Coraline s'était réveillée, le matin, comme d'habitude. Elle avait coiffé ses cheveux, mis son bandeau smiley, et même enfilé un tee-shirt et une jupe au lieu de son espèce de kimono habituel. 

Mais c'est en mangeant ses chocapics duo et en réfléchissant au labyrinthe sur le dos du paquet qu'elle tilta quelque chose. Juliette, sa petite sœur adorée, cherchait un appartement. La rousse l'avait dit il n'y a pas longtemps, mais Coraline n'y avait jamais vraiment pensé.

Sa soeur allait les quitter pour habiter autre part. C'était triste... mais la brunette savait que Juliette voulait un peu d'indépendance. Mais elle ne pouvait pas la laisser aller comme ça. Il fallait qu'elle sache avec qui sa soeurette allait partager sa vie. 

Alors Coraline chercha, chercha dans sa mémoire pour se rappeler du nom de son colocataire, ou mieux de l'adresse de son appartement. Mais elle avait beau chercher, elle ne trouvait pas. Le seul moyen de l'avoir, c'était de fouiller dans la chambre de Juliette. Lui demander ? Nooon, ç'aurait été trop simple.

"Juju" prenait sa douche, alors tandis que l'eau coulait, Coco fila dans dans l'espace vital de sa soeur pour dénicher une adresse. Quand elle vit une petite note sur son bureau, elle fit quelques pas de la danse de la victoire, avant de mémoriser ce qu'il y avait d'écrit. Vite, car l'eau s'était arrêtée ! 

Coraline sortit de la chambre précipitamment avant de retourner dans la sienne pour noter l'adresse qu'elle avait encore toute fraiche dans la tête. Enfin ! Elle allait enfin pouvoir connaitre ce mystérieux inconnu qui lui prendrait sa soeur. 

Jalouse, Coco ? Non... juste un petit peu. Un homme totalement inconnu serait avec sa soeur toute la journée, même la nuit ! Et elle, elle ne pourrait plus lui dire "bonjour" ou lui sauter dessus... Les larmes aux yeux, la petite jeune fille renifla et les essuya. Il fallait que ce monsieur mérite Juliette. 

Heureusement, aujourd'hui elle n'avait pas cours. Mais comme l'adresse lui était inconnue, elle devait trouver une astuce pour y aller sans encombre. Mais c'était qu'elle était maligne, la petite Coraline. Elle demanda à son père de l'accompagner chez une amie -bien sûr, une amie imaginaire- qui habiterait -grand hasard- le même immeuble que celui de l'homme mystère ! 

Aussitôt arrivée devant le bâtiment, Coraline ne perdit pas son temps. Elle attendit qu'une personne entre dans l'immeuble pour ensuite s'infiltrer dedans. Elle n'était pas du tout louche, à regarder chaque recoin des escaliers. Elle ne l'était pas non plus, quand elle inspecta les boites aux lettres. Et encore moins, quand elle se ramassa. 

Ses fesses lui faisaient mal, mais en bonne petite soldate, elle ravala ses larmes et continua vaillamment son ascension. À vrai dire, elle ne savait même pas où le monsieur habitait. À quel étage ? À quel palier ? À quel porte ? Tant de questions. Coraline décida de prendre l'initiative en sonnant à une porte. Une dame lui ouvrit.

« Bonjour mad...emoiselle ! »

Leçon n°1 : toujours rajeunir la personne. En disant mademoiselle, elle gagnait des points.

« Connaitriez-vous un monsieur dans cet immeuble ? »

Leçon n°2 : dire ce qu'on cherchait. Mais comme Coraline n'était pas très précise, elle trouva bon de rajouter :

« C'est un monsieur qui... euh... va prendre ma soeur pour qu'elle habite avec lui ! Ils resteront toute la journée ensemble, et même la nuit ! Savez-vous à quel étage il habite ? »

La dame la regarda bizarrement et claqua sa porte. Qu'est-ce qu'elle avait dit de mal ? Coraline soupira avant de reprendre ses recherches. Elle sonna à une deuxième porte. La deuxième fois, ça sera la bonne ! 

Coraline attendit, avant de voir la porte s'ouvrir. Qui sait, c'était peut être cet homme mystérieux ! Sans même attendre de voir qui c'était -une tête blonde, on dirait- elle s'exclama -de sorte que tout les voisins puissent entendre- : 

« BONJOUR ! Vous êtes le monsieur qui va dormir avec Juliette, ma soeurette adorée ? »

Le tout avec un grand sourire. Ses propos de départ avaient été un peu déformées et maintenant le monsieur qui était simplement en colocation avec Juliette se retrouvait à dormir avec elle. Pauvre monsieur. 

Spoiler:

Il dort de ce sommeil bien heureux de ceux qui ont lutté et qui ont réussit, dans un ultime effort, à forcer Morphée à les emmener avec lui. Rien n'était gagné pour Anicée, pourtant. Il avait bossé tard, avait fait la fermeture qui consistait à tout bien ranger et nettoyer pour que demain, ce soit impeccable, et était rentré à pied. Il aimerait qu'on ajoute « [...]à pied, sous la fraîcheur de la nuit », mais la fraîcheur, en juin, il pouvait bien se la mettre sous le bras : il faisait lourd comme aux prémisse d'un orage. Mais l'orage qui, après, laisse place à une fraîcheur si agréable pour dormir, il tardait à venir, lui. Voilà, c'est un fait, il faisait lourd cette nuit.

Et son appartement l'était encore plus, sentant l'étouffé et les efforts. En vu d'une collocation, le grand blond avait fait un ménage de printemps tardif (tardif d'une saison en fait) et avait commencé à vider la pièce qui ferait office de chambre à l'autre. Cette nuit là, en plus, allongé sur son lit à observer les étoiles phosphorescente qu'il avait placé à son plafond -et qu'il pensait sérieusement devoir retirer s'il voulait garder une crédibilité d'adulte-, il n'avait pas réussit à trouver le sommeil. Il repensait à tout ça, vivre à plusieurs, à la Jolie Juliette, au p'tit gars du téléphone sans logements... Il pensait aussi à tout les éventuels « dans la mouise » qui pourraient appeler pour chercher l'hospitalité.

Pour une première annonce, il avait sacrément merdé en fait. La porte lui semblait trop ouverte pour transformer son appartement en Société Protectrice des Humains et il ne pouvait pas se le permettre. Engager la collocation avec son proprio n'avait pas été bien complexe, mais plus, ça allait craindre un max. Et ce putain de sommeil qui ne venait pas.

Alors, il avait encore plus rangé. Rangé voulant dire déplacer le bordel d'un point A à un point B. Toutes les affaires de la « chambre » se retrouvaient dans le salon et quelques affaires du salon dans sa propre chambre à lui. Il avait nettoyé avec la volonté du rageux qui veut s'épuiser pour dormir et il y était parvenu. Au bout de quelques heures à nettoyer, désinfecter, aérer et parfumer avec un bâton d'encens, la chambre libre était une belle pièce habitable, propre. Pour fêter ça, il s'était assit sur son canapé, une bière à la main. Pour fêter ça, il s'était assoupit comme une merde sur son canapé.

Et la farandole des sonnettes avait commencée. D’abord en bas, chez la vielle acariâtre qu'il avait du mal à supporter. Puis plus prêts. Puis chez lui. Anicée, dans un premier temps, laisse couler. Ça insiste. Il marmonne un « y'a personne. » sans ton. Mais ça semble s'en fiche et ça continue de sonner. Alors il se lève, rageur, rejoint l'entrée en quelque pas lourds et ouvre la porte vivement.

« KWAH ?! »

Une jeune fille lui parle. Une petite fille même. Anicée ne comprend rien à ce qu'elle baragouine, alors il reste là. Charmant tableau : il est homme mûr, 36 ans, les cheveux semblant s'être coiffé en faisant exploser un pétard dedans, la peaux marqué de plis de draps, il a encore un filet de bave séchée qui vient se perdre dans les prémisses d'une barbe qui pousse drue. Oh, et il est en caleçon. Accessoirement. Et il se retrouve devant une fillette qui sous-entends des trucs. Des trucs trop fin pour l'esprit encore embrumé d'Anicée.

« Kwah... ? » Réflexion. « Hein ? » Compréhension. « Hum. » Conclusion. « Heu. Volontiers ? »

Dans un prochain temps, Anicée se réveillera et se rendra compte de toute cette situation, de ce qu'il vient de dire, comment il vient de le dire et à qui il vient de le dire. Accessoirement, il comprendra aussi de quoi parle la demoiselle. Mais ce temps n'est pas encore venu.

Spoiler:

Coraline ouvrit grand ses yeux, et sa bouche aussi. Devant la petite brunette, qui se tenait bien droite du haut de son mètre cinquante-deux et demi, se trouvait un homme. Un très très grand monsieur. Il aurait été encore plus impressionnant s'il ne ressemblait pas à un zombie -du point de vue de Coraline- avec ses cheveux blonds tout ébouriffés, les marques du lit sur son corps, de la bave à la boucher et aussi... La jeune fille descendit son regard pour observer ce qu'il y avait en dessous de la ceinture -il n'en avait pas bien sûr, c'était juste une expression que Coco aimait bien utiliser. 

Coraline avait déjà vu son père et son frère en sous-vêtements, mais elle n'y avait jamais vraiment prêté attention. Alors que là... c'était comme si elle découvrait un tout autre univers. Elle ne lâcha pas des yeux le caleçon du monsieur, même quand celui-ci lui répondit. C'était un peu étrange et on aurait pu penser que la petite avait une obsession vraiment bizarre, mais il fallait la comprendre, on ne voit pas ça tous les jours. 

Coraline releva enfin la tête. Le grand blond lui avait dit "volontiers" ou un truc du genre. C'était un vrai homme qui assumait ses responsabilités ! Coraline aimait ça. Son sourire s'agrandit encore plus quand elle débita d'une traite tout un petit speech, bon elle articulait quand même car elle avait bien vu que l'autre n'était pas spécialement frétillant.

« Vous êtes donc prêt à subir ma grande inspection ? Pour mériter ma soeur, vous devez être parfait ! Je vous préviens, à partir du moment où vous avez dit : volontiers, vous étiez conscient des épreuves que vous devrez affronter pour que je teste votre courage et votre habilité à protéger ma soeur même quand il pleut et qu'il y a de l'orage et quand elle a froid dans son lit et le matin il faudra respecter son intimité dans la douche car maman m'a dit que parfois des pervers aimaient bien regarder les filles sous la douche alors elle m'avait dit de ne jamais laisser quelqu'un me regarder sous la douche alors ça doit aussi concerner Juliette ! »

Coraline respira un grand coup. Tout son souffle avait été épuisé après cette longue tirade. Mais il fallait encore qu'elle parle.

« Mon père va revenir me chercher dans un peu de temps, alors nous avons une bonne heure devant nous pour qu'on la passe ensemble et invitez-moi maintenant chez vous et demandez-moi si je veux une boisson si vous êtes un homme galant j'attends c'est la première phase du test ! »

Elle croisa ses bras avant de regarder le pauvre homme pas vraiment réveillé. La brunette l'observa encore. Il n'était pas très frais, mais elle pourrait quand même juger son état général. Pas rasé et sa barbe avait de la bave ? Comment ne s'en était-elle pas aperçue avant ?! Il perdait des points, là. Bon, il pourrait toujours se rattraper sur l'épreuve du... "gentleman". C'est-à-dire, la bonne conduite envers les filles frêles et délicates comme Coco ou Juliette. 

