Un marteau piqueur. Dedans la tête en tout cas, ça résonnait pas mal. Et merde, c'est trop violent.

H ouvrit un oeil, puis l'autre. Ses paupières ont du mal, et la lumière éclatante n'aide pas.
Puis, arrive une impression vague mais particulièrement étrange. Quand son esprit embrumé fini par se stabiliser – autant dire avec peine – H regarde autour d'elle, cligne des yeux.

Jamais, jamais elle n'aurait cru voir un truc pareil de toute sa putain de vie.

Visiblement elle était dans une forêt. Visiblement, parce que ladite forêt semblait avoir été retouchée par un gosse de 9 ans sur Paint. Et pour cause, toutes les couleurs étaient inversées, à tel point que ça en donnait mal au ventre. Et surtout au cerveau.

Elle se lève, et quelque chose d'autre la tracasse. Elle regarde ses mains et soupire, rage un peu en voyant l'état de ses tatouages. Forcément, si tout son environnement est inversé, elle même – sa peau, et par la même, ses tattoos – tout ça ne ressemble plus qu'à un gros troll. La rouquine finit par éclater de rire. Putain de trip.

Et puis une sensation, toujours aussi étrange la parcours. Elle baisse les yeux sur ses vêtements, et un truc à changé. Déjà, le peu de seins qu'elle a semble avoir disparu de la surface de la planète – il suffit de peu de chose – et puis son pantalon est desespérèment trop grand pour elle. C'est une habitude de porter des trucs informes et trop larges, mais la, c'est loin d'être normal.

Normal. Elle continue de rire. Puis, par un espèce d'instinct qu'elle n'explique pas, passe sa main sous sa chemise. Des pectoraux. Son souffle se bloque, son palpitant loupe un temps.
Avec des gestes précipités, elle déboutonne son jean, tire sur l'élastique de son boxer.

Et merde. Le service trois pièces qui lui fait coucou depuis son entrejambe lui donne un haut le coeur. Puis des nausées.

Elle cherche ses clopes fébrilement, son futal toujours au niveau de ses chevilles, le paquet miraculeux bien voyant dans son boxer aux couleurs dégueulasses.

"Putain de trip."

Elise ouvrit les yeux. Elle était nauséeuse et emplit de l’étrange impression de ne pas être à sa place. Et de ne pas tout à fait être la bonne personne au bon endroit. Déjà l’endroit où elle se trouvait souleva toutes ses interrogations. Une forêt, certes. Mais CETTE forêt.
Elle se redressa et autre chose la surpris. Sa crinière rousse qui tombait habituellement librement sur ses épaules avaient disparu. Ses mains l’informèrent qu’en fait ils étaient raccourcis. Par ailleurs lorsqu’elle baissa les yeux Elise put constater avec effarement la disparition mystérieuse de sa poitrine. La lumière se fit dans son esprit et elle choisit de ne pas la vérifier plus en détail. Elle avait dû être droguée, ce ne pouvait pas être possible autrement. La petite anglaise se mit sur pied, serrant contre elle sa veste en cuir. Se mettre en marche confirma sa théorie.

« Bon allez ma grande, pas d’inquiétude. T’as dû boire un peu trop à la soirée hier, ou alors t’as voulu tester la drogue. C’est vrai que t’as un peu abusé hier soir t’aurais pu faire plus gaffe. Aller ma grande c’est qu’un rêve, tu vas te réveiller… »

Et c’est ainsi que la rouquine continua à marcher dans cette forêt dont les couleurs avaient été étrangement inversé. Elle continuait à parler seule lorsque qu’une silhouette se dessina devant elle.

Quand elle se réveilla, elle se trouvait dans une forêt. Son pyjama était d'une couleur rose flashy horrible, alors qu'il devait être vert. Mais quelle était cette faute de goût ?! Et puis, pourquoi se sentait-elle... bizarre ? Son entrejambe lui faisait tout drôle. Et ses cheveux lui semblaient plus courts.

Elle vérifia quand même très discrètement (derrière un arbre) pour voir ce qui n'allait pas. Mais ?! Quel était cette chose plantée entre ses cuisses ?! Coraline remit rapidement son pantalon, horrifiée. Ce devait être un cauchemar, elle s'était changée en garçon. Ou alors un rêve vachement bizarre. Très glauque. 

Le désormais jeune garçon remarqua un jeune homme. Tout rose et vert et bleu ! Elle se dirigea vers lui, de toute façon c'était un rêve elle pouvait parler à tout le monde comme elle le voulait ! 

« Hé monsieur ! Comment-vous appelez vous ? Sont marrants vos cheveux violet fluo ! C'est la mode ? »

Belle s'était endormie dans son lit super confortable taille princesse, et se réveilla malencontreusement… Sur une branche d'arbre. Mais le temps que la demoiselle se rende compte du lieu instable où elle se trouvait, la branche céda sous son poids et elle tomba lourdement sur un sol boueux et couvert de feuilles mortes. Belle pensa d'abord être tombée de son lit, mais il n'était pas aussi haut et ce n'était sûrement pas la moquette de sa chambre. Elle geignit un peu et se releva avec peine pour se traîner jusqu'à une souche d'arbre et s'asseoir dessus. Après avoir repris quelque peu ses esprits, elle s'étira et s'aperçut de quelque chose d'horrible. Sa poitrine était plate sous sa nuisette (qui avait d'ailleurs pris des couleurs qui feraient pâlir un hippie). Ses. Seins. Avaient. Disparu.

