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Paris semble endormie

Une tasse de café, des amas de feuilles, une radio qui grésille, Camille laissa une fumée blanche s'échapper de ses lèvres, faisant tomber quelques cendres dans un cendrier improvisé. Elle soupira, assise sur une vieille chaise, regardant par sa fenêtre les rues silencieuses de cette ville pourtant toujours vivante. Elle ne l'avait jamais vu aussi calme, même pour un mois d'août. Chacun s'était enfermé chez lui, craignant les bactéries. L'homme se disait en haut de l'échelle alimentaire, mais finalement, il était si vulnérable... Quelques parasites et le voilà reclus chez lui comme un pauvre petit bébé à pleurer après sa maman. Et pour continuer en cette triste journée, nous allons vous passez un de plus grand tube des Beatles... Quittant son bureau, Camille se leva et contempla de plus près à travers cette vitre protectrice le désastre. Au fond elle, elle ricana : il ne manquait plus que quelques zombies et l'on aurait pu se croire dans un film de Nerd. Terminant sa nicotine, elle l'écrasa dans ce bout de cannette qui lui servait de cendrier. Elle en aurait bien rallumé une deuxième, mais elle se ravisa, se contentant simplement de retourner à son bureau, d'ouvrir un tiroir et enfila un de ces masques chirurgicaux qu'elle avait pu acheter avant que les stock soient vidés. Il était hors de question qu'elle rate une occasion pareil.
Elle savait que c'était dangereux et irresponsable de faire ce qu'elle allait faire, mais qu'importe, l'idée était logée dans sa tête et elle ne partirait pas tant qu'elle ne l'aurait pas fait. La hantant jour et nuit, jusqu'à ce qu'elle sorte enfin de chez elle, appareil photo en main. Et c'est ce qu'elle fit. Cependant, elle s'imposa une sortie maximum de deux heures. Autant ne pas prendre trop de risque. Une fois sur le pas de la porte de son immeuble, elle mis le chronomètre en route et commença son travail. Profitant des rues silencieuse, des multitudes de cadrages possible. Si elle était hypnotisée par ses photographies, elle se rendit bien vite compte du silence angoissant qu'apportait cette absence de vie. Il y avait quelque chose de mystérieux, de fascinant, mais en même tant d'effrayant.
Quelques sans abris qui avaient refusé d'aller dans des centres erraient encore, mais elle ne leur donné guère longtemps à vivre. D'ailleurs elle resta le plus loin d'eux possible. Non pas qu'elle ne les aimait pas, mais c'est comme pour un lépreux ou quelqu'un atteint de la peste : on les fuit par peur d'être contaminé à son tour. Le bruit de ses pas et de son appareil raisonnaient dans les rues vides. Parfois elle croisait un chat ou quelques rats, mais tous fuyaient, cherchant sans nul doute un endroit où s'abritait et se protéger. C'était un spectacle extraordinaire, elle ne serait sans doute pas prête de l'oublier. Mais quel prix fallait-il payer pour voir ce genre de choses ? Ce côté lugubre lui glaçait le sang, secouant la tête elle remis ses idées en place, freinant par la même occasion une envie de nicotine.
Ses pas la guidait au hasard dans les rues de la ville, profitant parfois d'une place, d'un lieu ou d'un bâtiment populaire pour l'immortaliser. Camille avait fini par se poser face à la Seine. Son regard était captivé par cette eau stagnante, sale, repoussante. Paris avait en quelque sorte perdue charmes. Nouveau soupir, Camille avait bien envie de s'en griller une, mais elle ne pouvait pas, son masque l'entravait. Jetant un regard sur sa montre, adossé au mur des quais, elle se rendit compte que cela faisait déjà maintenant une heure.
Alors qu'elle se remettait à la photographie, elle entendit des pas raisonner dans le silence. Elle se crispa, prête à fuir, puis se fut une petite voix, étouffé par un bout de tissu qui l'interpella. Camille se détendit, se retournant pour lui faire face. Elle mit quelques secondes avant de reconnaître la petite fille du parc. Il faut dire que sous son camouflage, il était dur de la distinguer. Elle avait prit toute ses précautions, elle se demandait même si elle n'étouffait pas de chaud en dessous. Amusée par cette vision, elle s'empressa d'en faire un cliché. Elle qui portait simplement un pantalon avec un t-shirt à manche longue, elle se sentait bien légère à côté de l'enfant.
_Salut petite. Quel drôle d'accoutrement, j'ai faillit ne pas te reconnaitre. Mais qu'est-ce que tu fais ici ? Ne devrais-tu pas être à l'abri chez toi ? Tu habite loin ? Tu veux peut-être que je te raccompagne ?
Elle s'était accroupis pour être à sa hauteur, cachant un sourire en dessous de son masque. La voir comme ça lui donné envie de la photographier. Elle était si amusante, en contraste total avec la ville. Mais en même temps, elle n'était pas totalement inconsciente, c'était une enfant et elle était plus sensible que les adultes. Ses parents devaient d'ailleurs s'inquiéter pour elle. Camille espérait simplement que cela ne faisait pas longtemps que la petite était sortie de chez elle. Elle était peut-être irresponsable pour elle, mais elle ne voulait être responsable d'une contamination d'une enfant.

