dans les yeux et lui sourire avec encouragement.

« Vous êtes... » bien déguisé, qu'il voudrait dire. Mais son esprit butte à trouver le bon vocabulaire. Tant pis, il en trouve un de substitution. « Vous être très beau ! »

Pas de confusion possible comme ça, pas vrai ?

[HJ : pardon pour le retard ><]

Lui... Abigaël.

« Ha ha ! Tu es Abi, je suis Addy ! »

Bien bien. Après une introduction digne de Tarzan -à laquelle Addyson dut se retenir d'ajouter un « moi : Jane » qui serait sans doute un peu mal passée pour une première rencontre (se moquer, quand on est pas capable d'aligner deux mots sans une faute, ça le fait vraiment pas)- l'ado sourit au jeune officier, presque charmé d'être tombé sur, ce qu'il supposait être, un non francophone. Ils ne comprendraient sans doute rien l'un à l'autre de la journée, mais se serait amusant quand même ! Puis l'américain se sentirait sans doute moins seul, à être deux à se noyer dans la complexité de la grammaire française… Petits espoirs fort vite balayés quand Abigaël se reprit et complimenta à son tour le déguisement.

Ah, oui, déguisement, voilà. Un mot qui ne lui resservirait sans doute pas avant un bon moment, mais qu'Addyson, se fit mission de retenir pour éviter d'éventuel qui-pro-quo. S'il fallait ça pour éviter une nouvelle monté de rouge à son partenaire, alors ça vaudrait le coup. Il se répétait le mot, le marmonnant à répétition à en perdre son sens, quand l'autre lui tandis la main. Il n'avait pas suivit. Il avait dit quoi ? Il avait parlé de… de rancart ? Autre truc à faire ? Serré ? Il parlait des vêtements ? Ce fut au tour du chaste Addyson de piquer un far, trouvant les propos compris -et surtout interprétés- de son partenaire bien cavaliers. On disait les français chaud Lapin. Il n'imaginait pas autant.

Pourtant, il la prit, la main, laissant le bénéfice du doute planer un instant, se disant que peut-être Abigaël ne voudrait juste QUE l'inviter à danser. Espoir de nouveau déçus puisque le jeune couple s'éloignait de la sainte et protectrice foule. Un coup bourru, un coup doux, Addyson leva un sourcils en circonflexe à regarder l'officier leur tracer un chemin. Puis enfin, la sortie du bain de foule. De nouveau, il n'écouta rien, tout perdu dans ses pensées. Comment dire maintenant qu'il était encore un peu trop tôt, que faire de plus amples connaissances serait agréables avant de… de… de passer à ça ! et comment le dire en français correct qui ne produirait pas une nouvelle série de qui-pro-quo en cascade ? Est-ce que c'était son compliment qui… ?

Addyson est bien rouge, s'évente fébrilement et cette fois, pour de vrai avec son éventaille, cogite, réfléchit, se mord la lèvre avant de lancer, au désespoir et paniqué :

« Je ne suis pas quelqu'un que vous croyez ! Vous savez, je suis juste dans France depuis quelques mois, je parle très mal français, et. Et je pense que nous sommes mal compris et je... »

Il commence à pleurnicher, ses yeux verts s'humidifiant sous l'effet d'une imagination trop fébrile.

« Je veux juste danser et avoir des amiiiiiiis… ! »

Bonne nouvelle à cette journée d'espoir déçus : le mascara est Waterproof.