Si il passait ceci, alors Coraline n'aurait plus qu'à vérifier l'état de son appartement. Elle espérait pour lui qu'il était bien rangé ! 

Dormiiiiiiir...

Son cerveau commence enfin à décrypter les paroles de la gamine. Les paroles encore d'avant. Le premier mots qu'il a compris, et qui lui fait afficher un grand sourire béat sur le visage, c'est bien celui-là : Dooooor. Miiiiir. Il papillonne des yeux, surtout pour ne pas les laisser se refermer pour de bon sur le pallier de sa porte, et voit la petite qui s'agite en sifflant comme un oiseau. Du moins, le cerveau d'Anicée, déjà occupé à décrypter ce qui s'est dit avant, n'y accorde aucune attention, alors il lui semble entendre juste un filet mélodieux s'élever de la bouche de la petite fille, comme un petit oiseau qui chante. Oh et monsieur cerveau, il en est à comprendre le « avec ». Anicée se dit oui : avec un oreiller.

Puis il est en train de fiche un vent à la petite, ce n'est pas poli, il s'en rend bien compte. De plus en plus appuyé sur sa porte qui le soutient vaillamment, il finit par marmonner : « Oui, tu es très mignonne, petite. Tous les cookies que tu veux. »

Voilà, le cerveau exulte de comprendre le mot suivant : Juliette !

Dormir. Avec. Juliette.

C'est plus efficace qu'une douche froide.

« KEWAH ?! »

Il se redresse d'un coup, peut-être un peu vite, il se cogne dans l'encadrement de la porte, mais n'en a cure.

« Qu-qu-qui t'as parlé d-d-d-de dormiravecJuliette ? On parle bien de la même Juliette ? On va pas dormir ensemble, on va juste vivre ensemble ! »

Dit comme ça, ce n'est pas mieux présenté. Et là, son cerveau finit par se réveiller : ''Bonjour Anicée. Tu es en caleçon devant une gamine et tu viens de lui dire qu'elle était très mignonne. Ta réputation de pervers ne te suffit pas ? Tu préfères Pédophile ?''

« Oh, Bon d... ! 10 Minutes ! »

Il claque la porte avec violence, secouant l'immeuble dans ses fondements. Puis reviens finalement, passant dans l’entrebâillement de la porte, un chocolats qu'il aura préparé en 4ème vitesse, habitué à les faires avec sa petite voisine, avec quelques gâteaux secs. Ça l'occupera le temps que... Il referme la porte. Il saute dans la douche, tant pis si elle est glacée, se lave corps et cheveux, se rase en même temps à la va vite, se causant de nombreuses coupures. Il fait le même saut, le cul mouillé, dans un sous-vêtements propres, puis un pantalon, enfile une chemise. Il démêle sa crinière en 5 secondes, s’arrachant plus les cheveux qu'autre chose.

Il lui aura fallut 7min et 38 secondes pour revenir, à moitié trempé, une serviette posée à la va vite sur sa tête, dans l'encadrement de sa porte. Là, il se met devant la petite fille, ferme derrière lui et la regarde avec sérieux.

« Si je te fais rentrer, je serais un pédophile. » Est-ce qu'elle comprend ? Pas sûr, pas intéressé, il continue, le souffle court. « Qui t'as parlé que j'allais dormir avec Juliette ? Et qui diable es-tu ? »

Au moins, la scène est un peu moins suspicieuse. Un peu.

Spoiler:

Coraline fut extrêmement déçue de la réaction du monsieur. Elle ne voulait pas savoir qu'elle était mignonne, ni qu'elle pouvait manger des cookies ! Une jeune femme comme elle devait être qualifiée de jolie et être invitée à boire une bière ! Ou en tout cas dans l'esprit de Coraline. En plus, il n'avait pas l'air d'avoir été surpris par le fait qu'il allait être testé. Quel sang-froid dans cet homme ! Quelle mesure de lui ! La petite fille en était impressionnée. 

Mais le grand blond sembla avoir un déclic, qui lui fit pousser un cri de consternation et il tenta de rectifier le tir en disant que non, ils n'allaient pas dormir ensemble, ils allaient juste vivre ensemble. Pour Coraline, il n'y avait aucune différence. Ses parents dormaient ET vivaient bien ensemble, après tout !  

Puis, il disparu dans les profondeurs de son appartement, après avoir donné des chocolats à Coraline. Celle-ci avait encore les yeux grands ouverts, la boite avec les douceurs chocolatées dans les mains, sous le choc d'avoir eu la porte claquée au nez. Et elle se retrouvait là, toute seule, comme un con. Oui, elle se disait qu'elle avait bien l'air con comme ça. Ses parents ne l'autorisaient pas à dire des gros mots, mais de tous les mots de la langue française c'était bien le seul qui décrivait avec perfection la situation. 

La brunette fixa tristement ses chocolats, puis commença à les manger, lentement, les savourant. Ça faisait un peu fille sans amis qui noie son chagrin dans des sucreries. La dame qu'elle avait dérangé il y avait quelques minutes était sortie de son appartement et levait la tête vers le haut de l'escalier, se demandant surement pourquoi cette fillette mangeait seule des chocolats. Coraline lui fit un petit geste de la main. 

Elle la tendit ensuite vers le dernier chocolat. L'ultime chocolat. Celui qui allait sceller son destin de fille seule au monde. Ok, elle en faisait peut-être un peu trop mais quand elle s'ennuyait il fallait bien qu'elle fasse un petit délire mélodramatique. 

Sauf que l'ultime chocolat ne fut jamais pris. La porte s'ouvrit -enfin !- sur le grand monsieur complètement transformé. On voyait bien qu'il s'était lavé, et rasé aussi. Les traces de coupure le prouvaient. Coraline appréciait ce geste, il gagnait quelques bons points, mais elle aurait encore plus apprécié si il ne lui avait pas fermé la porte au nez. 

Et puis surtout, le blond la regardait très sérieusement. On aurait dit une de ces grandes personnes ennuyantes quand elles parlaient à Coraline, comme si c'était une gamine de 6 ans. Et il allait se faire passer pour un pédophile s'il la laissait entrer ? Que nenni, elle avait 24 ans, nom de dieu. Et comment elle connaissait Juliette ? Alors là, Coraline n'était pas contente. Elle gonfla ses joues, en adoptant une mine boudeuse, avant de regarder le monsieur comme s'il était un crétin fini. 

« Tu... vous êtes idiot ou quoi ?! Je vous ai dit plein de fois que je suis la soeur de Juliette ! Sa soeur ! Vous n'avez rien entendu ? Vous m'avez au moins écoutée quand j'ai dit que vous devez passer un test pour voir si vous méritez ma soeur ? Quand j'ai dit que vous allez devoir la protéger contre les méchants monstres le soir et ne pas la regarder sous la douche car maman a dit que parfois des messieurs pervers aimaient regarder les filles sous la douche ? Vous... vous... »

Coraline renifla. Des petite larmes perlaient à ses yeux. Était-elle tellement insignifiante qu'on n'écoutait même plus ce qu'elle disait ? Mais il fallait au moins garder une contenance. Il fallait qu'elle joue son rôle de grande soeur protectrice ! 

« Bon, laissez-moi au moins entrer. Mon père arrive dans une heure, je ne vais pas attendre dans le couloir comme une demeurée. Soyez au moins un gentleman envers une jeune femme comme moi, voulez-vous. »

Bon. Outre le fait qu'elle venait de dire une grosse bêtise, c'est-à-dire révéler son âge véritable -en quelque sorte, elle avait clairement changé de ton pour paraitre plus mature et pour que le grand blond devant elle ne la prenne pas pour une gamine. En plus, elle avait même fait des efforts pour garder un langage digne d'une lady de ses romans -bon, peut-être pas pour le "demeurée". 

Le monsieur avait intérêt à se rattraper pour ses mauvaises manières, sur ce coup-là.

Spoiler:

Il s'était un peu mieux réveillé, déjà. Oui, Anicée pouvait même se féliciter de sentir son cerveau en plein fonctionnement -ou presque- alors, se faire traiter d'idiot et aussi franchement, ça passe mal. Il fronce les sourcils, croise les bras, et s'il s'était un peu baissé en sortant de son appartement pour se mettre à sa hauteur, là, il se lève, s'adosse contre sa porte et fait la moue. Les gamins sont-ils si mal élevés de nos jours ? Dans sa prime jeunesse, évidement qu'il pensait les grands idiots, mais lui, il avait le bon sens de le garder pour lui !

Tsss, les jeunes !

Elle affirme être la sœur de Juliette et, en consultant son cerveau, ce dernier hoche le cervelet qu'en effet, il est possible que dans son gazouillis de tout à l'heure, la petite ait prononcé quelque chose de ce genre là. Sans doute. Peut-être. Ok. De toute façon, dans sa façon de gonfler les joues, il reconnaît en effet un air de ressemblance avec la rouquine.

« En effet, t'es bien sa sœur, vous gonflez les joues de la même façon. Écoute, je suis pas toujours idiot, mais quand je suis fatigué au point de trouver une porte super confortable, ouais, j'avoue que j'ai pas toujours les idées en place et... » Oh, bordel, elle pleure. Il fait pleurer les enfants maintenant ! Il a contrarié Juliette, aussi. Anicée se dit qu'il doit avoir des prédispositions naturelles contre cette famille. « Non-non-non-non-non, pleure pas ! Je voulais pas te faire pleurer, c'est... ! »

Sa voix est paniquée. Il pense déjà à l’acariâtre d'en dessous qui va appeler la brigade des mineurs. Il se demande alors ce qui sera le pire : avoir une gamine chez soit et que les autres l'imaginent pédophile ou avoir une gamine qui pleure devant chez soit et passer pour un bourreau d'enfant ? Du calme Anicée, lui souffle son cerveau, T'es un putain d'adulte, tu vas pas te faire malmener par une gamine, que diable. À l'intérieur, y'aura pas de témoins, le doute de l'innocence planera toujours en ta faveur. Là, y'aura des témoins que tu fais pleurer les petits filles. Tout est une histoire... de témoins. Les réputations, ça peut tuer un homme aussi et...

Il a freezé, s'est stoppé dans son mouvement de vouloir tapoter les épaules pour réconforter la petite fille. Au fond, il trouve ça étrange, aussi, ce comportement de grande qu'elle se donne, mais se convainc que de toute façon, les gamins, ça veut toujours grandir trop vite. Ça regrette plus tard. Mais ok, il va jouer le jeu. Il se détend. Calme, Anicée !

« T'arrêtes de pleurer, t'oublie que j'ai été idiot au réveil, et alors, je consentirai à oublier que tu t'es invitée sans même t'annoncer. Les Dames, ça ne fait jamais ça, c'est inconvenant. »

On fait du chantage maintenant ? Bah, c'est plus comme s'il avait beaucoup d'estime pour lui même en cette matinée de Juin.

« J'espère, ma dame, que vous avez pensé à emmener un présent, au moins, pour réparer votre indélicatesse. S'inviter chez les gens, c'est mal, s'inviter les mains vides... c'est pas du joli. Mais soit. »

Il ouvre, fait une délicate révérence au pas de sa porte et attends que la petite entre. Il espère au moins que son jeu la calmera.