« Bordel, mais où est passé mon 90C?! »

Et là, bien sûr, son regard descendit et la seconde découverte ne fut pas plus réjouissante. Bon, ok tout va bien, tu es juste devenue un mec, mais c'est pas grave, c'est juste un rêve. Et cette forêt, elle est bizarre de toute façon, elle ressemble moyennement au bois de Boulogne quand même.

La jeune fille devenue un jeune homme se mit en marche, déconfite, espérant trouver quelqu'un d'autre dans la même situation qu'elle et de ne plus se sentir seule dans cette situation embarrassante. Après quelques minutes, elle tomba sur deux personnes discutant gaiement (ou pas). Un petit garçon apostrophait un autre garçon plus âgé. S'ils avaient subi le même sort qu'elle, c'était sûrement aussi des filles. Tout ce qu'on pouvait dire, c'est que leurs couleurs éclataient ses pauvres rétines. Ignorant le fait qu'elle était un homme en nuisette, elle s'avança bravement.

 ▬ Bonjour! Chouette endroit, n'est-ce pas? Je me demande si c'est vraiment ça qu'on voit quand on est shooté...

Elle ajouta un petit sourire forcé absolument pas naturel et une pose trop girlyyyy. Pauvre Belle, ta féminité en prenait un coup...

H, les mains tremblantes, sorti de son paquet d'indus souple une des trois dernières tiges de tabac.
Puis, après l'avoir calée entre ses lèvres, et s'être gratté le menton – il piquait un peu, et elle s'aperçu qu'elle avait une barbe de trois jours – elle se mit en quête de trouver son briquet dans ses poches inombrables, le pantalon toujours tombé.

Ô rage, ô desespoir.

« Holy shit! Ou est ce briquet à la con?! »

Indubitablement, il n'était pas la. Pour la clope, dont elle avait un besoin particulier à ce moment précis, elle repasserait.
Puis, elle tendit l'oreille. Elle cru entendre des voix, un peu plus loin. Sa main remit sobrement son pantalon en place, d'un geste indécis – c'était bizarre d'avoir un truc en plus à cet endroit, vraiment – puis avança à pas rapide vers les bruits qu'elle entendait. Tout en faisant se faisant au maximum silencieuse, histoire de ne pas perdre le fil.

Elle vit de loin trois personnes. Trois mecs, à vrai dire, bien que les couleurs embrouillaient la vue. Elle pressa le pas, puis arriva presque en courant devant eux. Elle s'arrêta un moment, pantoise.

« Heu. Bonjour, ou bien bonsoir, je sais pas trop. J'essaie de trouver du feu, est-ce que par hasard quelqu'un aurait un briquet, ou un truc? »

Elle bredouillait. A ce moment elle fit vraiment attention à sa voix. Bordel, sa voix, ça? Un son rauque, grave, presque à basse fréquence. Elle se surprit à l'apprécier.

En voulant faire un pas de plus vers eux, son pantalon lui fit une grosse farce.
Il retomba sur ses chevilles, la ceinture décidément pas assez serrée.

« C'est pas mon jour... Pourtant il fait un temps splendide ici, non? »

Les joues rouges – en fait pas vraiment, vertes plutôt? - il se pencha promptement pour remettre son pantalon rebelle en place, avec pour seule envie de s'enterrer sous terre.

Elise allait se diriger vers la silhouette pour l'accoster lorsqu'une petite voix toute masculine l'interrompit. Les couleurs à forte tendance psychédélique commençait à lui donner sérieusement mal au crâne. Il sourit à la petite personne. Couleur inversé, cheveux roux qui deviennent violet. Pourquoi ça ? C'était presque pire qu'être devenu un homme.

« Salut toi. C’est Elise mon nom et toi c’est quoi le tiens ? »

C’est là qu’il percuta sa voix. Plus grave. C’était étrange. Mais vraiment pas désagréable. Au moins un point positif à cette situation. Il allait terminer sa phrase lorsqu’il fut interrompu par l’arrivé d’un troisième gars. En nuisette en l’occurrence. Donc une troisième fille. Elise se demanda quelle drogue il avait bien pu consommer à la soirée de la veille pour que tout ai cette apparence aussi réelle. Il allait lui répondre lorsqu’un troisième gars fit son apparition. Nom de Dieu mais ils étaient combien là dedans ?
Gars qui s’écroula à cause d’une mauvaise blague de son pantalon, de toute évidence assez facétieux. Le rouquin s’approcha de lui, tout souriant et lui tendit la main. De l’autre elle cherché le Zippo qu’il avait toujours planqué dans la poche intérieur de sa veste

« C’est vrai qu’il fait un temps magnifique, un peu trop psychédélique à mon goût. Ton pantalon à l’air d’humeur farceuse tu devrais peut-être mieux le surveiller. »

Une fois le Zippo trouvé il le lui tendit, toujours tout sourire. Finalement il se recula un peu pour avoir tout le monde en vue.

« On est tous d’accord pour s’accorder sur le fait que nous sommes en plein dans le délire détraqué de je-ne-sais-qui ? »

Donc ils étaient quatre, un petit garçon sappé en rose – H se dit que son pyj' devait avoir une couleur convenable en temps normal – et deux mecs de son âge, dont un aux cheveux violets et l'autre en nuisette. C'est ce détail qui lui fit penser qu'en fait, ils devaient tous être dans le même cas que lui. Qu'elle. Il s'emmêlait. Elle. Merde.

Les joues toujours vertes, Hermine sourit.

« Que ce soit psyché j'ai l'habitude, mais j'avoue que ce trip dépasse tout ce que j'ai déjà vécu. »

Il serra la main tendu vers lui, avant de prendre le joli Zippo que la crinière violacée lui tendait. Elle alluma sa clope, qui pendait toujours à ses lèvres, en ayant la main bien accroché à son pantalon.