Paris semble endormie

Elle avait ce côté attachant que beaucoup d'enfants possédaient, mais il y avait autre chose, un petit truc qui donne toujours envie de sourire quand on la voyait. Camille savait que cette petite devait être un rayon de soleil pour son entourage et elle ne doutait pas sur le fait qu'un immense sourire innocent devait se cacher sous ce masque. Ses joues légèrement brunies, par la chaleur ou la gène et ce comportement typique des enfants, ce tortillement amusa un peu plus la photographe. Avoir des enfants, elle ne l'avait jamais envisagé, préoccupé par son métier, mais face à cette fille, elle se demandait si ce n'était pas quelques choses à envisager. Enfin, son âge lui revint rapidement en mémoire et elle oublia alors cette idée.
Comme excuse à sa sortie, elle lui présenta une petite peluche qui selon ses dires était son grigri. Elle comprit alors pourquoi elle avait du braver les interdits, un grigri, cela ne s'oublie pas dehors et encore moins dans ce genre de situation. Néanmoins, il devait être contaminé, il vaudrait donc mieux le nettoyer et le désinfecter avant qu'elle ne puisse de nouveau jouer avec. Alors qu'elle s'apprêtait à lui demander si elle pouvait le lui emprunter, elle vit la petite regarder les sans-abris, l'air probablement inquiète et un peu effrayée. Pour la rassurer, elle posa une main sur son épaule et la petite reporta son attention non pas vers son interlocutrice, mais plutôt vers son appareil photo. Elle semblait curieuse et intriguée. C'est vrai que lors de leur première rencontre Camille dessinait, elle ne s'attendait donc peut-être pas à la voir avec un appareil. D'ailleurs, savait-elle vraiment ce que c'était ? Faisait-elle vraiment la différence entre ceux qu'elle devait avoir pour jouer et un vrai ? Quoi qu'il en soit, elle ne tarda pas à demander à la jeune femme de la prendre de nouveau en photo. Elle avait dû apprécier la première fois il y a quelques minutes.
Camille ne pouvait pas répondre à la légère, c'est vrai qu'il était tentant de la photographier, dans cette tenue et dans ce décors, mais c'était une enfant et la ville n'était plus saine. Mais après tout, elle pouvait bien se permettre quelques minutes de photographie. La petite était plus que couverte, elle ne devait donc probablement pas risquer grand-chose. Seulement, elle la devança et se présenta. C'est vrai qu'elle n'avait jamais fait les présentations, elles ne connaissaient jusqu'à présent que leur visage.
_ Enchanté Coraline. Moi c'est Camille.
Elle esquissa un sourire puis prit son appareil photo entre ses mains.
_C'est d'accord pour les photos, mais promet moi d'être sage et de bien m'écouter ? Si je te dis de ne toucher à rien, tu ne touches à rien d'accord ?
Elle la regarda sévèrement, lui montrant qu'elle était sérieuse et que ce n'était pas quelque chose à prendre à la légère.
_D'ailleurs accepterais-tu de me prêter ton grigri ? Il est tout sale et sans doute malade, je pourrais m'occuper de le nettoyer et de le soigner. C'est dangereux pour toi de le garder, il pourrait te rendre malade sans le vouloir. Je te promets de te le redonner dans un ou deux jours, le temps de prendre soin de lui. Qu'en pense tu ?
Elle attendit patiemment la réponse. Elle se doutait que ce ne serait pas évident pour la petite, car après tout, il s'agit de son doudou porte bonheur, il n'est pas évident de s'en séparer aussi facilement et surtout auprès d'une inconnue.

