Kallias Dareios Dekanih

Wanna talk, wanna play ?

I feel Perfect

Tu ne sors pas particulièrement du lot. Physiquement, tu passes inaperçu si tu le souhaites. Mais ça ne fait pas partie de tes intentions. Ton corps, tu t'en sers, surtout depuis le jour où tu as appris que tes parents avaient voulu t'appeler Apollon, jusqu'à changer à la dernière minute. Tu le regrettes un peu, avoir un tel patronyme aurait pu changer certaines de tes conceptions. Ton ex-fiancée aimait beaucoup ajouter un possessif avant ton prénom, alors tu imagines, que si tu avais eu le nom que tu aurais du avoir, elle t'aurait appelé « Mon Apollon ». Et ça, c'est classe.

Là n'est pas le sujet de cette, plus ou moins, rédaction. Mesurant précisément cent quatre-vingt et un centimètres et sept millimètres, tu aimes te dire que tu es dans la moyenne. Tu en as vu des plus grands et des plus petits que toi, alors être au centre, ça te convient parfaitement.

Durant tes études, tu as eu l'occasion de faire du sport. Non pas à un haut niveau, tu faisais des efforts comme toute bonne personne, mais ça n'allait pas plus loin. Tu n'as donc pas une musculature très voyante, pas exagérée du moins. Ceux qui en ont trop te répugnent un peu, tu considères la beauté ainsi que la force cachée d'un corps humain dans sa finesse. C'est pourquoi, malgré ta carrure relativement carrée, tu restes quelqu'un de longiligne et qui ne recherche que ça. Si tu devais définir la perfection corporelle, elle serait, évidemment, proche de toi.

Et pourtant, tu continues de te trouver des défauts, parce que tu n'es pas la perfection. Tes jambes sont plutôt petites pour quelqu'un de ta taille, ce qui peut se révéler problématique lorsqu'il s'agit de trouver un pantalon à ta taille, en général, ils sont trop grands et tu es obligé de faire des ourlets à l'aide d'épingles à nourrice, ce qui est fort déplaisant pour ton regard. Tu n'es pas constamment en train de regarder tes mollets, mais tu le sais, et pour le perfectionniste que tu es, c'est très perturbant. Autre fait important, à quiconque voudrait te faire plaisir, tu chausses du 42.

Ton buste est, par conséquent, plus grand que la normale. Cependant, ce côté là te plaît. Tu aimes dire aux gens de se blottir contre toi, entre tes longs bras et contre ce torse semblant infini au toucher. Tu en deviens contradictoire, à aimer ta taille et le haut de ton corps mais à ne pas supporter le bas, puisque si le bas te plaisait, tu serais plus grand, et ce n'est pas ce que tu souhaites. Ta croissance est finie depuis plusieurs années déjà, alors tout cela est bel et bien définitif. Ce genre de détails que tu remarques, et que les autres ne voient pas particulièrement. Ce n'est pas grave. C'est pas comme si tu passais ton temps à étudier les autres non plus... Ce sont eux qui te regardent. Et pour les plus chanceux, ils ont peut-être l'occasion de voir le tatouage que tu possèdes sur ton omoplate : une carte d'as de cœur très détaillée avec quelques arabesques. Seul le motif du cœur est coloré du fameux rouge qui le représente en temps normal.

En désaccord avec ton âge, tu possèdes un visage rond, encore enfantin. Tu arrives souvent à te faire passer pour plus jeune que la réalité en amenant un beau sourire bien placé. Tes pupilles brunes sont pétillantes et remplies de malice au quotidien. Ton nez ainsi que tes lèvres sont fins, accompagnant ta pensée de la perfection à son paroxysme. Tu as également un tic, devenu nerveux mais qui ne l'était pas au départ : tu tires souvent la langues. À la base, c'était pour montrer ton piercing, au moment où tu l'as fait. Puis c'est devenu un réflexe, quand tu réfléchis, quand tu es gêné... Dans beaucoup de situations. Ta chevelure donne l'impression que la nature te l'a donnée ainsi, en bataille, en tignasse de lion. Et pourtant, la seule magie qui rend cet effet possible s'appelle « gel capillaire ». C'est probablement ce dans le quoi tu mets le plus d'argent.

Concernant ton dressing... Tu mets ce que tu trouves. Ce n'est pas souvent assorti. Tu n'as pas les moyens de t'acheter tout ce que tu aimerais avoir. Tu as, bien sûr, certaines choses qui te permettent d'avoir un minimum de prestance, sinon tu ne serais pas crédible dans deux de tes trois métiers. Des anciens costumes que tu as ramené de Chypre, et peut-être tout ce qu'il te reste de l'île..