« On est tous d’accord pour s’accorder sur le fait que nous sommes en plein dans le délire détraqué de je-ne-sais-qui ? »

H leva les yeux et lui tendit son briquet, sourire aux lèvres.

« Tu penses? J'optais pour une prise de drogues trop conséquente, mais après tout maintenant que je découvre qu'on est quatre dans la même situation, ç'en devient beaucoup plus compliqué... Oh, au fait, je m'appelle Hermine, malgré les bijoux de famille et la barbe. »

Vraiment, vraiment bizarre. Elle aspira une grosse bouffée de nicotine, avant de recracher un long filet de fumée noire orangée.

«Je commence à me demander, si on a pas été victime d'une hallucination collective... Ca me fait penser à ce son, Likéfaction.»

Le rouquin hocha un peu la tête à l’idée énoncé par Hermine. Il avait vraiment dû abuser à la soirée. Ou alors c’était tout autre chose. Mais quoi ? Là était toute la question.

«  Si ça ce trouve on a tous pris la même drogue et on s’est tous retrouvé dans la même galère. J’ai quasi aucun souvenir de ma soirée d’hier alors… Mais le blèm c’est que je connais aucune drogue capable de projeter quatre personnes dans le même trip. »

Elle esquissa une révérence, un peu ridicule et caricaturale mais là était tout le but.  

«Enchanté, Elise pour vous servir. Et vous ? »

Elise  les regarda un à un. Elle sourit en  voyant Hermine accrocher son pantalon, sourit davantage en voyant le p’tit gars en pyjama et explosa de rire en voyant l’autre gars en nuisette. Non, vraiment, en définitive leur situation était trop cocasse pour ne pas en rire. Il ne savait pas si c’était un rire de joie ou un rire nerveux mais une chose est sûr c’était un sacré fou rire. Et les fous rires d’Elise ne partaient pas facilement. Ainsi elle riait, elle riait aux larmes dans ce monde où tout est inversé.

Coraline regarda avec les sourcils froncés un jeune homme. En nuisette. Soit l'alcool -la bouteille bue en entier la veille- lui jouait des tours, soit...

« Mais vous êtes un travesti ? »

Elle n'avait jamais imaginé pouvoir en voir un un jour, en vrai. Quelle journée historique ! Un vrai travesti. Tout vert. Soit c'était les couleurs mélangées, soit c'était la gastro. 

Mais le violet lui avait répondu. Élise, qu'il s'appelait. Encore un travesti ?! Enfin une travestie plutôt. En un jour, elle croisait beaucoup de drôles de personnes dis donc. 

Avant qu'elle ne puisse dire son nom, un troisième homme vint s'ajouter au groupe. Encore avec le teint vert. C'était une malédiction. En plus, son pantalon fit le capricieux et descendit. Coraline haussa les sourcils. Si elle n'avait pas changé de sexe elle aurait crié au pervers. Ah, mais être un garçon ne l'empêchait pas de le dire.

« Je m'appelle Cor... Corentin, » bien jouée mec ! « et je pense que vous êtes soit des pervers travestis avec une gastro, soit je suis dans un rêve, où des gens croient qu'ils ont pris de la drogue. Alors, gens de mon rêve drogués, comment allez-vous ? Prêts pour une petite balade dans le monde des rêves bleuus ? »

Les hallucinations collectives et les prises de drogues, Cora... Corentin n'y croyait pas. Il n'avait pas pris de drogue. Il n'en connaissait même pas la couleur ! En tout cas, son compagnon aux cheveux violets, le travesti, avait dû en prendre, car il rit aux éclats. Quoique, dans leur situation, rire était approprié. Alors Corentin éclata de rire lui aussi. Sa petite voix qui n'avait pas encore mué fit écho à celle d'Elise, bien plus grave.

Là, ça dépassait tout ce que Belle aurait pu imaginer. Un mec-fille (Hermine, paraissait-il) addict au tabac même en rêve qui perdait son pantalon. C'était hilarant. D'autant plus qu'avec la fumée colorée qui sortait de sa bouche, il lui rappelait presque la chenille dans Alice au pays des merveilles.

L'homme aux cheveux violets prénommé Elise et celui qui fumait commencèrent à parler de drogue, monde très obscur pour Belle. Elle avait peut-être une légère addiction pour le sucre, mais pas de substances illicites, merci bien. Elle ne fumait même pas, cela abîmait son teint et ça sentait trop mauvais. Perdue dans ses pensées, elle tiqua quand le petit garçon la qualifia de…! Et elle ne s'arrêtait pas là...

 ▬ Non mais t'as vu ta tête, toi?! D'où tu sors que je me suis travestie, t'as pas encore compris qu'on étaient tous des filles à la base? Et non, jusqu'à preuve du contraire, je pense que ni moi ni les deux autres ne sommes des pervers!

En effet, vu sa condition et les prénoms féminins des autres, c'était l'explication la plus logique. Et pour qui il se prenait, celui-là? En plus, il était littéralement plié de rire avec l'autre. Et après on les traitait de drogués? Parce que Belle avait envie de tout sauf de rire. Elle pourrait frapper sa tête contre un arbre jusqu'à se réveiller, mais bon. Elle était dans un rêve, autant en profiter quelque peu. Elle se tourna vers le fumeur qui semblait très masculin, plus que les trois autres.

 ▬ Dis, tu me donnerais une de tes cigarettes? J'ai toujours voulu savoir quel goût ça a.

Elle lui fit un grand sourire. Finalement, le gamin avait sûrement raison, avec son air efféminé, elle devait avoir l'air d'une drag-queen.