« Après vous. »

Son appartement n'est peut-être pas le mieux rangé du monde en ce moment, c'est vrai. Dans le salon, un canapé, une table, une télé, une orgie de câbles et de consoles, des étagères de livres et une ludothèque en attente de transitions pour sa chambre. Ce n'est pas hyper bien rangé, oui, mais c'est propre et ça sent bon l’encens. Une heure, il se dit. Il n'a qu'à tenir une heure, la gamine l'a dit.

Coraline avait toujours ses larmes au bord des yeux, malgré le fait qu'elle essaie de rester comme une grande. Les grandes filles courageuses comme elle, ça ne pleure pas. Ou pas beaucoup. 

« T'arrêtes de pleurer, t'oublie que j'ai été idiot au réveil, et alors, je consentirai à oublier que tu t'es invitée sans même t'annoncer. Les Dames, ça ne fait jamais ça, c'est inconvenant. »

Coraline s'arrêta sec de pleurer et porta la main à sa bouche. Mais c'est vrai, ça ! Bon, elle avait des circonstances atténuantes, car elle ne connaissait pas son numéro de téléphone. Elle aurait pu chercher, c'était peut-être même écrit à côté de l'adresse, mais bon. La petite brune baissa les yeux sur ses pieds, comme un enfant qui a commis une faute grave. 

Elle relève la tête au moment où le grand monsieur lui reproche d'être venue les mains vides. Encore vrai... Mais ! elle a peut-être deux trois bricoles dans ses poches. En rassemblant tout ces petits trésors, elle serait capable de lui offrir ces petites choses, au moins elle serait polie comme une vraie dame. 

Coraline apprécia tout particulièrement la révérence du blond, et avec un grand sourire elle entra toute fière dans l'appartement. Aussitôt son pied ayant fait le premier pas dans ce nouveau monde, elle fouilla frénétiquement les poches de sa jupe et y trouva deux chocapics goût chocolat blanc, un bonbon à la fraise et un jouet Kinder. Elle tendit fièrement sa trouvaille vers le monsieur.

« Comme je suis une demoiselle bien élevée, je vous ai apporté quelques cadeaux, et dans mon immense mansuétude je vous pardonne de m'avoir claqué la porte au nez ! »

Elle ne connaissait pas vraiment le sens du mot "mansuétude" mais il sonnait classe alors elle le disait quand même. Après cette très généreuse donation, elle entreprit de faire le tour des lieux, enfin surtout d'inspecter l'appartement. Tout en respirant la bonne odeur ambiance -mais qu'est-ce que c'était ?- Coraline demanda, le nez en l'air : 

« Comment vous appelez-vous ? Et quel âge avez-vous ? Moi c'est Coraline, et j'ai... »

... 24 ans. Non, elle n'allait pas le dire. Et puis, l'âge, ce n'était pas très important, non ? Alors, comme pour se changer les idées, elle observa minutieusement les consoles de jeu. Vraiment, il faudra qu'elle demande à sa mère d'en acheter une autre. En plus, c'est graphique une console. C'est beau. Ça remplit un appartement. Et ça permet de changer de sujet.

« Elle est belle votre console ! Ça vous donne des points en plus, ça. Vous jouez à quels genre de jeux ? »

Oh, et des câbles ! C'est marrant les câbles. C'est beau les câbles. 

Elle entre, il suit, ferme doucement la porte et prie de toute son âme pour que personne ne se prennent une envie furieuse d'imaginer des trucs louches. Le voisinage est bel et bien son pire ennemi. La petite lui tend ses trouvailles et Anicée ne peut que lâcher un sourire amusé. Elle n'a pas l'air méchante, il ne peut pas passer sa vie à soupçonner tout le monde d'avoir des idées derrière la tête et il se demande, quelque part, si c'est l'idée de partager bientôt son espace vital qui le rend aussi paranoïaque sur tout. Il prend finalement le bonbon, étant peu attiré par les chocapic aux peluches de fond de poches et hoche la tête.

« Ce sera bien suffisant. Et je remercie ma dame pour la grandeur d'âme dont elle fait preuve. »

Elle s'agite dans l'appartement et lui observe d'un regard inquisiteur où elle met les pieds et comment elle met les pieds dedans. Ça grouille de câble, ça peut en être dérangeant pour marcher et, les gosses, c'est bien connu pour pas faire très attention à leurs mouvements. Mais celle-ci semble douée, se déplace avec aisance dans l'appartement et ainsi, arrive à faire s'envoler à Anicée une série de catastrophe incluant 1) une gamine en sang ; 2) une plainte des parents et une série d'ennuis sans précédents ; 3) des consoles qui volent, s'écrasent et se cassent en petit morceaux dans un bruit atroce de souvenirs qui se brisent.

Il secoue la tête et se félicite quand même de sa pseudo-insomnie qui lui aura fait ranger et nettoyer une bonne partie de l'appartement, lui faisant ainsi gagner de précieux poi... Non, bordel, il est adulte ! Il ne va pas tomber dans ce jeux de gamins et cette histoire d'approbation ! Oui, il joue le jeu pour la calmer, mais il n'y met pas vraiment un sérieux intérêt dedans, bon sang. Il se fustige intérieurement, mais extérieurement, un léger sourire discret orne ses lèvres tandis que son regard bleu semble calme et doux. Des années de maîtrises avant de parvenir à cette dualité de comportements. La petite voix, d'ailleurs, le retire à ses pensées et dans un effort, il parvient à se concentrer sur la fillette. Coraline.

Il voit qu'elle ne veut pas dire son âge et s'en étonne. D'habitude, les gosses, c'est plutôt à compter l'âge à la minute prêt, non ? Enfin, il ne dit rien dessus et, finalement, se contente d'hausser les épaules pour effacer ce sujet de conversation à sa liste.

« Enchanté, Coraline. Je suis Anicée, j'ai 36 ans et je travaille à faire des boissons pour les gens. » Ou comment ne pas dire « je les fait picoler jusqu'à ce qu'ils s'en évanouissent dans leur vomi. » « D'ailleurs, tu veux boire quelque chose ? Je dois pouvoir te presser des oranges et j'ai un fond de jus de fraise... » Il tilt, se rendant compte qu'il s'est écarté du jeu. « Oh, ma dame, je voulais dire vous ! Mais, dans votre grande mansuétude, m'accorderiez-vous de vous tutoyer ? »

Chassez le naturel, il revient au galop. Anicée se dit qu'il va avoir du mal, pendant encore longtemps, à vouvoyer une fille visiblement plus jeune que lui.

« Et j'ai toute sorte de jeu. Un Mario Party, vous tenterait-il ? »

Oui, chassez le naturel...

Coraline retint le nom du monsieur. Anicée. Amusant, comme nom. On n'en voyait pas tous les jours. Et puis en plus il avait 36 ans. Plutôt âgé ! Enfin en comparaison avec Juliette. Mais l'âge d'une personne ne disait rien sur lui ! Après tout, Coraline elle-même en était un bon exemple, non ? Alors elle retint juste son nom. Et pas son âge. Du moment que ce n'était pas un vieux de 60 ans déguisé, tout allait bien. 

« Vous tutoyer ? Mmh... oui. Mais comme vous êtes mon ainé je continuerai à vous vouvoyer ! »

En plus, il lui proposait de jouer à Mario Kart. Enfin, Coco prenait ça comme une invitation à jouer à ces délicates consoles de jeux. En plus, elle était très contente car chez elle, elle jouait très peu souvent avec quelqu'un. Ses parents ainsi que Juliette n'étaient pas intéressés et puis parfois son frère, mais il n'était pas tout le temps là. Pourtant, Coraline adorait jouer avec des gens. Que ce soit jeux de société, en plein air ou devant une télé, elle était toujours partante. Mais au moins, quand elle était seule, les jeux vidéos pouvaient toujours être utilisés. C'est pour ça qu'elle aimait les jeux vidéos, Coraline. 

Notre petite brunette sourit joyeusement. Elle s'entrainait souvent chez elle quand elle n'avait rien à faire et qu'il faisait moche dehors, alors cet hiver elle avait réussi à être une boss dans les différents jeux Nintendo. Même le Pokédex ne résistait pas à notre chère Coco. Tous les pokemon dans sa poche et elle était repartie pour autre chose. Alors un Mario Party, ce n'était rien ! Les mini-jeux, c'était finger in the nose. Pas très élégant pour une demoiselle telle qu'elle, mais bon. Les jeux de baston aussi lui réussissaient. 

Oh là là, comment pouvait-elle se retenir de parler et de déverser des flots de paroles et de mots sur Anicée ? Et oui ! Elle ne le pouvait pas. Alors elle se lâcha. 

« Mais bien sûr ! Je vais t'exploser... je vais vous battre à plate couture !  » Comme son nom, Couturier. Hihi. « Et quand j'aurais fini ce jeu et que j'aurais dansé sur votre corps avec une coupe de champagne en riant, je m'attaquerai aux autres jeux Nintendo. Puis aussi aux jeux de baston, si vous en avez. Et même les rpg ! Vous en avez, des rpg ? Je suis très bonne aux rpg. Juliette aime pas trop ça, donc vous allez être triste si vous ne jouez pas aux jeux vidéos avec quelqu'un. Je serai là, ne vous inquiétez pas jeune Anicée ! Dès que vous en aurez envie, j'accourrai que dis-je je VOLERAI jusqu'à chez vous, entendant votre divin appel pour vous dépanner dans votre soif incommensurable de jeux vidéos. N'oubliez pas ! Car comme vous êtes celui qui va vivre pour toujours avec Juliette, ce serait trop triste pour vous que vous ne puissiez pas partager votre passion ! Mais je vous comprends et je vous entends, moi je peux faire changer les choses en vous aidant. Bref. On peut commencer la partie ? »

Une autre tirade. Elle devrait vraiment penser à faire du théâtre. Elle était fière de toutes ces phrases, franchement elle avait l'air trop classe en les prononçant. Ce que ça voulait dire ? Pas important. C'était un grand, il allait comprendre. 

Danser sur son corps avec du champagne, hein ? Anicée pose ses mains sur ses hanches, lâche un demi-rire en coin et va allumer l'installation. Console Wii, manette, branchement derrière la télé, il fait ça en quelque tours, quelques gestes et regarde la télé qui commence à s'échauffer. La nouvelle technologie, c'est bien, la nouvelle technologie, elle paresse un peu à mettre trois plombe à s'allumer. En attendant, à défaut de champagne, il va dans sa cuisine et prépare, pour sa petite invitée, un mélange de jus de fruits et pour lui, un café bien mérité. Très serré. Sérieusement noir. Tout pour faire en sorte qu'une fois dans son canapé, Morphée ne se souvienne pas de son existence.

Quand il revient, il pose le verre coloré devant la gamine et s'assoit, remuant d'une main distraite le sucre qu'il a ajouté pour faire passer l'amertume. Il aime le café, Anicée, mais là, il le prend par nécessite et là fait aussi court que possible. Limite, il se serait sentit capable de manger les grains seul, il sent le sommeil qui lui chatouille les paupières. Il l'avale d'une traite (le café, pas le sommeil), comme un mauvais médicament et finit par répondre à la petite.