I can never stop myself

Doté d'un superbe corps offert par dame Nature – tout le monde n'a pas cette chance, apparemment, elle n'aime pas les femmes – ce n'est pas pour autant que le reste de ta vie est tout aussi joyeux. Depuis que tu es arrivé dans cette contrée au drapeau tricolore, tu n'as pas vraiment de lieu sain où vivre. En effet, tu ne fais que loger dans une petite chambre en haut d'un immeuble. Rien de bien sécurisé ni isolé. Et c'est assez dérangeant pour ton intimité.

Tu as confiance en toi et en ton apparence, cependant, dès qu'il s'agit d'un autre stade, tu perds tous tes moyens. Tu n'as pas vraiment eu d'amis. Des camarades de classe, des coéquipiers, des collègues, oui. Mais des amis... Tu ne sais donc pas comment te comporter si la relation que tu entretiens avec quelqu'un dépasse les quelques paroles ou le flirt d'un soir. Non, vraiment, et tu aimerais savoir, tu as beaucoup d'amour à donner aux gens. La seule personne qui avait été plus loin que ça dans ton cœur, c'était ta fiancée. Mais ça c'est terminé de manière dramatique, de ton point de vue. Pourtant, tu n'as pas perdu espoir, et tu es persuadé qu'un jour, tu trouveras l'amour, le vrai. Romantique dans l'âme ? Très certainement.

Qui plus est, une fois que tu as confié ton amitié, ou ton cœur, à quelqu'un, il n'y a pas de retour ni de trahison possibles. Ta fidélité est sans failles et on pourrait te considérer comme étant un enfant naïf qui est sorti trop tôt du cocon parental. Tu serais prêt à offrir le monde entier sur un plateau d'argent à ces personnes là si tu en avais les moyens. Sauf que tu ne peux déjà pas t'acheter de plateau d'argent, alors vouloir acquérir le monde, ce n'est même pas une option possible, peu importe la bonne volonté que tu y mets.

Ton amitié est à double tranchant, il faut s'en méfier. Tu n'as tellement pas l'habitude d'avoir quelqu'un de proche de toi que tu feras aussi n'importe quoi pour le garder. Jaloux de quiconque approchant cette personne, tu pourrais te révéler plus dangereux que prévu. Mais ça n'est jamais arrivé, tu penses être en mesure de garder ton sang-froid si ça devait arriver. Tu ignores encore quelles sont tes limites...

Plutôt que d'avoir des moyens financiers, tu attrapes tout ce que tu trouves dans la rue, puisque tu y passes plus de temps que chez toi. Des morceaux de bois, des clous, des vis, du papier... Quelques perles rares, comme de la peinture ou des billes, lorsque tu as de la chance. Avec tout ça, tu peux t'adonner à l'une de tes activités favorites : bricoler. Tu fais toi même tes marionnettes, tu les as toutes gardées, de la première à la dernière, afin de voir ton évolution – et il y en a eu du changement. Tu as appris à mettre ton imagination au service de l'écriture pour tes représentations et tes – fins – doigts savent manier la croix de bois et les fils. Tu apprécies de voir le sourire des enfants lorsqu'une de tes créations s'avance vers eux, comme si tout était magique et nouveau.

Il en va de même pour tes capacités de magicien. Ce ne sont que des tours rapides de main, souvent avec des cartes, que tu proposes aux gens lorsqu'ils sont dans une file d'attente. Ca les distrait et les amuse, et ils te donnent parfois une pièce ou deux pour te remercier de leur avoir fait passer le temps. Et c'est l'unique but de ces passes-passes. Toi aussi, tu as besoin de manger.

Ta pire qualité, ton meilleur défaut, se résume aux mensonges que tu évoques perpétuellement. Un beau jour, tu as déclaré être medium, et que les vies parallèles des gens n'avaient aucun secret pour toi. De ce fait, tu pouvais dire à quelqu'un comment son lui d'ailleurs était devenu telle personne. Une femme importante est venue à ta rencontre et t'a jugé comme étant superbe. Depuis, elle a parlé de toi à son cercle d'amis. Parfois, tu as un coup de téléphone d'un veuf riche, d'hommes politiques... Un cercle fermé mais qui te rapporte bien lorsqu'on te contacte. C'est pourquoi le montant de ton compte bancaire peut varier du négatif au plus que positif. Tu n'es pas spécialement fier des arnaques que tu fais, mais c'est ainsi qu'on vit.

Closer & closer

Nul n'a besoin de raconter sa naissance et tu ne fais pas exception à la règle. La seule chose à savoir est que tu es né à Nicosie. Comme déjà mentionné, tu aurais du t'appeler Apollon, mais au final, ça a été Kallias Dareios. Ça te plaît aussi puisque dans ta langue natale, ton premier prénom est un peu le synonyme de la beauté. Mais ce n'est pas celui que tu aurais du avoir...