Coraline (ou Corentin) réfléchit. Si l'autre travesti, pas Elise, celui en nuisette, disait qu'ils étaient tous des filles au départ... ce voudrait dire que son rêve essaye de le feinter. Pour tester Coraline. Celle-ci pensa que ce genre de rêve devait arriver à un certain moment de la vie d'une jeune fille... des questionnement sur la féminité... et tout et tout. Qui sait, cela voudrait peut-être dire qu'elle allait bientôt grandir !

Seulement, les gens du rêve avait tous l'air très.. humains, avec des réactions logiques. Or un rêve ne doit pas être logique. C'est la règle d'or des rêves, Coraline l'avait décrété depuis qu'elle avait rêvé de monter une autruche géante. En tout cas, elle n'allait pas leur dire qu'elle était une fille à la base, et jouer son rôle de petit garçon tout mignon jusqu'au bout.

« Quoi ? Nous étions tous des filles à la base ? C'est étrange, pourtant je suis un vrai petit bonhomme ! Ne remettez pas en doute ma... euh... virilité. »

Coraline virile, première nouvelle. Mais au moins, elle était mignon. L'autre qui n'avait pas encore dit son nom était plus étrange, par exemple, en nuisette et avec ses poses girly qui devaient être réussies en temps normal mais là qui lui donnait juste l'air... heu... voilà quoi. Hermine et Elise faisaient des hommes convaincants, par contre. C'est donc vers eux, les gentils, et pas vers l'autre qui lui disait qu'elle avait perdu la tête qu'elle se tourna.

« Messieurs, si nous trouvions la sortie de cette forêt ? Peut-être qu'autre part les couleurs tueront moins les yeux, je vais finir par faire une crise d'épilepsie sinon. »

Hermine répondit au fou rire d'Elise et de Corentin. Il lui en fallait peu pour se marrer comme une baleine, et elle jugeait que là, la situation était suffisamment énorme.

Et puis le môme la faisait squizzer, il se laissait pas démonter. Quand il argua que Mr Nuisette était un travelo, H cru perdre ses poumons à force de rire. Avec un peu de contenance, elle tenta tant bien que mal d'arrêter ça, surtout que la nuisette en question n'avait pas spécialement bien pris la remarque.

Il récapitula dans son esprit, et se rendit compte que Mr Nuisette ne s'était pas encore présenté. H s'en foutait, son petit jeu préféré étant de deviner le nom des gens. Elle se mordit la langue pour ne pas lui poser la question. Son surnom lui allait pas mal, en plus.

Mr Nuisette, donc, se tourna vers lui pour lui demander une cigarette, avec une espèce de pose frôlant le ridicule, et le rouquin s'empêcha de retomber dans son fou-rire.

"Si tu tiens à t'abîmer un peu, prends! Je devrais pas mais les circonstances sont rudes."

Il lui tendit une sèche, la main toujours serrée sur son pantalon. Eviter le running gag ridicule.
Avec un regard circulaire, elle se demanda dans quelle direction ils pourraient aller. Corentin n'avait pas tort quand il disait qu'il valait mieux sortir d'ici avant de s'arracher les yeux.
Aucun chemin en vue, mais en regardant au loin entre les arbres, H cru distinguer un trou béant dans la végétation aux couleurs psychés.

"Peut-être que la bas, on pourrait en venir à bout? Enfin, si vous avez un meilleur itinéraire, n'hésitez pas."

Il tendit le menton d'un signe pour montrer le chemin qu'il envisageait.

Elise était en quête de son souffle. Difficile et douloureux.  D’ailleurs le fait que le p’tit gars en pyjama dénommé Corentin et Hermine aient commencé à le suivre lui compliqua encore la tâche.
Il tenta encore de se calmer, de reprendre pied sur terre. Si les autres avaient réussi pas de raison que lui n’y arrive pas. Ses côtes douloureuses l’aidèrent plutôt pas mal. Tient le gars en nuisette voulait essayer la cigarette. Lui qui avait l’air si…précieux. Cette situation faillit faire repartir son rire mais l’essoufflement engendré par ce dernier l’en empêchèrent. Elle attendit donc avant de reprendre la parole.
L’idée d’essayer de quitter la forêt la ravit et dès qu’il put c’est avec un grand enthousiasme qu’il s’exprima.

« Je vote pour ! Je tiens réellement à mes yeux. »

Le rouquin se décida à s’engager immédiatement sur le chemin désigné par Hermine. Il lui inspirait parfaitement confiance. Certes la curiosité d’Elise faisait qu’en général TOUS les chemins lui inspiraient confiance mais ce genre de choses ne se divulgue pas. Laissons le dans l’illusion. Une fois en marche il percuta à quel point sa toute nouvelle virilité était gênante. Nom de Dieu comment les hommes supportent ça tous les jours ? Il penserait à poser la question à ses amis à son réveil. D’ailleurs son jean plutôt moulant commença à se faire tout aussi gênant. Nota bene de toujours s’endormir avec pantalon large à partir de maintenant.

Coraline était contente de voir que tout le monde partageait son fou rire, à part le type en nuisette bien sûr. 

Et Hermine, tenant fermement son pantalon (Coraline le comprenait, une autre chute serait la honte suprême, ou alors le signe d'une rébellion des pantalons), leur montra un chemin. 

Coraline hocha la tête joyeusement, de toute façon tout ce qui ressemble à un chemin est bien. Donc, elle emboita le pas à Elise. 

