Adelae s'étira lorsque le soleil entra en contact avec ses yeux. Cela faisait plusieurs matins qu'elle traînassait au lit, baignée dans une flemme sans égard. Elle se recroquevilla sous sa couette, fatiguée de penser qu'il fallait bouger, au moins aujourd'hui. Il faisait beau, certes, mais tout le monde parlait de cette maladie qui flottait dans l'air. Addy en avait décrété qu'elle ne mettrait pas un orteil à l'extérieur tant qu'un professionnel n'aurait pas officiellement écarté le danger. Elle avait séchée la fac toute cette semaine, pretextant qu'elle était atteinte. Que nenni, elle ne voulait surtout pas le devenir. Ce qui était différent ce matin, c'est que le soleil régnait. Il était chaud et caressait sa jolie peau. Elle se redressa dans son lit.

Addy souffla sur sa mèche rouge, celle qui tombait toujours dans ses yeux. LA mèche rebelle, tu sais. Elle aimait ses cheveux rouges de fou, mais elle haïssait les avoir dans les oeils. Un coup d'oeil à son portable lui suffit pour comprendre qu'elle était le plan de la journée. La fac organisait une sortie dans le centre culturel du coin, histoire de voir des oeuvres exposées en vrai, mais plus inconnue que celles que l'on croisait au Louvre. Youpi. Elle replongea dans son lit. Elle adorait l'art, mais elle ne se sentait pas de rester debout, dans un lieu ouvert au public, où quiconque pourrait être source de maladie. Brr. Rien qu'à y penser, cela lui faisait froid dans le dos.

Et pourtant, elle se leva, elle enfila des fringues, et des chaussures. Elle contempla cette photo, celle de celui qu'elle cherchait encore et toujours, puis s'attarda sur son propre reflet. Cheveux relevés en queue, petite jupe, et top tout ce qu'il y'a de plus simple, elle se trouva jolie. Addy s'aimait bien. Elle prit son sac, son portable et ses écouteurs, et sortit.

Le soleil était un peu plus frais dehors. L'air soufflait sur sa peau, dressant chaque poil sur son passage. Néanmoins, il fallait admettre que sortir faisait du bien. Adelae rejoignit son groupe devant le musée. Elle fut accueillie par des qualifications de revenante, de malade, de contagieuse. Joie. Mais bon, l'important, c'était de suivre, de manière à ce que ses notes arrêtent de chutter lamentablement.
Le groupe entra dans le musée, visiblement très peu fréquenté. Addy commença à regarder les toiles, l'air plutôt absent. Une à une, elle les détailla, s'affairant à les mémoriser. Elle préférait les toiles célèbres, celles qu'elle pouvait retrouver en une recherche internet, et sur lesquelles elle pourrait bosser plus tard. M'enfin, là, ce n'était pas le cas, et elle n'avait pas d'autres choix que de se concentrer.

Et ce n'est pas du tout ce qu'elle fit. Elle observa les gens autour d'elle. Outre ses camarades, il y avait le vieux monsieur, là bas, assis dans le coin, qui observait une toile d'une femme nue. Il ressemblait à un peintre admirant son oeuvre alors qu'il n'en était rien. À droite, une famille dont les enfants semblaient complètement se faire chier. La mère observait son mari, qui lui, observait les toiles. Un passionné accompagné de toute sa petite famille. Oh, et tout au fond, à gauche, une étudiante qui s'était détachée du groupe. Enfin, sa tête ne disait rien à Adelae, genre vraiment rien.

Elle était plutôt jolie, et très très concentrée. Elle prenait des notes, par-ci par-là. Elle était devant une toile qu'Addy connaissait bien. Une toile qu'elle avait longtemps admiré. C'était un petit tisseur chinois, qui était concentré sur son oeuvre. Elle avança et caressa la toile. Sans la toucher bien évidemment.

Addy s'arrêta. Elle avait conscience de peut-être gêner la demoiselle dans son étude de tableau. Elle ponctua sa phrase d'une excuse et d'un "je suis fleur bleue". Puis elle partit vers un autre tableau, un type Munch. Maintenant, elle avait envie de disparaître loin. Et de retrouver la personne qu'elle cherchait.