Mis à part le nombre impressionnant de frères et sœurs que tu as pu avoir, huit au total, tu es le cinquième, ta famille était tout à fait normale. Tes parents travaillaient d’arrache-pied pour s'occuper de vous, les aînés aidaient les plus jeunes dans la vie de tous les jours. Ils étaient ton entourage proche et te suffisaient, c'est pourquoi tu n'as jamais cherché à avoir des amis à l'école. Tu n'en avais pas besoin, tu les avais eux.

Tu as immédiatement voulu étudier la langue française, que tu as toujours considéré comme étant la plus belle au monde. C'était quelque chose de long et difficile, mais tu t'acharnais afin d'atteindre ton but. En plus, vu que tu ne fréquentais personne à l'école, tu n'avais que ça à faire de tes pauses déjeuner. Tu as aussi eu l'occasion d'essayer de nombreux sports mais aucun ne t'a réellement marqué. Au final, tu as jeté ton dévolu sur le tir à l'arc, mais tu ne le pratiquais qu'occasionnellement. Ce qui ne comblait donc pas ton temps libre lorsque ton cerveau souffrait d'une overdose de français.

Des années plus tard, tu t'es mis à la création de marionnettes. Tu en avais vu une dans un magasin alors tu avais été voir le vendeur pour savoir comment il faisait pour construire quelque chose de ce genre, quasiment tout en bois.

« C'est en faisant qu'on apprend. »

Il t'a offert une liste détaillée sur laquelle tu pouvais lire quels étaient les matières premières dont tu avais besoin pour faire comme lui. Ravi, tu partis trouver tout ça et effectuer tes premiers essais... Qui n'étaient pas fructueux. Mais tu les as gardés, afin de pouvoir les étudier et voir les erreurs que tu avais faites. À cette époque, tu insultais tout de même mentalement le vendeur, qui aurait pu te donner deux ou trois astuces en plus...

Ta vie s'est longtemps déroulée ainsi, réglée comme du papier à musique. Oscillant entre tes cadets, le français, les marionnettes et le tir à l'arc, tu n'avais plus une minute à toi. Ou du moins tu le pensais. Lors de tes quinze ans, tu as rencontré ton binôme, en classe de français. Une magnifique jeune femme qui avait la même passion que toi pour ce langage si particulier. Elle l'avait qualifié comme étant parfumée et en accord avec Paris. Tu n'étais encore jamais allé là-bas, mais tu n'avais aucun doute sur la véracité de ses propos.

Cette fille, tu lui as parlé, longuement, puis vous êtes sortis ensemble, puis vous vous êtes fiancés... Depuis vos 16 ans, et à ce stade, tu en avais 22. Tu étais persuadé que votre relation allait être parfaite et éternelle. Tu hésitais même parfois, à la demander en mariage, mais tu n'osais pas. La peur d'entendre une réponse négative était bien trop forte. Alors tu te résignais, encore et toujours. Tu questionnais naïvement tes poupées de bois, qui ne te répondaient que par un silence pesant.

C'est ce même silence que tu as reproduit lorsque tu as vu votre appartement vide. Il ne restait plus que tes affaires. Que se passait-il ? Tu as commencé à fouiller, à la recherche d'un indice quelconque. Rien. Tu ne trouvais rien. Paniqué, tu as essayé d'appeler ta fiancée, mais tu tombais systématiquement sur son répondeur. Pourquoi ? Ta famille n'en savait pas plus que toi. Et soudain, tu as trouvé un papier traînant sur une pile de livres. De tes livres, cela va de soi. Une lettre explicative, te disant qu'elle n'était plus là. Qu'elle était partie au Canada avec son correspondant. De qui elle était tombée amoureuse, il y a bien longtemps. Alors, depuis tout ce temps, elle ne faisait que t'utiliser ? Tu as froissé le papier dans tes mains, pris d'une colère sans nom. Ton regard s'est porté vers tes ouvrages. Ceux de français, que tu avais tant l'habitude d'utiliser pour continuer d'étudier même si tu parlais cette langue de manière parfaite. Quelques minutes après, tes bagages étaient faits.

Sur un coup de tête, suite à cette brusque rupture, tu es parti en France. Tu as notifié ton départ à tes parents sans donner les détails, et tu as rompu le contact avec eux. Une nouvelle vie, c'est ce dont tu avais besoin. Sans plus aucune attache, sans rien. Tu as donc commencé à vivre au jour le jour, en te produisant dans les rues et en te faisant progressivement ton commerce. Et tu es devenu ce que tu es aujourd'hui.

crackle bones