Son pyjama était bien calibré, enfin il ne tombait pas au moins. Elle devait sûrement être la seule qui ne subit pas les caprices de ses vêtements. Entre le pantalon rebelle d'Hermine, le jean moulant (sexy ?) d'Elise et la nuisette (sexy...) du travesti, son pyjama, quoique avec une couleur d'un goût plus que douteux à cause de cette forêt, passait très bien sur elle. De toute façon... son... heu... engin ne devait pas être développé. Quelle atteinte à sa virilité si elle était vraiment un garçon ! Elle serait presque jalouse d'Hermine et d'Elise, qui sont vraiment de beaux hommes, quelle chance ils... 

Ah, une sorte d'esprit masculin hantait Coraline. Car pour qu'elle se sente jalouse de la taille des autres... trucs des garçons, elle ne devait pas être dans son état normal. Alors elle continua de marcher. 

Mais elle trébucha sur une branche, et tenta maladroitement de se rattraper au premier venu. Situation clichée ? Sûrement.

Beau - tiens, on va l'appeler comme ça maintenant - prit la cigarette et réussit à l'allumer en frottant deux pierres (les scouts, ça sert). Elle ne s'était pas trompé, c'était vraiment dégueulasse. Et maintenant, elle commençait à tousser. Tout ce petit monde parlementa, et on décida de marcher un peu pour trouver une sortie à cette forêt onirique. Elle n'était pas contre non plus, et elle marcha avec les autres en se faisant discrète sur un petit chemin moyennement engageant. Maintenant, elle se rappelait qu'elle haïssait les super balades en forêt où ses parents la trainaient tous les week-ends parce que soi-disant "elle avait besoin de s'aérer un peu". Foutaises. Elle respirait parfaitement bien et n'avait pas besoin de crapahuter des heures dans la boue et les insectes pour être en bonne santé, et encore moins pour s'amuser.

Le petit garçon marchait en tête de groupe en mode petit poney, et perdit brutalement l'équilibre pour s'écraser sur la dénommée Hermine. Peut-être avait-elle encore perdu son pantalon. Belle l'aurait volontiers aidée, elle lui avait gentiment passé une cigarette après tout, mais elle fut soudainement prise d'une horrible quinte de toux qui menaça de l'étouffer.

 ▬ Ne faites pas attention à moi… Finalement aidez-moi parce que je vais vraiment y passer là!

Suivi d'une nouvelle séquence de croassements et autres bruits horribles provenant d'une Belle (probablement) à deux doigts de l'insuffisance respiratoire. Ce qui était sûr, c'est que le tabac, c'était définitivement terminé.

H n'avait pas spécialement l'habitude de marcher en tête de groupe. Elle préférait être à l'arrière. A vrai dire elle n'avait jamais eu un sens du leadership très développé. Et elle en était plutôt contente.
Prendre des décisions, c'était se heurter à des responsabilités.

Quoi qu'il en soit, sa main balaya encore son visage, et cette sensation n'était pas affreuse. Elle s'était toujours demandé comment c'était d'être un mec. Dommage qu'elle ne puisse pas vraiment profiter de l'expérience.
Pendant quelques secondes elle oublia la sécurité de sa main serrée sur son froc pour s'étirer, et jouer avec ses bagues. Ouais, son rôle de mec lui déplaisait pas tant que ça. Et puis il connaissait des filles qui aimeraient particulièrement bien sa nouvelle apparence, à Paname... Elle pouffa, en se disant que la testostérone n'arrangeait pas vraiment son côté salace.

Et puis elle senti un truc s'accrocher à son pantalon, qui glissa encore une fois - la malédiction de l'exhib' ne la lâchait pas visiblement... - sur ses mollets et ses pieds trébuchèrent pour la laisser tomber lourdement au sol. Le visage dans la terre quasi jaune, H recracha tant bien que mal ce qu'il avait dans la bouche et se tourna sur la raison de l'accident. Il eut tout juste le temps de voir le sourire désolé de Corentin avant d'entendre Mr Nuisette s'étouffer, les poumons récalcitrants à la nicotine.

"Bon Dieu de merde, je savais bien qu'un mec en nuisette pourrait pas tolérer le tabac..."

Il se releva prestement en remontant son pantalon, pas vraiment de gêne sur le visage - c'était la deuxième fois, il était sûr que tout le monde s'en foutait maintenant - et se dirigea vers le mec dont le visage était passé au vert citron et qui recrachait ses poumons comme si ils voulaient s'enfuir de sa cage thoracique. Hermine avait déjà eu plusieurs fois l'occasion d'assister à une crise d'asthme mais la ce n'était pas vraiment la même chose. Et le seul truc qu'elle avait dans son bordel, dans ses poches, c'était... Holy shit.


Sa main se fourra dans la poche basse de son pantalon, et en sortit une flasque métallique qui semblait provenir tout droit de la guerre de cent ans. H ouvrit le petit capuchon et parla calmement a Mr Nuisette en lui tendant l'objet.

"Allez ma vieille, cul-sec! Ca va te sortir de la, t'inquiètes pas!"

Elle espérait que ces quelques gorgées de vodka calmerait la toux du jeune homme en face d'elle. Mais ça ne devrait pas lui faire de mal, de toute manière. Elle espérait aussi qu'il lui en laisse un peu...