La jolie jeune femme s'appelait Camille. Coraline pensa avec amusement que leur prénom commençait par C tous les deux, et elle fut emplie de cette joie d'enfant qui rigole pour un rien. Elle espérait quand même que son comportement enfantin ne gênerait pas Mademoiselle Camille pour faire ses photos. Mais là la brunette ne pouvait pas tenir en place.

Quand mademoiselle Camille prit son appareil photo, le regard de Coraline se dirigea sur lui, avec de l'admiration pour cet objet. Coraline avait déjà vu ce genre d'appareil, elle savait qu'ils étaient couteux, et que c'était de véritables trésors pour la plupart des personnes, enfin, ce n'était pas des appareils photos jetables qu'on pouvait acheter à vingt euros sur le marché. 

Coraline écouta sagement les recommandations de Camille, mais de toute façon elle n'aurait rien touché sans permission. Malgré tout, elle savait que les adultes étaient plus rassurés comme ça, et même la brunette pouvait le comprendre. Laisser un appareil photo aussi beau à ce qui semblait être une enfant de douze ans, c'était un peu risqué parfois. Mais Coraline savait la valeur de l'objet et hocha la tête docilement. Elle n'était pas aussi naïve, et le ton sérieux employé par la jeune femme la renseignait bien sur son "lien" avec l'appareil. 

Et puis Camille lui demanda de lui confier son grigri. Coraline réfléchit. C'était vrai que vu l'endroit où il avait été trouvé, il y avait de fortes chances qu'il contienne le virus de la maladie. Et elle ne savait pas bien désinfecter les choses, et si elle se trimballait avec lui dans son appartement, sa famille serait peut-être touchée. Et sa mère serait horrifiée d'avoir à s'occuper d'un sac à microbes pareil, et le jetterai. Ça faisait presque mal au cœur de se séparer de son doudou préféré, mais entre être lavé et être jeté, Coraline choisit vite. Elle ne voulait que le bien de son grigri. Elle le tendit solennellement à mademoiselle Camille. 

« Je vais vous le passer alors. Prenez grand soin de lui ! J'espère qu'il vous portera chance à vous aussi pendant les quelques jours où il séjournera chez vous ! »

Puis la jeune fille pensa qu'il fallait qu'elle donne son adresse, non, son numéro de téléphone plutôt. Sa mère ne l'autorisait pas à donner son adresse aux inconnus, même s'ils étaient charmants, chose logique d'ailleurs. Alors Coraline demanda à Camille : 

« Est-ce que je pourrais avoir votre numéro de téléphone ? Je je puisse vous demander des nouvelles de mon grigri ! »

Comme ça, elle n'aurait pas de problèmes. En plus, elle oubliait tout le temps son numéro de téléphone. Puis ses yeux se dirigèrent encore vers l'appareil photo, comme un aimant. Elle attendait patiemment que Camille lui donne l'autorisation de faire quelque chose. Coraline ne voulait surtout pas paraitre impolie et décida que ne rien dire était une bonne solution, parce que montrer son empressement aurait peut-être fait douter Camille.

