« Être ou ne pas être, tel est la question. » Chaque être vivant possède un esprit. Chaque être vivant possède une conscience. Pourtant chaque être vivant ne sait pas s'en servir parfaitement. Cette phrase était censée travailler la jeune lycéenne toute la nuit, mais il en fut autrement. Concentrée sur sa volonté psychique, le décor ne la concernait même plus. Son degrés de concentration était tel que cela créait un effet de transe au plus profond d'elle même. Sa conscience, cette soit-disant conscience avait un esprit si différent au sien que leur mode de pensée était opposé. On est censé pouvoir contrôler les rêves grâce à notre imagination. On est censé pouvoir le moduler comme on veut. Par habitude, la petite perle se donnait un proverbe, et cherchait toutes les pensées possibles et imaginables d'interprétation de ces mots. Sa conscience n'avait jamais pris le dessus sûr le reste. Pourtant, cette fille ne s'endormait qu'après y avoir réfléchi. Lentement elle laissait ses paupières se fermaient, pour voir écrit en lettres capitales la phrase. « ÊTRE OU NE PAS ÊTRE TEL EST L-...»

Changement de décor. Non, ses habitudes venaient de se faire balayer par le sommeil. Ce doux être malfaisant qui nous caressait tendrement l'échine jusqu'à ce que notre corps cède au dur poids de la vie... Peu à peu ses os se brisent, un à un ils cèdent à nos ordres et se rebellent en faisant grève ... Son souffle se régularise, et les neurones se relâchent... L'esprit pénètre alors dans un monde incertain qui se nomme le rêve... Un monde où l'on croit tout savoir, un monde où l'imagination grandit soudainement. Depuis toujours, l'artiste prenait son inspiration dans le rêve... C'est ainsi que ses mélodies, ses tableaux, et tout le reste prenaient des couleurs étranges, des formes biscornues, et des êtres sortis de nulle part... Sans lumière, la jeune fille se sentait seule et abandonnée. Mais ça... C'était le sentiment de l'humaine, de son esprit et tout le reste ; à l'exeption de Conscience, qui se plaignait toujours de cet art si ennuyeux. Conscience, qui est-ce au fait ? C'est moi, la petite voix qui incite à faire faire des choses à la grande blonde idiote, un peu plus intelligente. Sauf que cette fille croit que c'est elle la grande intelligente belle, et que c'est moi la petite fille capricieuse ! C'est faux ! C'est moi la meilleure ! La plus belle, la plus intelligente ! Niveau mode, elle m'arrive pas à la cheville ! Mais ça fait tellement longtemps que je suis coincée dans cet esprit mal-sain que je sais même plus ... Où je vis réellement... Quelle est ma vie... Qui sont mes parents... Mes souvenirs sont comme enfermés dans un coffre fort, et parfois, quelques informations retombent du bois moisi par les années... Des larmes me montent aux yeux, mon propre esprit ne me donne rien. Ma mémoire n'est qu'un grimoire fermé.

Lentement, progressivement, mon corps réagit à cela. Attendez... Stop, on arrête tout. Vous êtes en train de me dire que... Je suis plus la grande blonde idiote !? On a échangé les rôles !? C'est le plus beau jour de-... J'ouvre les yeux. Mes draps sont trempés par les larmes... Je me relève, habillée d'un... Kimono. Qu'es ce que je fous ? Je dors pas en Kimono, c'est pas possible ! La pièce est vide, aucune fenêtre. Ce n'est pas la Terre. Je n'aime pas cet endroit. Je ne m'y sens pas en sécurité. Les murs sont blancs, la porte est noire. Je me sens enfermée dans une prison sans faille. De l'air. C'est tout ce que je demande. Je baisse la tête vers mes mains, elles sont petites, comme une enfant de dix ans. J'ai de longs cheveux rouges... Mais... C'est moi ; finis-je par croire, finalement abasourdie par cette déclaration. J'avais les cheveux courts, avant ! Pleins de pensées, de questions me traversaient l'esprit, mais seul l'attirance vers cette porte noire me laissait perplexe... Je me relève, et j'avance vers cette porte et l'ouvre. Une autre partie de moi me disait de faire attention. Sûrement cette... Grande blonde idiote ! Ah ah ah ! Je ris, tellement contente du résultat de ce rêve.

Les couloirs avaient des murs blancs, et le papier peint s'enlevait. Des portes partout, un ascenseur au bout du couloir. Ascenseur une place, rouillé et sans sécurité. Quoi de plus lugubre que ça ! La nouvelle Conscience se tût, et l'humaine avait des sueurs froides, là, allongée sur son matelas de coton.

J'appuie sur le bouton de l'ascenseur, indiquant le rez-de-chaussée. Je récapitule le peu d'informations que j'ai : En un, je suis maître de mon corps. En deux, j'ai des cheveux longs et rouges. En trois, j'ai un kimono trop kawaii ! En quatre, j'ai... Douze ans... Pfff.... Pourquoi n'ai-je que douze ans ! La grande blonde elle en a 15 ! C'pas juste ! Comment je m'appelle ? Ah oui, j'l'ai pas dit... Nyo... Megee... Euh... Nyo ou Megee ? En tout cas, Mme et Mr Nyo/Megee sont des lâches de m'abandonner ainsi ! Je sors du bâtiment. C'est bien ce que je pensais... Un bâtiment pauvre, qui tombe en ruines. Mieux vaut ne pas rester ici. J'avance donc dans la ville, guidée par l'instinct d'y être déjà venue.