Lorsque Corentin chuta et se rattrapa au pantalon d’Hermine, Elise éprouva une étrange sensation de déjà vu. Le facétieux vêtement avait du tout volontairement placer là cette racine afin d’avoir un autre prétexte pour se faire la malle. Réellement, y a plus de respect pour rien maintenant…
Puis les bronches de Wonder man s’obstruèrent et c’est plié en deux qu’il finit. En définitive c’était la débandade. Du pantalon jusqu’aux bronches, tous criaient indépendances. La situation allait finir par dégénérer.
Elise regarda la scène en se demandant que faire. Aider les autres dans ce genre d’instant ce n’était pas sa tasse de thé au lait, lui ce qu’il aimait c’était les relations humaines. Et là de toute évidence le gars en nuisette ne traversait pas un problème existentiel. Heureusement pour lui Hermine prit le relais en lui tendant une flasque remplit d’un alcool quelconque. C’était une idée comme une autre et sur le coup Elise la trouva très bonne. Enfin. Si il avait eu de quelconques notions de médecine il aurait su que donner de l’alcool à une personne crachant ses poumons n’était pas chose recommandable mais Elise n’avait pas choisit Théâtre pour rien. Il s’amusait beaucoup de la situation. Le précieux gars en nuisette découvrait la cigarette et l’alcool. Plus que la drogue (la vrai), le sex et le rock n’ roll et le compte serait bon. Mais pour le coup cette entreprise risquait d’être compliquée. La drogue (la vrai) c’était pas facile à trouver dans un rêve. Enfin. Dans CE rêve. Et quand aux restes. C’était tout aussi compliqué.
Passant du coq à l’âne Elise se demanda si ils trouveraient réellement une issus au bout de ce chemin. Le rouquin le souhaitait tellement. Il sentait que s’il ne quittait pas bien vite cet endroit ses yeux allaient se mettre à saigner, puis à fondre, puis à tomber. Et il tenait à ses yeux. Même dans un rêve, une hallucination ou je ne sais quoi d’autre. Ainsi il attendit que l’asthmatique se soit remit et partit à nouveau vers le bout du chemin, priant pour qu’ils l’atteignent bientôt.

Coraline regarda, stupéfaite, le pantalon qu'elle tenait fermement. C'était le pantalon rebelle d'Hermine, qui s'était fait une joie de redescendre avec elle dans sa chute. La brunette s'excusa, puis se releva. Bon, ce n'était pas un drame, elle avait déjà vu le boxer d'Hermine une fois, une deuxième ça ne la tuera pas.

Sauf que ça sembla tuer Nuisetteman, qui toussait à mort. Coraline ne savait pas ce qu'il avait fait, soit il avait ingéré une substance dangereuse soit c'était vraiment le boxer d'Hermine qui avait fait ça, mais en tout cas il ne semblait pas en forme.

Coraline laissa cette affaire aux autres gens de son rêve, de toute façon elle ne pouvait pas vraiment proposer une bouteille d'alcool. Elle n'en avait pas. Elle préféra se détourner de la vision d'horreur qui pourrait se passer -Nuisetteman ivre- et taper ses pieds dans les feuilles pour les faire voler. Elle attendait que le travesti aille mieux, puis suivit Elise qui partit continuer le chemin. 

Cette fois-ci, Coraline fit plus attention où elle mettait ses pieds. Un autre coup du sort et le pantalon d'Hermine ferait encore sa révolution, donc il fallait qu'elle reste sur ses gardes pour ne pas que le pauvre homme se balade les trois quart du temps en sous-vêtement. 

Et pof, au milieu de tous les arbres, enfin quelque chose qui ressemblait à une sortie. En fait, non. C'était une vallée. Avec, au milieu, une maison rose pale. Coraline vérifia ses vêtements pour être sûre d'être sortie de cette forêt psychédélique aux couleurs un peu trop audacieuses, et son pyjama vert la rassura. Ses compagnons se révélaient être roux, sauf le travelo qui était blond. 

Coraline s'approcha de l'étrange maison, faisant signe aux autres de s'approcher. Elle toqua à la porte, mais comme personne ne répondait, elle essaya de la défoncer. Malheureusement, sa petite carrure l'empêchait de briser la porte en deux comme les héros de film trop classes.

« Venez m'aider à enfoncer la porte ! Et si y a des gens dedans, on se barre en courant. »

Après avoir fait une remarque sur son air efféminé, provoquant l'hilarité d'Elise (ce qui ne lui aurait pas du tout plu si elle avait été un homme), Hermine lui tendit une flasque rempli d'un liquide que Belle ne prit pas le temps d'identifier (elle était proche de la mort, après tout). Elle la lui prit des mains et engloutit une bonne partie de son contenu. Au début, l'alcool -parce que visiblement, c'en était- rafraîchit ses poumons en feu mais peu après, elle recracha tout sur l'herbe multicolore.

 ▬ Je supporte pas le goût de l'alcool, bon Dieu! C'est si bizarre que ça de se balader avec une fichue gourde remplie d'eau?!

Se rendant compte qu'elle n'avait pas pris en compte les bonnes manières, elle se ravisa.

▬ Mais merci quand même.

Sur ces bonnes paroles, elle rendit la flasque à l'intéressée. Et voilà, maintenant elle ne toussait plus mais avait cette saveur désagréable dans la bouche. Vivement qu'ils trouvent un ruisseau ou un truc dans le genre. Sans compter les effets de l'alcool qu'elle sentait venir, n'en supportant pas la moindre goutte.

Entre temps, l'autre avait encore perdu son pantalon. Cela lui rappelait décidément ces vieux spectacles comiques. Le groupe continua à marcher, Belle en chancelant quelque peu, quand la forêt s'ouvrit et les couleurs cessèrent de s'amuser. Le bonheur de retrouver sa bonne vieille nuisette bleu ciel et ses cheveux blonds la submergea tellement qu'elle trottina et ria gaiement au côté de ses joyeux compagnons (sûrement le début de l'ivresse).

Corentin tomba sur une petite maisonnette et tenta de casser la porte, en vain. Elle demanda aux autres de l'aider, et Belle se porta volontaire.