« J'ai pas de champagne chez moi -ça coûte une blinde ce truc- alors à défaut, danse avec le jus. Mais 'gaffe à pas en mettre partout, ça colle à mort sur le parquet. »

Il se demande, quelque part, si c'est comme ça qu'il faut parler à une enfant. Quand il observe les autres, il les voit gagatiser et leurs parler comme à des petits animaux attardés. Il hausse les épaules, pensant que Coraline n'a pas l'air de s'en plaindre. Elle lui plaît bien comme gamine.

« Ouais, je te mettrais sur Guilty Gear X pour que tu te frottes au boss final si tu veux. » Vraiment ? Ce jeu aux seins rebondissants de partout ? Pourquoi pas Sexy Parodius tant qu'on y est ? « Ou peut-être que non, je l'ai prêté à un pote. » Oui, voilà, prêté. Réfléchit avant de faire des piques. Il reprend bien vite, afin de ne pas laisser le temps à la gamine d'imprimer ce jeu dans la tête « Sinon, ouais, j'ai un peu de tout, RPG à l'ancienne comme Baldur et Planescape à plus jeune -encore que, pas les FF, j'aime pas la les derniers – puis j'ai de l'action-RPG, des FPS et pleins d'autre trucs. Si jamais t'as envie de jouer un jour, viens, la porte te sera toujours ouverte. »

Il dit ça avec un éternel sourire gentillet. Anicée, aussi, n'a pas envie de séparer les deux sœurs alors, si la petite veut voir Juliette sans vouloir l'avouer -l'étrange fierté des gosses à laquelle il ne comprend rien et ne cherche même plus à tenter de comprendre-, il lui laisse une porte grande ouverte. Après tout, lui, il a ses jeux online s'il se sent seul et désœuvrée.

« Alors, elle joue pas, dis-tu, ta grande sœur ? » avec laquelle tu vas vivre pour toujours ajoute le cerveau tout fier de pouvoir restituer une partie de la conversation avec efficacité. Corsé ce café. Efficace. « Hum ? Hum. Coraline ? Je ne vais pas. Vivre pour toujours. Avec ta sœur. Tu l'as bien compris, ça, hein ? »

Il s'est tourné mécaniquement vers la gamine, articulé comme une poupée qui aurait attrapé un vilain balais dans un vilain endroit. Son sourire reste, mais il est plus crispé. Punaise, l'imagination des gosses, ça, Anicée n'y est jamais préparé.

Coraline regarda le monsieur, enfin, Anicée, installer la Wii. Elle était toujours excitée quand elle entendait le bruit de la console et de la télévision qui chauffaient. Elle savait qu'elle allait bientôt jouer, et c'était dur pour elle d'attendre. Depuis combien de temps elle n'avait pas fait une partie avec une autre personne ? Sûrement depuis la soirée jeux vidéos organisée par sa classe. 

Son sourire s'agrandit quand elle aperçut un verre de jus de fruit posé juste devant elle. La fausse fillette touilla avec son doigt le mélange rempli de couleurs, puis commença à le boire, tenant fermement son verre avec ses deux mains. Coraline hocha simplement la tête aux recommandations du grand blond. Que son ainé ne s'inquiète pas, elle avait suffisamment d'expérience pour savoir qu'un cocktail renversé sur les vêtements ou le parquet, c'est chiant. Elle posa sa boisson à moitié bue sur la table puis s'essuya avec son tee-shirt. Ce n'était pas très élégant, mais on fait avec ce qu'on a.  

Coco regarda Anicée lorsque celui-ci lui proposa de battre le boss de fin dans Guilty Gear X. Même s'il avait l'air de vouloir changer rapidement de sujet, la jeune fille avait enregistré le nom du jeu. Si elle ne se trompait pas, c'était un jeu de combat. Lors de la fameuse soirée consoles en folie avec sa classe, deux élèves l'avait initiée à cette série. Mais qu'y avait-il de mal à jouer à Guilty Gear ? 

Puis elle écouta le reste du catalogue de jeux que lui proposait Anicée. Il avait tellement de choses, c'était incroyable ! Coraline avait presque envie d'être en colocation avec lui, rien que pour qu'ils puissent s'amuser ensemble ! Mais déjà, il fallait qu'elle sache ce que voulait dire exactement le mot "colocation". 

« Hum ? Hum. Coraline ? Je ne vais pas. Vivre pour toujours. Avec ta sœur. Tu l'as bien compris, ça, hein ? »

Coraline laissa échapper un "Ah", tout simple. Mais pour elle, colocation voulait dire habiter ensemble ! 

« Être en colocation c'est habiter ensemble, non ? Alors c'est comme pour papa et maman, vous allez habiter ensemble ! Quoique... attendez... je crois que je confond "colocation" avec "mariage". »

Coraline fronça les sourcils et réfléchit beaucoup beaucoup. Puis se frappa le front avec le plat de sa main. Qu'elle était bête ! Être en colocation, c'était partager le loyer avec un autre ! Il n'allait pas dormir avec Juliette ! Il n'allait pas rester toute sa vie avec elle ! Il n'allait pas la protéger, il n'allait pas rester éternellement avec elle... Et Coraline ne pourra pas jouer aux jeux vidéos éternellement avec lui ! C'était une pensée très égoïste, mais sur le moment elle ne pensait qu'à ça. 

« Tant pis ! Il faut profiter du moment présent et jouer un max ! »

Puis elle avala d'un coup le reste de sa boisson. La brunette avait abandonné toutes ses manières distinguées, pour l'instant ce n'était plus une jeune fille frêle et fragile, mais une vraie combattante. Un peu exagéré pour une simple partie de Mario Party, mais quand on jouait, on jouait à fond ! 

Coraline avait regagné toute sa vigueur et lança à l'homme plus âgé, tout en craquant ses doigts avec un sourire malicieux : 

« Je passe tout mon temps libre à zigouiller des monstres, moi monsieur ! Je suis sûre que vous ne m'arrivez pas à la cheville ! Et ne me dites pas "c'est juste une simple partie de Mario Party, calme-toi gamine !" avec votre grosse voix de monsieur, car je suis à fond !! Et j'ai bien vu comme vous avez essayé de me détourner de Guilty Gear. C'est parce qu'il y a des filles à grosse poitrine dedans ? Ne me faites pas rire, c'est pas comme si je ne m'y étais pas habituée avec Juliette ! Vous comprenez ?! Passer dix ans à observer sa petite soeur avoir de la poitrine plus forte que vous, c'est rageant ! Mais vous êtes un homme, vous ne pouvez pas comprendre ! Ah ! J'ai bien envie de me défouler ! Vous n'auriez pas un bon jeu de baston que je connais bien, du genre Soul Calibur ? Qu'on se fight un peu après vous avoir massacré aux mini-jeux ! Et je redemanderai un cocktail... mais cette fois-ci le jus sera fait avec votre SANG HA HA ! »

Coraline s'était bien emportée, mais cela faisait longtemps qu'elle n'avait pas fait ses petites pièces de théâtre. Avec Anicée, c'est comme si elle se donnait à 400% de son énergie habituelle. Ce monsieur lui inspirait bien confiance, elle n'avait pas de peine à se montrer avec toute sa forme devant lui. 

Cette heure allait vraiment être amusante ! 

L'heure aurait pu vraiment être longue.

Si Coraline continuait à, en toute innocence, jouer avec ses nerfs, Anicée aurait pu trouver l'heure vraiment, terriblement, horriblement Longue. Mais ça va : la gamine semble se rendre compte de son erreur, au grand soulagement du grand blond.

« Oui, voilà. Cohabiter : on va être dans le même appart, mais rien ne la retiendra ici et elle n'aura même pas à être amie avec moi ! Note que ce serait quand même plus sympa. Elle aura sa chambre à elle où je n'irais jamais la déranger et... et faudra qu'on se trouve un truc pour qu'elle prenne ses douches tranquille où même moi, pas réveillé, je ne pourrait pas risquer de faire de gaffes. J'suis pas certain que la serrure marche encore, faudra que je répare ça avant qu'elle arrive... »

Il parle pour lui même, la voix distante, amenant une main songeuse sur son menton fraîchement rasé. Vu l'expérience de ce matin, Anicée se dit que sans doute, il passerait devant la douche avec une jeune fille nue dessous, il ne tilterait pas immédiatement. Mais il tilterait, il en est certain. Et ce serait alors vraiment merveilleux pour les yeux terrible, oui. Un instant terrible et de terribles disputes par la suite, oui oui. Terrible.

Il se demande quel parcourt étrange les pensées de la petite ont parcouru pour arriver à cette conclusions d'acceptation, presque fataliste du Carpe Diem. Mais il ne demande pas, bientôt submergé par le nouveau flot de paroles dont est capable la jeune demoiselle. La pauvre, elle doit avoir soif, pense-t-il distraitement. Tandis qu'il tend l'oreille pour continuer à l'écouter, il va chercher une bouteille d'eau et la pose devant Coraline, prêt à lui servir un verre.

Il l'aime vraiment bien. De ce qu'il croit savoir des enfants, ces derniers le voit en adulte et en meneur, le laissant alors sombrer dans le tourment du ''qu'est-ce qu'on fait maintenant'' ; mais Coraline, elle, mène la barque avec une énergie digne d'un hyper actif qui boit des redbull coupé au café depuis ces premières heures. Lui, il a juste à suivre et hocher la tête, un rôle qu'il connait et maitrise plutôt bien.

« Grande sœur, non ? » corrige-t-il avec un automatisme innocent.. Il rigole avant de reprendre « Et ne parle pas de nana au gros seins en associant Juliette juste après, tu sais pas combien c'est dur de rester concentrer auprès delle parle après ! Tu vois ? Homme, sœur, chacun sa galère. » Bon, Ok Anicée, le décontracté, c'est bien, mais autant avec une enfant, c'est pas la joie non plus. Il tend les manettes à la gamine et lui lance un sourire en coin « Compte pas sur moi pour jouer gentil parce que t'es une fille. Après t'être autant ventée, t'as intérêt à défendre chèrement ton honneur. »

Oh, il s'en fiche bien de perdre, Anicée. Il joue depuis longtemps... Il est même possible qu'il ait plus d'expérience de jeu que cette fille a d'année dans les pattes, mais après, il n’excelle pas dans tout les jeux non plus. Mais une défaite ne lui a jamais fait peur, l'important, pour lui, c'est bien de passer un bon moment. Voilà. Que la partie commence !

Spoiler:

Coraline, amusée par la réponse d'Anicée, se demandait si c'était si troublant que ça pour un homme de voir une femme telle que sa sœur. Ses pensées n'étaient pas trop celles d'une gamine, c'était comme si la partie plus mature d'elle pensait. Et puis elle avait eu chaud d'ailleurs, elle n'avait pas remarqué qu'elle avait lâché "petite soeur" en parlant de Juliette. Heureusement que le blond avait cru à une erreur... 

Rigolant intérieurement en imaginant Anicée découvrir la vérité sur son âge, elle attrapa les manettes. Elle non plus n'allait pas faire de cadeau, même si ce grand homme était très gentil ! Douze ans qu'elle jouait, même plus, quand elle restait chez elle parce qu'elle avait des problèmes avec sa constitution physique, on pouvait dire que la console était sa seule amie -avec les pitreries de son frère. 

Toute cette vantardise de Coraline n'était pas parce qu'elle pensait vraiment gagner, mais plutôt pour dire qu'elle serait une bonne adversaire qui sait jouer, et avec qui on peut s'amuser. 