Paris semble endormie

Elle gesticulait, semblait ne pouvoir tenir en place, mais Coraline lui tendit solennellement sa peluche, lui demandant d'en prendre le plus grand soin possible. Elle souhaita aussi qu'il lui porte bonheur. Camille esquissa un sourire. Elle douta fort qu'il lui porte bonheur, car ce n'était pas le sien. Après tout, un grigri ne fonctionne qu'à partir du moment où l'on y croit. Elle fera sans doute semblant qu'il ait fonctionné pour elle, pour lui faire plaisir. Face à un enfant, les adultes mentent souvent pour les rendre heureux, leur caché les tristes vérités. D'une certaine manière, même si le monde veut les voir grandir, leur entourage continuent d'alimenter leurs fantaisies. Malgré tout, elle prit l'objet délicatement après avoir saisi un mouchoir dans son sac à dos. Elle avait alors vidé le sachet pour pouvoir l'y ranger sans qu'il contamine le reste. Une fois la manœuvre finie et s'être assuré qu'il ne bougerait pas, elle replaça son sac dans son dos et sourit chaleureusement à l'enfant derrière son masque.
_Ne t'inquiète pas, il est entre de bonnes mains. Je serais la plus délicate possible pour ne pas te l'abîmer.
Pour terminer le sujet, elle répondit à l'attente de la petite en sortant de sa poche sa carte de visite. Dessus il y avait l'adresse de son bureau, mais aussi son numéro de portable ainsi que son mail. Elle aurait ainsi tous (ou presque) les contacts nécessaires pour la joindre et être rassurée sur l'état de son précieux.
_J'attendrais donc tes appels avec plaisir et impatience.
Elle disait plus ou moins vrai. Certes elle attendrait ses appels et cela lui fera sans nul doute plaisir de l'avoir à l'autre bout du fil, mais l'impatience ne sera pas là. D'ailleurs elle espérait au fond elle que la petite ne l'appellerait pas aussitôt rentrée. Elle n'aurait sans doute même pas encore commencé à le nettoyer. D'ailleurs, elle y pensa que maintenant, mais que dira son colocataire à la venu de ce nouvel intrus rempli de microbe ? Pas de doute qu'il sera désapprobateur, mais elle ne le lui laissera pas le choix. Après tout, elle avait bien toléré de le voir traîner dans l'appartement toute la journée et dieu merci, il avait enfin trouvé un job.
Se redressant et prenant son appareil photo en main elle fixa gentiment Coraline. Elle semblait impatiente, mais en même temps voulait probablement rester polie, attendant le feu vert de la photographe qui allait le lui donner sans plus tarder.
_Bon et si on s'y mettait pour faire ces photos ? Prend toutes les poses que tu veux, mais je te rappelle ne touche à rien, aucun mur, aucun meuble, pas même un poteau. Ils sont tous probablement contaminé et je ne veux pas que l'on prenne plus de risque.
Elle lui adressa un dernier regard sévère pour être sûre que le message passe bien puis se mit en place derrière l'objectif, attendant que l'enfant se mette en place, puis appuya à intervalle régulier sur le déclencheur ou quand elle trouvait que son modèle avait une pose intéressante, amusante, voir même curieuse. Ce qui était plutôt fréquent, la tenue aider pour beaucoup.
Camille s'amusait, cela faisait longtemps qu'elle n'avait pas fait de telles séances. Enfin le cadre particulier n'y était pas pour rien non plus. Elle espérait que Coraline prenne autant de plaisir qu'elle, car ces photos étaient faites principalement pour lui faire plaisir.