▬ Laissez faire la pro!

La jeune fille se jeta sur la porte en bois, mais réussit uniquement à s'assommer elle-même. Elle s'écroula dans l'herbe, et sonnée, resta immobile ici en pensant que cela la réveillerait sûrement de ce rêve horrible où tout le monde la prenait sûrement pour une fillette et où même quelques arbres étaient contre elle.

Spoiler:

Coraline regarda avec un sourire presque ironique Nuisetteman qui alla en mode kamikaze se jeter contre la porte. Déjà qu'il avait l'air ivre, en plus il voulait se suicider. 

Le faux garçon retourna vers la porte, enjambant le corps du blond, puis essaya de l'ouvrir de manière plus conventionnelle. Oh, elle était ouverte. Quel dommage, Nuisetteman s'était fracassé le crâne pour rien. 

Coraline fit quelques pas à l'intérieur de la maisonnette. Celle-ci était remplie de meubles tout mignons.

Mignons, mais géants. La brunette se retrouvait devant une chaise qui faisait deux fois sa taille. Ses mains essayèrent d'escalader, mais elle était trop petite. 

« Vous pouvez m'aider à monter ? En haut on verra mieux ! »

Mister Nuisette avait l'air furieux. Et H se demandait si elle avait déjà vu quelqu'un engueuler une personne lui proposant de l'alcool... M'enfin, c'était plutôt comique. Et puis au moins l'autre avait l'air vivant et il ne toussait plus. Petit miracle en soi.

Le rouquin reprit sa flasque et fut heureux d'y trouver quelques gorgées. Il en but une, puis deux. Après tout, merde, elle avait des attributs masculins, de la barbe - est-ce que sa barbe était rousse? - et elle se baladait en pleine forêt sortie d'un rêve de perché avec des inconnu(e)s. Autant picoler.

Elle proposa le reste à Elise, et continua d'avancer un moment, avant de plonger ses mains dans les poches de son fut'. Ou avait-elle mis ses clopes, déjà? Ah, la. A côté du truc en verre minuscule.
H suivit ses comparse jusqu'à la lisière de la forêt -enfin, une sortie, hourra - en remontant encore une fois son pantalon qui risquait décidément de s'enfuir. Connerie de fringues.

Corentin fonça vers une espèce de maison rose, pendant que tous recouvraient leur esprits grâce à la douceur des couleurs ordinaires. Ah non, pas Mr Nuisette, qui dansait presque vers la maison, riant et leur faisant du coude. Alors il tenait aussi mal l'alcool que ça... Drôle.
D'ailleurs il s'assoma en voulant enfoncer la porte - qui dû lui faire assez mal, la fourbe - et le gamin ne fit presque pas attention à lui en l'enjambant. Hermine roula les yeux aux ciel et lui tendit une main pour le relever, sourire aux lèvres.

"Tu devrais te méfier, je sens que les portes et toi n'êtes pas très amies..."

Puis en rentrant elle se sentit halluciner derechef, en contemplant les meubles taille XXL. Elle explosa de rire. C'est sûr que du haut de ses 1m90, ça lui semblait moins grand qu'aux yeux de Corentin.

"Wow les mecs, j'ai enfin trouvé une baraque à ma taille! Cet endroit est tordant!"

Elise accepta très volontiers le reste du contenu de la flasque. Après tout ça ne pouvait pas lui faire de mal et en authentique écossais il tenait très bien l’alcool. C’est donc avec un plaisir certain qu’il avala la dernière gorgé pour lui rendre sa flasque. Il apprécia par la suite avec un léger sourire l’état d’ébriété dans lequel semblait être Wonder man. Il avait peut-être été comme lui la première fois. Ca avait dû être drôle à voir.
Trêve de souvenir, retour à l’instant présent et notamment au fait que Corentin s’était précité vers une « adorable » petite maison. Petite maison qui ressemblait trait pour trait à celle que lui avait offert une tante pour un Noël. Il en avait fait des cauchemars pendant des mois.
Pour couronner le tout, toute la troupe eu l’air très enthousiaste quand à l’idée de la visiter. Mauvaise nouvelle, mauvaise nouvelle…
Enfin au moins les couleurs avaient repris leur place et c’est avec joie qu’il put constater le retour flamboyant de sa crinière. Toujours trop courte à son goût hélas mais au moins il n’avait plus l’impression de sortir d’un très mauvais coiffeur. Le jeune homme put voir qu’il n’était pas le seul à accueillir avec joie les nouvelles couleurs. Wonder man semblait très (trop) heureux de retrouver son blond naturel.
La proximité définitivement trop proche de la maison l’empêcha de rire lorsque ce dernier s’assomma en voulant défoncer la porte. Porte qui, par ailleurs, n’était absolument pas fermé.  Il  fut le dernier à rentrer, se demandant ce qui pouvait tant amuser les autres. Son malaise se renforça lorsqu’elle découvrit la chose en question. Des meubles. Oui, des meubles. Cela est parfaitement normal dans une maison me direz vous mais là ces meubles était carrément énorme ! Taillé pour les très grandes tailles.
Le doute ne fut plus permis.
Ils ne pouvaient être que dans une maison de poupée. A coup sûr les propriétaires (d’horribles poupées de bois désarticulées ça ne pouvait être autrement) aller arriver pour les manger en guise d’amuse-bouche.

"Wow les mecs, j'ai enfin trouvé une baraque à ma taille! Cet endroit est tordant!"