« Bien sûr que je vais me défendre, monsieur ! Vous avez peut-être plus d'années de jeu que moi, mais ça ne veut pas dire que je suis faible ! » Elle s'amusa à tourner le stick du nunchuck. « Tu aimes choisir quel personnage dans Mario Party ? J'aime bien Toad. Il est vraiment mignon ! » Puis, en se tournant vers Anicée, toute curieuse « Tu... heu... vous ne pouvez pas loger seul ? Vous avez des problèmes ? Pourtant, ça a l'air d'être vraiment cool le métier de barman. Ils portent parfois des habits super classe et puis franchement quand certains font des cocktails c'est merveilleux ils sont trop stylés, même mon frère dit qu'il sont vraiment mignons les barman et que leur pantalon noir moulant leur va bien aux fesses ! » Oups. Devait-elle parler de ça ? Même pour Coraline, c'était un peu étrange. Anicée allait prendre son frère pour un pervers détraqué. « Heu... enfin vous comprenez que les barman sont badass. »

C'était bien le genre de Coraline, de dire "badass", comme ça. Elle avait entendu ce mot il n'y a pas longtemps, par des camarades de classe, et ayant trouvé ce mot et sa signification super chouette, elle n'hésitait pas à l'employer. 

Toute ces paroles donnaient soif à la brunette, qui rempli son verre qui contenait précédemment du jus de fruit avec de l'eau. Avec ses tirades, Coraline avait la gorge toute desséchée. Après s'être désaltérée, elle resta un moment silencieuse, parfois être trop bavarde c'était épuisant. Avec tout ce qu'elle avait sorti, il lui faudrait au moins deux minutes de repos ! 

La partie pouvait commencer, et Coraline laissa Anicée commander, de toute façon il avait la manette 1. Pour une fois que la petite normande n'allait pas mener la danse, il fallait qu'elle en profite pour se calmer un peu. Il allait la prendre pour une fille totalement folle si elle continuait. Et ce n'était jamais agréable, quand on la regardait comme une folle. Et puis qui sait, peut-être qu'Anicée en a marre qu'elle parle tout le temps ! Les adultes sont toujours comme ça, les bavardages ne leur plaisaient pas. Ce n'était pas que la jeune fille prêtait beaucoup attention au regard des autres, mais quand elle connaissait la personne... 

Un doute s'était installé dans l'esprit de Coco, qui demanda d'une voix mal assurée, ce qui n'était pas naturel de sa part, tout en choisissant dans le menu "choix des personnages" son Toad adoré. 

« Heu... mes bavardages ne vous dérangent pas ? »  

Spoiler:

Spoiler:

Anicée, calmement, regarde la gamine qui s'amuse à ses côtés. Si les enfants étaient tous comme elle, il ne se sentirait peut-être pas autant à côté de la plaque en leur présence. Non, celle là est vraiment chouette. Il espère aussi, quelque part, que la miss Juliette ressemble un peu à sa petite sœur et que la première rencontre était timide parce que ce n'était qu'une première approche, justement. D'ailleurs, se dit le blond, peut-être que Coraline pourrait lui parler de sa grande sœur, ainsi, lui même pourrait peut-être un peu moins gaffer à l'avenir, si la colocation se fait. Maintenant, s'il veut le faire, ce sera au détour d'une conversation normale qui ne lui donnera pas l'impression de se servir d'une fillette pour arriver à ses fins de vil pervers manipulateurs.

« Je prends Yoshi d'habitude. Je l'aime bien. » Voilà, c'est loin de le renseigner sur Juliette, mais ça semble découler de la conversation.

La suite le déconcerte un peu plus, l’embarrasse assez pour lui arracher un petit rire gêné. Ça parle de serveur badass et de cul moulé, chose qu'il reproche à son accoutrement de barman, justement. Ok, le frère est comme ça. Ok, il faudra p'tet qu'Anicée évite de trop dire où il travaille exactement. Ok, Ok. Si le frère veut aussi l'examiner -dès fois que ce soit une traditions de famille-, le blond préfère que ce soit dans un lieu où il pourra gentiment rembarrer sans avoir son patron sur le dos après coup. Ha ha ha. Enfin, la gamine lui fait part de son doute : est-ce que ses bavardages le dérange ?

« Pas du tout. » Il a répondu au tac-o-tac, sans prendre la peine de réfléchir. « à part quand tu parles de fesses moulées. Quelqu'un d'aussi jeune ne devrait pas parler de ça, c'est pas raccord avec ton visage doux et innocents. D'ailleurs, il compte passer me voir aussi ton frère ? Pas qu'ça m'inquiète, mais quand même... »

Il fronce les sourcils, Anicée. Concentré, il navigue sur les différents menus pour arriver enfin aux jeux. Le plateau se charge, il se tourne vers Coraline.

« Barman, admettons que ce soit badass, ça paye pas des masses. Pas assez pour la surface que je loge en tout cas, j'avais des économies qui me permettaient de vivre avant, mais elles ont fondue. » Il se laisse couler dans le fond de son canapé et soupir. « Et l'autre options, ce serait que j'aille dans un appartement moins cher, mais si c'est moins cher, ce sera plus petit et bah... » Comment dire ça ? « On va dire que je suis un peu cassé dans ma tête : j'arrive pas à me trouver dans des endroits plus petits que celui-là. Ça finit par me faire vraiment très peur. » Au moins, il n'en complexe pas. Coraline a-t-elle compris ? Anicée la regarde, penchant la tête, et demande « y'a des trucs qui te font peur à toi ? Vraiment très peur ? Au point de ne plus arriver à respirer ? »

Bien loin de se soucier de toutes ces considérations, le jeu, lui, s'est lancé. Le plateau s'est modélisé et dessus, Toad et Yoshi se trouvent sur la case départ. C'est à la jeune fille de lancer, hospitalité oblige, Anicée lui a laissé la manettes de joueur 1. Car c'est une invitée. Car c'est une fille. Car le blond est un peu vieux-jeu, aussi.

pour le prochain post:

Coraline grimaça légèrement. Bien sûr que ce qu'elle avait dit, les paroles rapportées de son frère, qui d'ailleurs ne l'avait pas vraiment formulé comme ça, c'était déplacé ! Et pas à cause de son âge, mais plutôt parce que c'était assez gênant. Même la brunette le reconnaissait. Voilà que Jean allait avoir une réputation... étrange. La jeune fille tenta de rectifier le tir, qu'allait penser Anicée sinon ?

« Mon frère est très gentil, et c'est juste qu'il avait vu un beau barman, c'est tout ! Il... il ne l'avait même pas dit exactement comme ça ! Je suis désolée de vous avoir fait peur. »

Puis elle écouta, tout en regardant l'écran charger, la raison pour laquelle le blond voulait un colocataire. Ça devait être dur, de ne plus trop avoir d'argent. Coraline n'avait jamais eu ce problème. Déjà, les finances et elle ça faisait deux. Et puis elle ne manquait de rien, dans son grand appartement. Ses parents étaient riches, ils la gâtaient, tout allait bien. 

Et une raison interpellait la petite Coco. Il avait très peur ? Pourtant les adultes, ils disaient toujours qu'ils n'avaient plus peur. Coraline eut un flash de génie. La peur des petits espaces, elle en avait déjà entendu parler. Un de ses anciens camarades l'avait, et il avait l'air sur le point de mourir dès qu'il entrait dans un ascenseur. Ça s'appelait comment... la clu... ca... cri... phobie ? 

« Vous avez la climophobie ? » Et mer... saperlipopette et crotte de cheval. Mais qu'est-ce qu'elle disait ? La phobie des climatiseurs ? Anicée allait définitivement la prendre pour une gamine illettrée si elle disait des gourdes pareilles. « Heuuuu... oubliez. Sinon, je n'ai jamais peur, enfin pas au point de respirer. Une fois, en vacances, il y a eu un scorpion qui était sorti du lavabo, et j'ai une crise en le voyant, mais sinon... »

Coraline s'arrêta et fixa l'écran. Anicée lui avait passé la manette 1, quelle courtoisie ! Toad et Yoshi attendaient sur la case départ, prêts à s'élancer dans le jeu. Les deux dés apparurent sur l'écran et la petite brune les arrêta, puis regarda les numéros inscrits sur chacun d'eux.

4 et 4. Soit, huit cases. Toad saura joyeusement de case en case pour atterrir sur la numéro 8. Il n'y avait aucun effet, heureusement. 

Coraline marmonna distraitement, mais assez fort pour que son compagnon de jeu l'entende.

« La seule chose dont j'ai peur, c'est qu'on me rejette et que je me retrouve toute seule... » Puis, semblant sortir d'une sorte de transe, s'exclama joyeusement. « Ah ! Je n'ai pas fait un départ exceptionnel, mais je suis sure que je vais rapidement remonter. Allez, à t... vous ! »

Si ça continuait, elle allait vraiment le tutoyer. Anicée ne semblait pas être le genre d'adulte à beaucoup prêter attention au vouvoiement d'une gamine, mais elle faisait quand même attention. On ne savait jamais à quoi s'attendre avec certains. Parfois, ils disputent Coraline pour des choses toutes bêtes... Mais elle commençait à se détendre, dans cet appartement. Si Juliette ne prenait pas la colocation, Coraline habiterait volontiers ici. Enfin, non. Mais elle était contente que sa soeur ait choisi cet endroit, car la jeune fille était sûre que son futur colocataire allait être un bon colocataire ! 

Prochain post :

Nombre aléatoire (1,6) :

1

et

Nombre aléatoire (1,6) :

4

Que de défense pour un frêre bien-aimé ! Anicé sourit, se disant que le second degrés ne semble pas être vraiment l'ami de cette famille. Ok, il prend note, il fera attention à ne pas trop l'utiliser dorénavant. Il fronce les sourcils, soudain en proie à une réflexion intense et lance, comme sortit de nulle-part :

« Hey, vous êtes trois enfants dans la famille ? Chez moi aussi ! J'ai un grand frère et une petite sœur. »

Quel est l'intérêt de le dire ? Oh, aucun. Il s'en rendra compte après, mais laissons-le savourer ce moment où il se dit que se faire des copains/copine, c'est trop facile. Et laissons-lui oublier qu'il pourrait être, lui semble-t-il, son père à sa nouveau copine. D'ailleurs, il serait prêt à parier que ses propres parents tueraient pour que Coraline soit leur petite fille, et pas « la nouvelle copine de jeu » de leurs fils.
Anicée est vieux jeu, parfois, oui, mais Anicée peut-être parfois aussi mature qu'un ado attardé. Et Anicée n'a toujours pas pigé le vrai âge de Coraline. Quand cette dernière essaye de prononcer ce qu'il a, il reprend son rôle d'adulte et ne se moque pas. Il a eut du mal aussi à le dire quand il était plus petit.

