Vous me demandez de me décrire ? Quelle requête étrange. J'ai pas l'habitude de souligner mon physique devant les autres, moi. Peut-être parce que je m'en fous totalement ? Ouais, ça doit être ça.
Mais puisqu'il le faut, allons-y.
Mes cheveux sont blonds, longs, et attachés. Surtout attachés, le reste, on s'en fiche. Parce que oui, c'est plus pratique que de les avoir en train de pendouiller partout.
Mes yeux sont bleus. Je les tiens de ma grand-mère, à ce qu'il paraît, même si j'aurais préféré avoir ceux de mon père, verts et brillants. Quoi ? Comment ça, je suis sensée en avoir totalement rien à foutre de mon apparence ? Ouais, bah c'est le cas, je vous signale, hein. Bref.
Ma peau est blanche. Presque blafarde. Parce que faut dire que le Soleil en Russie, c'est pas vraiment folichon, alors faire bronzette là-bas, c'est pas le top. Mais je m'en plains pas, j'adore le froid et la neige.
Niveau corpulence, je suis plutôt grande (eh ouais, un mètre soixante-treize, si c'est pas génial!) et musclée, suite à l’entraînement quotidien que je m'impose chaque jour. La plupart des mecs, j'les balance par-terre en deux secondes, j'vous dit. Et j'exagère à peine.
Pour répondre à la question du pervers derrière son écran, non, j'ai pas de boobs, et non, j'ai pas un gros cul. Y'a rien à mater chez moi, alors dégage. Et non, j'suis pas complexée ! C'est moi qui me suis forcée à perdre en grande partie toute cette graisse encombrante, en faisant de plus en plus d'exercices physiques chaque jour, alors votre pitié, j'en veux pas.
Bon, je dois avouer que parfois, je m'imagine être un peu plus féminine. Porter des robes, du maquillage, des talons, tout ça. J'ai essayé. Je faisais des efforts, je vous assure, lorsque Dimitri était encore en vie. Je voulais qu'il me trouve belle, jolie. Mais toutes ces conneries, j'ai arrêté. Sauf lorsque je dois me rendre à une cérémonie, ou un autre événement important, mais ça, c'est parce que j'y suis en quelques sortes obligée.
Enfin, mon visage n'est pas franchement intéressant à regarder, mis à part mes pommettes saillantes et mon nez long, il est très banal. Du moins, c'est ainsi que je le vois.
Pour terminer, ce que la plupart des gens retiennent sur moi, c'est mon accent russe. Oh, et je précise : lorsqu'on corrige les fautes que je fais, ça m'énerve. Alors n'essayez même pas de me casser les ovaires à se sujet.

"Nastasia, t'es un homme ou une femme à la fin ?!"
Question existentielle que j'ai l'impression d'entendre sans cesse au cours de la journée. Et je réponds toujours, comme une évidence, que moi-même je ne le sais pas.
En effet, selon la plupart des types que je côtoie, que ce soit au travail ou à la maison, je serais un mec qui eut le malheur de posséder un vagin. Il parait que je me comporte comme un homme, un vrai. Ouais, bon, c'est vrai que je crache par terre, que j'aime les bonnes vieilles bagarres, que je passe ma journée à gueuler dès que j'aime ou j'aime pas quelque chose, que je jure comme un camionneur... S'il y a une fille que l'on doit qualifier de garçon manqué, c'est bien moi. À vrai dire, je me suis toujours sentie mal à l'aise en temps que femme. Bien que ,les années passant, j'ai réussi à trouver toujours plus d'assurance avec mes formes, ma force, mon corps, j'ai toujours gardé en moi la part de garçonne qui me colle depuis toujours à la peau, rôle que j'ai emprunté pour me faire entendre et avoir confiance en moi, et qui est devenu une part entière de ma personnalité.

"Toujours aussi franche, Nastasia."
Autre remarque que l'on me fait souvent. Mais est-ce de ma faute si je suis complètement incapable de jouer la comédie, de mentir, de faire mon hypocrite ?
Je suis grande gueule et j'assume. Je dis ses douze vérités à celui qui m'approche un peu trop. Je crie haut et fort ce que je pense sans regret. Pourquoi s'embêter, pourquoi faire compliqué alors qu'on peut faire simple ? Tel est le crédo que je m'impose.

"[i]Nastasia, je t'admire pour ta force, tu sais.[i]"
Phrase que j'entends souvent de la bouche de mes proches. Pour ma part, je ne sais pas vraiment si je dois me considérer véritablement comme une force de la nature, mais il est vrai que je fais tout pour pas être une lâche. Toujours aller de l'avant, malgré tous les malheurs qui peuvent arriver dans la vie, telle est ma devise. Comment croyez-vous que j'ai pu supporter la fuite de mon propre père ? Et la perte de mon défunt mari ?
Oh, et même s'il m'arrive de faire -souvent- des conneries, je les assume. Tout le temps. Et je ne peux pas blairer ceux qui se défilent.

Certains adjectifs reviennent également souvent lorsque certaines de mes connaissances se font le délire de me décrire.
Hystérique. Autoritaire. Chiante. Alcoolique (moi ?). Froide. Vulgaire. Professionnelle. Stratège. Sportive. Impulsive. Vulgaire.
Mais que suis-je sensée penser de tous ces racontards ? Sont-ils vrais ? Sont-ils faux ?
Moi-même, je l'ignore. Car, ne dit-on pas que chaque personne a une version différente de notre caractère ?

Le 08 Juillet 1998, Abakan.

Cher Papa,

Nastasia.