L’exclamation joyeuse d’Hermine la tira de ses élucubrations macabres. Il était bien vrai que les meubles semblaient presque faits pour elle.
Mais le fait qu’elle trouve l’endroit tordant ne lui plaisait pas du tout. Il n’était pas tordant, il était terrifiant.

« Le point positif c’est qu’au moins on risque plus de perdre nos yeux… »

Le rouquin resta en retrait, près de la porte. Il devait être prêt à fuir à tout moment. Mais ce qu’il n’avait pas encore encadré c’est que sa curiosité l’emportait toujours, quoi qu'il fasse.

Toujours.

Coraline remarqua que personne ne l'avait aidée à monter. Tant pis, elle montera toute seule ! Ses mains cherchèrent des prises, puis avec un peu d'efforts elle réussit à escalader la chaise, puis la table. 

Debout sur cette dernière, elle pouvait regarder les alentours. Elle entendait vaguement Elise et Hermine qui faisaient des commentaires en bas, mais elle se concentrait sur une forme un peu vague au loin. Elle plissa ses yeux, pour mieux voir, puis sa mâchoire se décrocha. 

« AAAAAH PUTAAAAAIIN UNE POUPÉE GÉANTE S'APPROCHE ! »

Coraline se redressa, complètement affolée. Et... et quelque chose de brillant luisait dans la main de la poupée. Bon dieu, dites-moi que c'est un bijou. Une casserole. N'importe quoi. Mais pas un couteau !

Tandis que le remake de Chucky s'approchait, Coraline sauta de la table pour atterrir dans les bras de... heu... la personne qui la rattrapera. 

H n'en pouvait plus d'admirer la maison taille géant, et vit du coin de l'oeil Corentin monter sur une table.
Alors elle repensa au petit truc en verre au fond de sa poche, et le sorti avec les yeux brillants. Bonne idée, ouais, carrément. A coup sûr le rire du rouquin allait se faire nettement plus bizarre qu'il ne l'était déjà, mais osef. Autant s'amuser jusqu'au bout. Il ouvrir le flacon, se boucha une narine, inspira fortement pendant quelques secondes. Puis expira en rigolant comme un gogole, les joues rouges et la vision quelque peu brouillée.

"Quiquiqui veux du Poppers? Allez les mecs c'est ma tournée!"

Il en proposa à Elise et à MrNuisette en pouffant comme une midinette, et sentait déjà les effets redescendre, mais c'était vraiment cool. Enfin, H se rappela quel était le principal but du poppers et eut une grimace. Mieux valait ne pas y penser, surtout dans son état actuel.

Puis elle entendit le cri de Corentin, qui s'était perché sur une table à côté d'eux, et qui sauta sans crier gare dans ses bras tout tatoués. Elle eut le temps de le rattraper et laissa échapper un juron sous le choc mais ses jambes et son dos tinrent le coup - étrangement il se sentait plus balaise avec ses bras de mec. Puis en posant le gamin sur ses jambes, son cerveau comprit enfin ce que ce dernier avait crier avant de sauter.

"Sérieusement, une POUPEE GEANTE? Mais heu, elle a l'air si affreuse que ça?"

Puis il sentit un pas lourd se rapprocher d'eux, se redressa sur la pointe des pieds - sa tête dépassait tout juste de la table - et vit un énorme truc marcher vers eux, avec un regard vide et l'air assez malsain. Oh my God, la trouille.

Elise reconnu immédiatement le flacon de verre qui jaillit d’une des poches du pantalon d’Hermine. En plus d’être rebelle, ce dernier était un véritable coffre au trésor. Bien qu’il n’ai jamais essayé, il jugea que c’était le bon moment pour tester la chose. Après tout il était dans je ne sais qu’elle fantasmagorie étrange, alors autant en profiter. Par ailleurs dans une telle situation un peu d’euphorie en flacon ne lui ferait pas de mal, même éphémère. Malheureusement la petite Elise, elle, ne connaissait pas l’effet de base sinon certainement qu’elle y aurait réfléchie à deux fois avant d’accepter.
Le nuage d’hilarité sur lequel il venait de prendre pied se troua bien trop vite à son goût. Et bien trop au mauvais moment d’ailleurs. Ce fut l’exact instant où Corentin hurla qu’une poupée géante arrivait droit sur eux et sautait de son promontoire aux bras d’Hermine.
Nom de dieu, il savait que ça puait cet endroit, il le savait parfaitement et pourtant il avait suivi les autres à l’intérieur. Bordel mais pourquoi fallait-il qu’il soit suffisamment idiot pour suivre une bande d’inconnu dans un endroit potentiellement dangereux ?
L’air de peur qui se peignit sur le visage de l’autre rouquin lorsqu’il jeta un coup d’œil suffit à le faire paniquer. Il se précipita sur la porte, espérant la trouver ouverte et se précipiter dehors à toute jambe. Seulement pour son plus grand malheur et comme dans tout scénario un peu cliché qui se respecte la porte d’un endroit flippant se referme toujours par opération divine (diabolique plutôt mais nous mettrons cette erreur sur le dos de la peur. Elle a le dos large la peur…)

"Bien. Ne pas paniquer. Ne surtout pas paniquer."

L’apparition de la chose suffit à lui faire oublier sa bonne résolution. Déjà que le pas digne d’un troupeau d’éléphant américain lui avait fichu la trouille maintenant c’était fini, impossible de la rattraper.  Dès à présent il s’énervait comme un dingue sur la poignée, espérant que cela servirait à quelque chose. Lorsque la dite poignée lui resta dans la main elle se sentit con pendant un instant. Un très long instant.
Puis elle recommença tranquillement à paniquer, la poignée toujours serrée dans la main comme si cela allait réellement servir à quelque chose.