« Claustrophobe, c'est ça ! J'ai apprit à le dire à la dure, quand je devais expliquer pourquoi j'avais fui de classe soudainement. Et un coup sur deux, on me croyait et me disait rien... ou alors j'étais puni et je gagnais de loooongues heures de colles. » Il rigole un peu « Et je préférais faire croire à mes parents que c'est parce que j'étais dissipé en classe. Je n'avais tellement pas envie qu'ils se mêlent de cette histoire ! »

C'était le bon vieux temps. Ah ! Oui, les brimades, les rires et moqueries, les moments où on l'a enfermé dans les toilettes -et dieu merci, c'était dans des toilettes- et qu'il a attendu des heures que le concierge y passe pour être libre... Le bon vieux temps, hein ? Punaise, il est content d'être adulte, à présent, Anicée. Son visage s'est crispé au fur et à mesure que son cerveau lui rappelait ces bons moment de son adolescences. Putain de bon vieux temps, hein ? Qu'il aille se faire mettre.
Il regarde la gamine, se demande si elle est victime de moqueries. Il l'entend qui parle de scorpions et se dit qu'il n'aurait pas aimé, aussi. Il l'entend qui marmonne sa peur d'être rejetée et seule et il en perd son sourire. Mais elle change la conversation alors, poli, Anicée s'engage sur celle-ci.

Il remet un sourire sur le visage, plus neutre, moins enjoué ; ce que la filette a dit lui trotte dans la tête malgré tout ses efforts. Il lance les dés et voit le 8 qu'il fait aussi. Ça le fait rire.

« J'parts pas mieux que toi, mam'zelle. » Yoshi s'avance et finalement, se met sur la même case que Toad. Là, il profite d'un moment de répits et crève l'abcès : « Tu peux me tutoyer si ça devient trop dur. Et si tu t'sens seule, tu pourras toujours venir ici quand tu veux. Parce que y'aura ta sœur ici, donc, tu pourras venir la voir, bien sûr.
Plus, si t'as envie de jouer, la porte te sera toujours ouverte, ok ? On est pote de jeu, maintenant ! »

Il tend la main. Hey, High-five ?
Oui Anicée. Bravo, tu viens de te faire une copine. Elle a l'air d'avoir 10 ans. Mais t'en es fier quand même, pas vrai ?

Spoiler:

Pour le prochain tour:

Coraline sourit quand elle vit Anicée avoir le même score qu'elle. On pouvait dire qu'ils étaient en phase ! Elle ne remarqua pas que son visage était moins joyeux suite à sa petite confession sur sa peur d'être rejetée. Elle ne pensait qu'à ce qu'il avait dit. Ils étaient amis maintenant ! C'était tellement rare que Coraline ait des amis adultes. Surtout un ami adulte compagnon de jeu ! C'était tellement inédit qu'elle en pleurerait de joie si elle ne s'était pas contenue. 

Elle tapa sa main dans celle de son nouveau copain, toute heureuse. Il avait gagné le maximum de point qu'il pouvait avoir. Juliette serait sûrement très bien ici ! Coraline ne manquera pas d'aller la voir. Son frère ne viendrait pas -ils ne s'aiment pas les deux- mais il valait mieux. Anicée allait peut-être se sentir mal à l'aise...

« Je repense à ce que t'as dit tout à l'heure. Tu as une petite soeur et un grand frère ? » elle était remplie de cette joie enfantine, quand une fillette rencontre une personne dans la même situation familiale qu'elle : trois enfants, au milieu, avec grand frère et petite soeur. « C'est comme mouaaa... copine. » Esquive agile, elle avait failli dire "comme moi". « Ils sont comment ? »

Coraline ne s'étala pas sur le sujet des peurs. Elle ne pouvait même pas s'imaginer des personnes se moquer d'Anicée ! C'était très méchant de faire ça. La brunette n'avait jamais été punie, même à cause de son problème. Elle était une alien, tout au plus. 

Elle arrêta de nouveau les dés à l'écran, qui stoppèrent sur 1 et 4. Et hop, cinq cases ! Toad se trouvait sur la case 13. Mais il n'y avait aucun effet. Pour l'instant, la partie semblait plutôt calme. Coraline ne manqua pas de commenter :

« Quelle début de partie mouvementée dis donc ! »

Soudain, la petite demoiselle commença à se tortiller et à serrer les jambes. Zut, elle avait oublié d'aller aux toilettes. Il fallait qu'elle y aille, alors elle posa sa manette et se leva avant de se diriger avec hésitation vers les sanitaires qu'elle avait repéré auparavant. 

« Eh, je dois aller au petit coin. Ne prend pas ta revanche sur moi et ne m'enferme pas d'accord ? » au cas où la colère refoulée d'Anicée remonte et lui fasse subir toutes les brimades qu'il avait dû subir sur sa phobie. « J'espère ne pas boucher les toilettes, ne t'inquiète pas ! De toute façon ce sera Juliette qui nettoiera. » Ou non. Sa soeur était bien trop délicate pour que Coraline l'imagine avec la ventouse en train d'essayer de déboucher les toilettes. « Enfin bref, continue le tour sans moi. »

Elle referme la porte des WC. [JE NE DETAILLE PAS xD] Tout en se lavant les mains dans la salle de bain -qu'elle avait aussi repérée auparavant, elle pense à sa soeur. Elle l'imaginait vivre ici, et en regardant le lavabo elle eut une idée, en écrivant sur un papier de bonbon, avec son sang, elle n'avait rien d'autre : "Coucou Juliette ! Comment tu vas ? Anicée est trop cool, j'espère que tu te plais bien ici ! " Et hop, un petit message déposé dans la salle de bain ! Ça faisait assez gore avec les lettres ensanglantées qui coulaient un peu sur le carrelage, mais c'était mignon. Elle relava ses mains pour enlever le sang de sa coupure au doigt, puis retourna dans le salon, enveloppant son index avec sa jupe. 

« Alors, tu en es où ? »

Spoiler:

Prochain tour :

Nombre aléatoire (1,6) :

5

et

Nombre aléatoire (1,6) :

3

« Comme... toua coupine ? »

Anicée sourit, l'air sceptique en plus de celui qui se demande ce qui a conduit à un tel lapsus. Peut-être le prénom de l'amie en questions se dit le blond et la gamine, plutôt que de donner le vrai prénom, généralise pour ne pas le perdre. Voilà, c'est, ça, sans doute.
…
Moua ? Mouarra ? Mouarrine ? Les parents ont vraiment des idées étranges en terme de prénoms de nos jours... Il secoue sa tête, voit son regard qui accuse un temps de retard.

Damn.

Il croit reconnaître ces symptômes. Il plisse les yeux, grimace un peu et tente d’étirer discrètement ses jambes. Il baille. Pas de doute. Il a un terrible coup de barre. Son esprit régresse, Anicée le sent, il redescend doucement à l'être larvaire de l'homme monotâche et simple. Ses pensées se dispersent comme pissenlits au vent. Coraline le questionne sur sa famille et vaguement, le blond répond « Heum, ils sont cool. J'ai passé une enfance plutôt cool avec eux ». Son esprit, déjà, peine à trouver quoi ajouter. Oh, se dit-il, simplet, Coraline lui demandera les renseignements qu'elle veut, non ? Alors, n'est-ce pas le moment idéal pour demander des précisions sur Juliette ?

« Di... ! » La questions rebondit sur la remarque de Coraline et -Pissenlits au vent !- il en oublie le fil de ses pensées et se concentre juste sur la partie peu mouvementée. «  Ouais, j'ai vu plus remuant comme début. » Il lance les dés, avec l'oeil concentré de la vache qui regarde passer les trains et voit. 4 et 5. 9. Yoshi avance, chantonnant gaiement et s'arrête sur la case 17. « Oh, loupé » note-t-il en voyant la case devant lui. Ça l'aurait bien aidé, mais, après coup, il pense que ce n'est pas plus mal. La petite aurait pu être découragée aussi et ça, Anicée ne le souhaite pas, tout monotâche qu'il fut. Juliette, Juliette, enquête Anicée !

« Di... » La demoiselle et les toilettes – Pissenlits au vent!- Anicée rigole en répondant « C'est bon, je suis pas un gros frustré qui enferme tout le monde depuis, promis. » Il aurait rit à la remarque des toilettes bouchées s'il ne s'était pas déjà prit un vent avec la rouquine, lors de la première rencontre. Mais Ah ! Au moins, il se dit que la brune, elle, aurait rit. Ce n'est pas son humour qui est dépassé ! D'ailleurs...

« AH, D... ! » Oui, enfin, elle est partie aux toilettes, comme convenu, la demoiselle. Anicée reste là, le doigts tendu où se trouvait jadis la brunette à digérer le vent qu'il vient de se prendre et se claque le front avec, fait glisser lentement la main sur son visage, cherchant quoi faire pour se réveiller. « Café. »  Il se lève, titube jusqu'à sa cuisine et prépare. Il se demande comment il sera ce soir ; à continuer ainsi, il aura plus de caféïne dans le sang que de globule rouge. Changera-t-il de teinte de peaux alors... ? Caféééé, arrête ces pensées !

Un café plus tard et un petit tic dans la paupière inférieur droite, Anicée est assit sur le canapé à regarder fixement l'écran. Il se demande pourquoi elle a été si longue. Il se dit que c'est une fille, lui un gars, qu'il peut pas comprendre. Il la voit revenir et répond, sourire joyeux sur le visage.

« Toujours 17, j't'ai attendu quand même ! »

Au souhait que le prochain tours soit plus mouvementé. Il voulait lui poser une questions... mais laquelle ? Ça lui reviendra.

Spoiler:

Pour le prochain tour:

Yoshi patientait sur la case 17. Il avait raté de peu le bonus une case plus loin, mais pour Coraline c'était un avantage. Celle-ci s'assit et reprit sa manette, prête à jouer. Sa petite coupure au doigt causée par son ongle continuait à saigner un petit peu, mais elle prit bien soin de prendre la manette de son autre main pour ne pas la salir. 

Elle joua, et Toad se retrouva en case 21. Cinq et trois, cela faisait huit, et être sur cette case, c'était reculer de deux autres. Argh, c'était la première case spéciale qui était prise de la partie et c'était un malus ! Coraline fit une moue agacée en voyant Toad se diriger vers la case 19. Elle devrait attendre un tour, en plus ! C'était bien sa veine, et elle n'hésita pas à exprimer son mécontentement à haute voix.

« Aaah... je suis obligée d'attendre un tour, c'est énervant ! On finira jamais le jeu à cette vitesse-là ! On dirait ma grand-mère qui fait ses courses. » Bon, elle exagérait un petit peu, Coraline. Sa grand-mère était en pleine forme, et elle s'amusait parfois à faire des courses de caddie dans le supermarché. « En fait, non. On dirait plus Juliette dans un magasin de vêtements. »

Sa soeur était très coquette, un truc que Coraline ne comprenait pas. Bon, elle-même allait quelques fois dans des boutiques, avec une amie. Mais Juliette était si... féminine, bien habillée, maquillée, coiffée, chaque jour elle semblait passer plein de temps à prendre soin d'elle. Et puis, quelle galère les boutiques de vêtements ! Même pas amusant. Sauf quand Coraline essaye des trucs trop moches pour le fun, ou essaye de s'habiller en "adulte". 

« Avec votre petite sœur, vous devez avoir de l'expérience en matière de filles plus jeunes ! Alors ne vous inquiétez pas, faites comme si Juliette était votre sœur. »

Si Anicée avait eu une enfance agréable avec sa fratrie, alors il devrait ne pas avoir de soucis concernant Juliette. Enfin, c'est ce que pensait Coraline. Et puis, on est tous un peu frère et sœur de tout le monde, non ? Alors ça décoincera peut-être le pauvre Anicée qui serait sûrement mal à l'aise avec une jeune femme telle que la rouquine. Enfin, c'est ce qu'espérait Coraline. D'ailleurs, elle venait de s'apercevoir qu'elle avait recommencé à vouvoyer son ainé. Elle ne savait plus où elle en était, dans tout ça.

