Retrouvailles.

Aujourd'hui c'était une journée comme les autres. Tu as cours en fin de journée, vers dix-sept heure, surement. Parce qu'en fait, l'emploi du temps de la fac et toi, vous n'étiez pas très amis. Il change sans arrêt, ce n'est pas le même en fonction des semaines et il n'est absolument pas logique. Sérieusement comment peut-on avoir cours de huit heure à neuf heure puis de dix-sept à vingt heure. Mais bon, c'est pour l'histoire asiatique, donc tu tolérais. Tu es rentrée de ton premier cours donc et maintenant tu n'as plus rien à faire, du coup, tu t'es installée sur ton canapé, un livre à la main et tu lis.

Tu a fais ça toute la journée, tu n'as même pas mangé. Il faut dire que l'ouvrage était assez prenant, une histoire de science fiction à propos d'enfants soldats qui doivent détruire de méchants extra-terrestres insectes. De ce fait la seule chose qui te fit lever la tête fut le bruit de trois coups qu'on donnait à ta porte. Bizarre. Ça ne te rend pas malheureuse mais... Personne ne vient chez toi. Personne. Tu n'as pas vraiment d'ami à la fac, tu ne te fais jamais livré et tu n'es pas une voisine bruyante. Personne ne prend donc le temps de te rendre visite. C'est peut-être la première fois que tu entends ce son venant de ta porte. Intriguée, tu te lèves, pose ton livre sur la table basse et tu te diriges vers la porte. C'est qu'en plus, tu n'es pas vraiment présentable là. Un t-shirt trop grand que tu penses marron mais qui en réalité est rouge vif et un vieux short qui lui te semble du même ton mais qui en réalité est vert. Tu as les cheveux attachés sur le côté en une espèce de chignon qui ne maintient pas grand chose. Pourtant, on t'a toujours appris à être bien habillé quand on reçoit des gens, mais tu n'avais pas prévu la visite de quelqu'un et tu t'étais mise dans une tenue décontractée. De toute façon tu ne penses même pas que la personne qui a toqué soit là pour toi, elle s'est surement trompée de porte. Qui pourrait te rendre visite. A toi.

Tu ouvres la porte. Et là, tu ne sais pas comment réagir. Tu ne pensais pas, tu ne pensais pas du tout même qu'en tirant la porte ce serait ce visage, cette personne, Charles. Tu le regardes, sans voix, puis tu clignes des yeux et ton premier reflexe est de refermer la porte. C'est pas possible, tu as du t'endormir en lisant ton livre. Comment Charles peut-il se trouver là devant ta porte, alors qu'il est censé être à des kilomètres sur un autre continent. Tu te pinces, espérant qu'ainsi tu vas te réveiller, mais apparemment, tu ne rêves pas. C'est impossible et pourtant c'est bien vrai. Et là tu t'aperçois que tu viens de lui fermer la porte au nez. Tu l'ouvres de nouveau. Tu le regardes encore sans rien dire, la surprise se lisant sur ton visage.

« C'est vraiment toi Charles ? Je rêve pas ? »

Et, comme pour s'assurer que c'est vraiment lui, tu tends un doigt et tu le touches. C'est Réel. C'est vraiment lui. Pourtant cette situation te semble si Iréelle...

« Qu'est-ce que tu fais ici ? T'es revenu ? T'es revenu et tu me l'as pas dit ?! »

Parce que oui, tu es un peu en colère qu'il ne t'ait pas prévenu, mais là, sur le moment, le sentiment qui domine c'est celui du manque. Charles t'as tellement manqué pendant ces trois ans, vous vous parliez dès que possible, mais échanger des messages et voir la personne physiquement ce n'est pas pareil. Sans prévenir tu sautes dans ses bras, tu le serres dans tes bras, car maintenant que tu sais qu'il est réel tu ne veux pas qu'il s'envole, tu ne veux pas qu'il reparte de nouveau.

« Tu m'as tellement manqué. »