Coraline avait prit la carte de visite de Camille, impressionnée que celle-ci lui sorte ce petit papier qui faisait très professionnel. Elle le fourra dans une de ses poches, notant dans un coin de sa tête de ne pas l'oublier en mettant ses vêtements dans la machine à laver.

Puis Camille lui donna encore des instructions. Coraline avait l'impression d'avoir sa mère en face d'elle. La petite savait qu'elle était un peu folle -sortir en temps d'épidémie- mais elle ne l'était pas assez pour toucher tout ce qui était infecté. Bon, elle avait touché son grigri mais c'était à cause de la joie de le revoir. Elle hocha quand même la tête, comme une fillette obéissante.

Puis sa patience fut récompensée puisque Camille prit son appareil photo et les deux jeunes filles purent commencer la séance. C'était la première fois que Coraline se faisait autant prendre en photo, celles que prenait sa mère en vacances ne comptaient pas vraiment. Là, elle pouvait tester des poses dans ce décor, familier mais pourtant atypique, et sa tenue devait rajouter un peu de comique.

Déjà, elle resta plutôt immobile, se tenant toute droite et joignant ses mains, avec un petit sourire. Puis, elle leva les bras en l'air et sa bouche s'ouvrit en grand, comme si elle était dans une attraction à sensation et qu'elle s'amusait beaucoup. Ensuite elle sauta, en espérant que Camille arriverait à prendre le cliché au bon moment. Coraline s'amusa aussi à faire une révérence, ses doigts tirant délicatement sur le tissu de sa robe et sa jambe droite passant devant la gauche.

Elle demanda ensuite à Camille de lui tenir son chapeau et son écharpe, pour qu'elle ait l'air moins... Étouffée sous la couche de vêtements. Puis elle fit diverses poses, jouant avec ses longs cheveux pour qu'ils fassent de jolis effets. Elle se demandait si la photographe s'amusait autant qu'elle.

« Mademoiselle, est-ce que les photos rendent bien ? » puis, après une pause : « ce n'est pas ennuyeux de ne jamais être devant l'objectif ? »

Coraline était soucieuse de savoir si Camille ne s'ennuyait pas. La petite demoiselle n'a jamais beaucoup pris de photos, et en conséquence elle ne savait pas ce que la personne qui tenait l'appareil ressentait. Peut-être que c'était follement amusant !

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La séance photo avait commencé, récompensant la patience et la politesse de l'enfant. Camille, l'appareil photo en main s'amusait à voir la petite prendre visiblement beaucoup de plaisir. Elle n'arrêta pas de changer de position, prenant parfois des positions assez étranges. Quand elle sauta, elle essaya de bien saisir l'instant, mais ne s'attarda pas sur l'aperçut, voulant être sûr de capturer tous les instant. Il lui fallut par moment se retenir de rire. Coraline lui fit une révérence à laquelle la photographe répondit, tout en continuant d'appuyer sur le déclencheur, changeant parfois d'axe ou de hauteur. Bien sûr, la plus part des positions étaient prises au feeling, elle ne pouvait pas prévoir ce qu'allait faire son jeune modèle.
La séance s'arrêta un instant, coraline sembla vouloir se délester un peu, ayant probablement trop chaud. Elle tendit alors à Camille son chapeau et son écharpe qu'elle enfila et attacha autours de sa taille. Cela ne la dérangeait pas de garder ses affaires, mais il était hors de question qu'ils trainent. Le chapeau était un peu étroit pour elle, mais cela allait encore. L'avantage de ne pas être grande...
Reprenant alors les poses, la petite sembla s'amuser de plus belle, jouant avec ses cheveux. Cela faisait sourire encore et encore la photographe. Elle n'avait pourtant pas l'habitude de sourire autant, elle qui se contentait d'un visage neutre ou une esquisse de sourire. Seulement la plus jeune était une véritable bouffée d'air et de joie de vivre. Elle contaminait sans doute tout son entourage avec son sourire (même si invisible à l'heure actuel) et son énergie.
_Hum je pense qu'elles seront bien. Je t'avoue ne pas avoir encore jeté un œil, mais je ne doute pas que tu seras très belle dessus.
Elle se voulait rassurante. Elle se doutait qu'un bon nombre de cliché seraient mauvais car elle n'avait pas pu prendre la bonne position ou avait déclenché la prise trop tard. Coraline sembla pourtant inquiète à propos d'un autre sujet. Camille n'eut pas à attendre longtemps, la petite s'empressa après une pause de lui demander si être derrière l'appareil n'était pas ennuyeux. À cette question, un léger rire s'échappa de ses lèvres.
_Bien sûr que non. D'ailleurs je m'amuse beaucoup plus à prendre les photos plutôt qu'à être prise.
Rapidement elle eut une idée, mais réfléchissa pendant une fraction de seconde. Elle pouvait faire confiance à la petite, ça elle en était sûr, mais était-elle maladroite ? Bon tant pis, elle avait envie de lui montrer comme cela pouvait être amusant.
_Est-ce que tu veux essayer ?