Puis la brunette posa son regard sur la tasse de café que semblait avoir bu Anicée. Le café, ça rendait les gens excités, ou tout du moins, Coraline. Alors elle restait méfiante envers le café. Elle fronça les sourcils, puis rergarda le grand blond.

« Tu sais qu'il existe une dose mortelle de caféine ? Si tu en prends trop, tu voudras jeter des grand-mères devant les trains. Et puis, tu n'es pas si fatigué que ça, non ? La meilleure méthode c'est de verser un seau d'eau glacée sur le visage. Essaye ! Tiens, comme je dois passer mon tour, je vais te préparer une bassine d'eau glacée. Où je peux trouver un seau ? Et des glaçons ?

Les fabuleux conseils de Coraline, qui était si sûre des vertus de l'eau froide sur la fatigue. En même temps, il n'avait pas l'air bien réveillé, son copain. 

Spoiler:

Pour le tour pas prochain mais après : 

Nombre aléatoire (1,6) :

3

et

Nombre aléatoire (1,6) :

6

Dose mortel de caféine ? Pourquoi pas. Jeter des grand-mères ? Heu, non ? Envie de dormir ? Ouiiiii ! Seau d'eau sur la tête ? Nooooon !

Anicée sourit à la jeune fille en fronçant les sourcils.

« T'en sait des choses. Mais j'ai pas encore envie de jeter des grand-mère sous un train, si ça peut te rassurer. Pas plus que je me sens moribond. Donc, gardons le seau d'eau pour si j'ai un autre coup de barre, tu veux bien ? »

Car pour le moment, il ne lui semble pas retomber dans un état léthargique. À bien y regarder, il lui semble plutôt que la caféine a été voir sa somnolence, lui a foutu un bon coup de pied dans les c... l'a mit KO et maintenant, s'active à parcourir tout son corps tel un athlète hyperactif.

« J'suis fatigué car j'ai des horaires bizarres. Et j'ai eut du mal à m'endormir, cette nuit, aussi. Mais ça va mieux pour l'instant. »

Tout en causant, le blond joue. Les dés font un 4 et 6, 10. De la case 17, Yoshi passe à la case 27. Le regard d'Anicée brille un instant mais il se retient de tout commentaire tandis que joyeusement, le petit bonhomme vert avance jusqu'en 37... et recule finalement de deux cases. 35, donc.

« Ça, c’est plus moi quand je fais les magasins. Je rentre, fais le tour en 3 minutes, tente d'aller dans une cabine d'essayage et je fuis en courant ! »

Il sourit, Anicée, d'un sourire idiot qui veut encourager la petite à ne pas mal prendre l'avance qu'il vient d'avoir. Et avec elle qui doit sauter son tour, lui va avancer encore plus, réalise-t-il. Soudain, le blond se dit qu'il préférait peut-être ne pas avoir de chance. Tomber sur le 58 ou quelque chose du genre. La petite qui rentre chez elle avec le sourire, oui, ça lui plairait d'avantage.
Madame Caféïne, elle, continue de faire le tour du propriétaire. Elle trouve alors, rangé dans un bout de cerveau, une question qui brûlait d'être posée mais qui depuis, hélas, avait été reléguée aux oubliettes. Elle lui donne un coup de pied aussi, la ramenant à l'ordre du jour.

« Alors, dis moi... Elle est comment Juliette ? T'as d'autres conseils pour moi ? Des trucs à faire, pas faire ? »

Madame Caféïne, quelle efficacité !

Spoiler:

Tour que Coraline a du sauter:

Pour le prochain tour:

Coraline haussa les sourcils en entendant Anicée refuser son seau d'eau. Elle comprenait qu'il n'allait pas jeter des grand-mères -encore que, il faudra qu'elle surveille la voisine du dessous- mais son état léthargique indiquait qu'il n'était pas frais. Enfin, après avoir eu sa dose de café, il semblait plus en forme. Heureusement, car Coraline, elle, avait de l'énergie à revendre. 

Mais quand elle l'entendit parler de ses horaires de travail, elle fut intéressée. Les barmans étaient donc des... heu... gens de la nuit ? Il fallait bien qu'elle pose une question. Mais l'avancée de Yoshi sur le plateau virtuel capta son attention. Hop, la case 27. En plus il avait fait 10. Le fourbe ! 

Mais il fallait bien avouer qu'il avait de la chance. Et Coraline ne manqua pas de déceler cette lueur dans son regard, signifiant qu'il devait sûrement être tout content. Elle rit aux éclats à sa remarque sur son passage dans les magasins. C'était un peu comme elle, quand elle était forcée d'aller s'acheter un vêtement toute seule. La fillette se calma, sinon Anicée allait la prendre pour une folle. Si ce n'était pas déjà fait. 

La main sur sa bouche, elle écouta la question d'Anicée. Des conseils sur sa sœur ? Il y en avait bien quelques uns, oui. La jeune fille songea quelques minutes, tandis que son compagnon jouait à nouveau son tour. Elle se rappela que quelques jours auparavant, en débarrassant la table elle avait tenu ses couverts par le bout des doigts, pour ne pas trop se salir. 

« Hmm... elle est très... elle fait très attention à elle, à sa tenue... elle aime être féminine, surtout. Jean, enfin mon frère, dit que c'est une cruche, mais moi je ne le crois pas. Elle est très intelligente. Et surtout très bonne en commerce. Par contre, Jean lui reproche de prendre tout au premier degré. C'est vrai qu'elle ne comprend aucune blague... je te déconseille d'en faire. Ou alors, elle pourrait même te demander de t'expliquer ta blague. Et enfin... C'est une fille délicate, par exemple elle n'aime pas prendre ses couverts sales à pleine main. Mais elle sait se défendre ! Avec mon frère on s'amusait à se battre et à apprendre le self-défense quand on était plus jeunes. J'aime beaucoup Juliette, je la trouve toujours si... jolie, et tout. »

Puis elle remarqua que c'était enfin à son tour de jouer. Elle arrêta vite les dés, et eut un score honorable de 9. Enfin une véritable avancée ! Coraline regarda sur quelle case déjà Toad était. Ses yeux s'ouvrirent en grand quand elle aperçut le chiffre 19. À peine là ? Bon, au moins elle avançait. 28. À une case près elle aurait pu avancer encore plus !

Elle soupira, décidant que madame Chance n'était pas avec elle ce jour-ci. La brunette se frotta les genoux, avant de laisser une trainée rouge. Ah oui, elle avait oublié qu'elle avait laissé un petit mot pour Juliette avec son sang. Il fallait peut-être qu'elle prévienne Anicée, pour ne pas qu'il soit trop surpris s'il passait par la salle de bain. Mais tout le but du mot surprise tomberait à l'eau... Décidant quand même que c'était son appartement pour le moment, Coraline inspira un coup puis débita -à une vitesse toute fois raisonnable, pour que son ami puisse comprendre.

« Je suis désolée, mais je n'ai pas pu m'empêcher d'écrire un petit mot à Juliette que j'ai laissé dans la salle de bain après être passée aux toilettes. J'ai fait avec ce que j'avais sur le moment, c'est-à-dire un papier de bonbon et je me suis coupée pour écrire avec mon sang mais ne vous inquiétez pas c'est juste tombé par terre, uniquement quelques gouttes je suis désolée j'aurais dû vous demander du papier ça aurait été plus simple mais j'ai pas beaucoup réfléchi sur le moment. »

Les yeux se baissent, elle attend une réprimande, comme tous les adultes font. Par exemple, sa tante, si elle avait découvert du sang, même une goutte, n'aurait pas hésité à la gronder. Elle tortilla son doigt dans les plis de sa jupe. Bon, il allait peut-être être indulgent car elle lui avait fourni des informations utiles sur Juliette. Elle avait presque oublié qu'elle s'était fait la réflexion qu'Anicée n'était pas un adulte comme les autres. 


Prochain tour : 

Nombre aléatoire (1,6) :

3

et

Nombre aléatoire (1,6) :

3

Madame chance est plutôt avec lui, c'est vrai. Mais si Madame chance pouvait détourner son regard un instant, Anicée n'en serait pas contre. Aller, il ne doit pas culpabiliser non plus, les dés, la chances, ce n'est pas de son fait non plus. Sil gagne, il se dit qu'il promettra à Coraline qu'elle pourra reprendre sa revanche un autre jour et voilà ! Il joue tranquillement ce tour où la petite ne doit rien faire. 5. Yoshi avance jusqu'en 40.  Oh, case piège ! Il retourne en 36. Oui, bien, madame Chance !

En même temps, le blond réfute la thèse comme quoi un homme ne peut pas faire deux chose en même temps : car il note Anicée, les remarques sur Juliette, les recommandations... il pouffe un peu quand il entend la remarque sur l'humour, hochant la tête exagérément en « oui, j'ai remarqué ». Mais Ok. Coquette, jolie, un peu précieuse... rien qu'Anicée ne pourrait pas supporter. Intelligente. Intelligente ? Lors de sa rencontre, ce n'est pas le point qui avait le plus brillé pour la jeune femme, se dit-il, critique. Il se demande ce qu'il en est. Il espère que la rousse ne se fichait pas de lui en se faisant passer pour sotte. Ça, ça énerverait le blond.

Mais après, il n'en dit rien, hoche juste la tête, lâchant un « Ok, c'est noté » à son Toad.

Elle joue, il joue, il fait 10 cette fois et se dirige sur la case 46. Rectification, 44. Il aimerait bien noter que c'est lui qui manque de chance maintenant, mais se retient, l'avance qu'il a rendrait la remarque insultante. Puis la vérité éclate. Sang, mots sur des papiers de Bonbons... Anicée éclate de rire.

« T'as bien fait de m'en parler, j'aurais flippé ! » Il rit encore un peu, secoue la tête. « Et oui, la prochaine fois, parle m'en, même dans ma grotte d'ours, j'ai du crayons et du papier. » Sur ces belles paroles, Anicée se lève, attrape quelque papier d'essuie-tout et se dirige dans la salle de bain. Il ne touche pas au mot, enlève juste les gouttes ailleurs, pensant qu'il n'a pas franchement envie d'avoir une salle de bain qui ressemble -même de loin- à un décors de film d'horreur. Il saisit un petit pansements, attrape le mots du bout des ongles et avec un côté précieux que la rouquine qui débarrasse la table, amène le mot dans la futur chambre vide de Juliette et revient au côté de Coraline.

« Donne ton doigts. » Il défait l'emballage « J'ai mit le mot dans la chambre -sans le lire, je te rassure- dans mes autres lubies stupides, la vue du sang ne me mets jamais vraiment à l'aise. La prochaine fois que tu viens, promis, je t'offre un crayon ! »

Il sourit tendant le petit pansement. « Oh, et, mon désinfectant est périmé et la coupure franchement petite alors, on va s'en passer... mais pense à dire que j'ai été un adulte responsable et que j'ai désinfecté le doigts, qu'on me traite pas de bourreau d'enfant, ok ? »

Pour le prochain tour:

Coraline fut soulagée d'entendre qu'Anicée n'avait pas l'air très fâché. Evidemment, ça l'aurait fait flipper. Même Coraline, si elle trouvait un message ensanglanté, elle aurait les chocottes. Mais quand elle y pensa... Juliette aussi aurait eu peur, peut-être. Mmh oui, demander un crayon aurait été la pensée la plus rationnelle qui soit. 

