Dimanche. C'était agréable le dimanche, et étrangement, Aoki aimait travailler le dimanche. Le week-end, toutes les petites filles de l'arrondissement venaient acheter leur bouquet de fleur et le jeune homme s'amusait de les voir émerveiller par le bouquet de fleur qu'il faisait avec soin en choisissant chaque fleure une par une en tentant de changer de temps en temps. Il essayait de rendre l'œuvre grande et imposante sans pour autant la laisser trop chère. Une fleure se devait d'être un plaisir et les prix trop hauts laissaient souvent des goûts amers dans la bouche. Le dernier jour de chaque semaine, il avait tendance à commencer plus tôt pour recevoir les dernières livraisons de fleures de la semaine. Son patron s'assurait d'avoir de bon produit et, avec son employé aux doigts de fée, il n'avait plus à courir après des gauchers des deux mains qui ne savaient pas accorder les couleurs.

Enfin, le dimanche était un jour agréable où Aoki composait des bouquets pour des commandes importantes, réception, mariage, baptême. Plus cher, plus gros, ça l’occupait, il aimait ça, beaucoup. Alors, quand il n’y avait personne à la boutique, il s’installait devant une table basse pour composer ses bouquets, son chien à ses pieds. Mais aujourd’hui, il ne devait pas tarder, il avait reçu une autorisation de son patron pour pouvoir quitter plus tôt. Parce que, ce dimanche était un jour spécial.

Il n’avait pas le temps de se faire beau, habillé d’un t-shirt uni et d’une veste sombre qui tranchait avec ses cheveux, il trainait son chien qui le suivait avec prudence, tout près de lui cette fois-ci, il n’aimait pas le café dans lequel Aoki avait rendez-vous, les étudiantes aimaient lui faire des tresses. Son maître, lui, trouvait ça drôle. D’ailleurs, il tentait de presser le pas de peur d’être en retard. Et c’est en arrivant dans cette petite ruelle à l’écart qu’il trouva enfin le Télescope Café, peu de monde pour un dimanche, il était content. Surtout qu’il apercevait, il apercevait cette couleur bleu qu’il n’avait que trop vu sur ses photos. Il marchait plus vite encore, entrant dans le café avec hâte, son chien avait senti son excitation.

« Thomas ! » prononça-t-il dans un joli accent anglais. « C’est bien toi ? Oh mon dieu. Ca fait trop longtemps, la dernière photo, tu as changé. Non, tes cheveux ont poussé ? Montre moi ça ! », sa timidité s’était envolée, il était trop content, alors que son chien s’était échappé pour dire bonjour. Le jeune homme finit par se calmer un peu en s’installant sur la chaise en face de celle du bleu pour appuyer sa tête sur ses bras, les coudes sur la table, avec un grand sourire. « Ca fait des années que j’imagine notre rencontre. C’est vraiment cool de te voir à Paris ! »