Camille avait réussi à rassurer Coraline au sujet des photos, mais la jeune fille ne doutait pas que certaines seraient un peu floues. Elle était certaine, par contre, que les autres seraient super ! Après tout, Camille avait un appareil photo génial et elle semblait bien habituée. D'ailleurs, Coraline réfléchit à sa réponse à son autre question. La jeune femme s'amusait plus à prendre des photos qu'à être prise... Appuyer sur un bouton était amusant ? Ou alors c'était le fait de prendre des clichés, de cadrer (même si les positions de la petite avait été un peu rapides), et tout...

Quand Camille lui proposa d'essayer de prendre des photos, Coraline eut un grand moment d'hésitation. Ce n'était pas qu'elle était très maladroite ni ce genre de trucs, c'était surtout car elle avait peur, si elle faisait une petite rayure ou autre, de décevoir ou de mettre en colère Camille. Celle-ci semblait beaucoup tenir à son appareil, et Coraline n'était pas très habituée à ce genre de choses. Elle avait vu sa camarade en action, il fallait juste tenir fermement et appuyer sur le déclencheur au bon moment. Mais si elle appuyait sur le mauvais bouton sans le faire exprès ?

Malgré tout, la proposition de Camille intéressait beaucoup la brunette. Elle avait vraiment envie de tester et de prendre des photos. Oh, et après tout elle avait 24 ans, elle était suffisamment grande pour pouvoir toucher à des appareils dans les dégzinguer complètement. Elle n'allait pas le jeter à terre, ni le balancer partout. Elle ferait très attention.

« Je veux bien essayer ! »

La décision était prise, et Coraline s'approcha de Camille pour observer l'appareil photo et repérer où se trouvait les principaux boutons. Elle toucha du bout des doigts "le précieux", très attentive à ne pas le rayer avec ses ongles (pourtant coupés courts), à ne pas laisser des empreintes dessus. Puis elle le tint fermement, comme si sa vie en dépendait, avant de décrisper ses mains. Elle enleva un court instant son masque de sa bouche pour pouvoir parler plus distinctement, et aussi parce que ce n'était pas très agréable.

« Pourriez-vous m'aider à faire mes premiers clichés ? Et heu... Vous pourriez être aussi celle qui fait des poses après ? »

Ça pourrait aussi être marrant pour Camille de passer devant l'objectif pour une fois. Et puis ça ferait photo souvenir d'elle devant la Seine et tout Paris désert. D'ailleurs, si Coraline observait autour d'elle, les clochards n'avaient presque pas bougés, et les rues toujours aussi vides. Et pour l'instant, ses parents n'étaient pas à l'horizon. Elle se demandait quand est-ce qu'ils se rendraient compte qu'elle était partie... Pas tout de suite, elle espérait. Il fallait au moins qu'elle finisse de prendre des photos.