C'était à son tour de jouer, mais elle ne regarda pas l'écran et préféra se focaliser sur son ami qui allait nettoyer la salle de bain. La brunette attendit patiemment qu'il ait fini de faire ce qu'il avait à faire. Il revint, un pansement à la main, qu'il lui tendit. Coraline s'empara avec joie du pansement -elle adorait en mettre- puis l'enroula autour de son doigt coupé. 

Le désinfectant, d'après Anicée, était périmé. Coraline ne savait même pas que les désinfectants pouvaient être périmés. Ce n'était pas de la nourriture, elle voyait mal des moisissures apparaitre dans ce genre de chose. Mais de toute façon, quand on désinfectait ça faisait mal, et puis elle était assez grande pour s'en occuper toute seule chez elle. Ce n'était pas sa santé et ses os fragiles qui allaient essayer de l'achever avec une coupure au doigt ! 

« Vous n'avez pas besoin d'être un adulte responsable, je suis assez grande pour prendre toute responsabilité sur moi ! Je n'ai pas envie que tu te sentes mal à chaque fois que tu fais quelque chose, j'ai l'impression, moi, d'être un bourreau d'adultes... D'ailleurs, n'hésite pas à dire ce que tu penses de la partie, ce n'est pas parce que tu as de la chance que tu dois culpabiliser. Je vais pas t'égorger dans ton sommeil si tu le fais, hein ! En tout cas, moi, je ne vais pas me retenir. »

Aussitôt dit, aussitôt fait, elle joua. Les dés s'arrêtèrent sur 3 et 3, ce qui mena son cher Toad vers la case 34. Et, miracle, Coraline devait rejouer deux fois encore. Un sourire satisfait en regardant Anicée du genre "tu vois, moi aussi j'ai de la chance", elle rejoua une première fois, pour tomber sur 3 en tout. Bon, sur la case où elle était, elle devait reculer, mais il restait encore une deuxième chance. Et pof, 9, ce qui fit avancer Toad de la case 35 à la case 44, allant se placer juste à côté de son ami Yoshi. 

« Hé hé, j'ai rattrapé mon tour ! »

Elle fit une petite danse de la victoire, car maintenant ils étaient à égalité. La jeune fille espérait qu'Anicée serait plus à l'aise et ne cachera plus sa joie. Sinon, elle pourrait toujours lui faire une petite blague en débarquant chez lui avec un couteau pour égorger les cochons. Histoire de lui faire peur. Mais c'était méchant. Alors elle l'imagina juste et pouffa doucement. 

« On dirait qu'on commence à faire les courses plus rapidement qu'au début, là. Je crois que ma grand-mère vient de faire un super virage qui lui a donné de l'avance. » En espérant que sa Mamie ne se prenne pas un poteau ou une fontaine, au passage. « En vrai, j'aime faire mes courses blottie dans le caddie. Mais j'ai passé l'âge de faire ça... Enfin tu vois, bientôt le caddie va craquer sous mon poids. » puis, en rigolant, « Vérifie bien ton canapé, après, si jamais j'ai fais un cratère dedans... »

Coraline n'était vraiment pas lourde, mais pour un caddie, il semblerait que si, vu qu'une fois elle était passée à travers. Il avait un défaut, bien sûr, vu que toutes les courses avaient profité pour se faire la malle aussi. Quel bon souvenir... elle ne manqua pas de le partager avec Anicée, tout en se rappelant de ce moment. 

Heureusement qu'il ne connaissait pas son vrai âge, que dirait-il d'une fille qui passe, à 24 ans, ses journées à essayer de battre sa grand-mère dans la course de caddie ? Bon, peut-être pas tout les jours, mais quand elle sortait avec sa mamie. Et elles se faisaient toujours chopper par le vigile aussi. 

« Une fois le vigile nous a stoppées, mais nous sommes parties de ce supermarché en caddie, à fond la caisse. Heureusement, nous n'avions rien dedans, car sinon on nous aurait vraiment arrêtées. Je crois bien que tu es le seul à le savoir, je n'ai jamais osé le dire ni à mes parents ni à mon frère et à ma soeur. Tu ne le lui répèteras pas, hein ? »

Sinon, elle était morte. De honte, ou de rire ? Pour l'instant, c'était la deuxième option. Toutes ses pensées l'avaient mise de bonne humeur. 


Prochain tour : 

Nombre aléatoire (1,6) :

6

et

Nombre aléatoire (1,6) :

2

Spoiler:

Anicée note, Anicée hoche la tête car estime qu'une réponse entraînerait juste un débat sans fin dans lequel il n'a pas envie de s'engager, Anicée sourit.

Il note bien qu'elle l'attend pour jouer et se dit que dorénavant., il faudra qu'il écourte un peu plus ses absences, ce n'est pas polis de faire attendre ses invitées, aussi jeunes et polies soient-elles.

Il hoche la tête en réponse à la tirade de l'adulte responsable. C'est facile de dire ça, pour elle. Elle à quoi ? ... en fait, c'est une très bonne questions. Anicée se rend compte de son incapacité chronique à donner un âge aux gens. Il lui donnerait... ouais. Entre 10 et 20 ans. Ça fait une bonne marge, mais sur une espérances de vie de 75 ans, il se montre tolérant envers lui même : ce n'est pas tant que ça.
C'est une gamine, en gros. Les gamins, ça se sent toujours plus grand quand c'est jeune, puis après, ça se rend compte de ces adultes qui leurs ont volés leurs passé. Sur le coup, alors, ils disent rien car ils se sentent mature, puis après, ils chouinent.
Les adultes autour des gamins, en plus, sont beaucoup moins à rejeter la faute sur les dits enfants en cas de conneries que sur les adultes qui passaient par là. Un môme joue avec un truc dangereux ? C'est l'adulte qui aurait du le ranger ailleurs, voyons. Le blond se demandait pourquoi il avait une gamine chez lui, soudain. Est-ce que les parents avaient vraiment cautionné ça ? Peut-être, peut-être pas ? Il n'en savait rien et sentait déjà comme douloureux l'idée d'argumenter sur ce point là. Alors, Anicée, tout pétri de ses idées reçues, il ne dit rien, préférant laisser la gamine croire ce qu'elle voulait.

Quand à la victoire, Anicée se fichait bien de l'avoir. Bien sûr que ça lui faisait plaisir de voir un bon dés. C'est toujours ça quand on est joueur, non ? Mais lui, il n'avait pas eut du tout envie de faire une danse de la victoire quand il avait enchaîné les coups de chances. Coups de chances qui s'estompaient bien vite puisqu'en deux secondes à peine, la môme le rattrapait. Oh, bien.

« GG, dit-il avec un automatisme bien huilé. On dirait que la partie va être plus intéressante que prévue ! »

Il lui sourit, taquin puis lance ses dés à son tour, regardant le 2 et 5 s'afficher, faire 7 qui additionnent au 44 et l'emmène en 51, et sur cette case... rien.

« Pas de nouvelles, bonne nouvelle ! » commente-t-il en se forçant un peu. Lui, il parle peu, au final, car n'a pas l'impression d'avoir grand chose à dire. Il n'a pas d'aventures grandioses au super-marché, pas d'anecdotes rigolotes à raconter. Il passe une partie de sa vie dans un appartement à jouer aux jeux, l'autre à servir des gens pour qu'ils se bourrent la gueule. Ennuyeux ? Non. Tranquille. Tranquillement ennuyeux ?

« Je ne dirais rien, croix d'bois, croix d'fer, si j'ments, j'vais en enfer. » Anicée mime les gestes avec un air solennel. Le crachat aussi reste en geste. « Je cracherai pas, j'essaye de faire le ménage chez moi et je suis pas un lamas. Mais note bien que le cœur y est. » Il jette un coup d'oeil à la brune et répond « Et si tu casses mon canapé, Godzilla, je demanderai à ta sœur de le rembourser. Tu vois, y'a toujours moyen de s'arranger ! »

Sourire de l'innocence. Tiens. C'est bien ton invitée de marque que tu viens de nommer Godzilla ?

Pour le prochain tour:

Spoiler:

Coraline essaya de calmer son rire pour pouvoir entendre ce que disait Anicée. Mais elle repartit de plus belle lorsqu'il l'appela Godzilla. C'était bien la première fois qu'elle était nommée ainsi, et malgré le comparatif peu glamour, c'était quand même bien drôle à ses yeux. 

« Ma pauvre sœur devra alors réparer beaucoup de choses si je reviens souvent ici ! » puis elle fit une pause, et reprit, sentant sa gorge sèche « Mmh... Godzilla a un peu soif. Tu as encore ton super cocktail ? Que j'ai du tonus pour défoncer les sièges de la voiture de mon père ! »

Mais cette pensée la calma. Zut, c'est vrai qu'elle ne resterait pas éternellement ici, et que son père devrait arriver d'ici la fin de la partie. C'était drôlement attristant, mais tous les bons moments ont une fin ! 

Elle se tourna vers le jeu et lança les dés. Huit, donc case 52... Recule de neuf cases. Coraline sourit et commenta : 

« Cette partie va être intéressante, en effet... »

On peut dire que Toad stagnait, car il se retrouva une case en arrière de celle où il était au début du tour. La bataille allait être rude, quoique comme Anicée était parti, il était mieux placé pour gagner, et seuls trois tours suffiraient pour terminer la partie, selon les prédictions de Coraline. 

Mais toutes ses pensées la ramenaient au fait qu'elle devrait bientôt partir. Et aussi, un fait amusant, que son père allait peut-être découvrir que Coraline n'était pas chez une amie pendant tout ce temps, mais chez un monsieur de 36 ans. Quelle tête il ferait, son papa ! 

« Au fait monsieur, c'est mon papa qui va revenir me chercher, enfin je te l'ai peut-être dit. Mais ce que je n'ai pas dit, c'est que j'avais prétexté, pour te rencontrer, d'aller voir une amie. Donc heu... si on entend sonner, et que tu vois mon père, tu dis que tu es le papa de mon amie, hein ? »

Cela évitera tout conflit familial au dîner. Mais en même temps, la brunette était partagée entre l'envie de ne pas créer d'embrouilles à Anicée, et entre l'envie de raconter à ses parents qu'elle s'était fait un ami adulte, un ami que les gens de son âge pourraient avoir. Après, le hic, c'était que ce n'était pas réciproque. Sans aucun doute le grand blond croyait compter parmi ses amis un marmot de 12 ans. Bon, il fallait bien se jeter à l'eau un jour ou l'autre. 

En temps normal, Coraline détestait avouer son âge, mais là c'était le colocataire de sa soeur, il allait forcement l'apprendre un jour ou l'autre. Coraline prit une grande respiration, puis commença à parler : 

« Dis... tu... heu... tu sais... enfin... tu dirais que je fais quel âge ? » 

Oups, ce n'était pas la chose qu'elle voulait dire. Mais bon. Coraline pensa que certaines choses pouvaient être dites un peu plus tard. 


Prochain tour : 

Nombre aléatoire (1,6) :

1

et

Nombre aléatoire (1,6) :

4